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XLVII. Reglement pour

pre,

Rain. 1254. n. 7,

#o. xi.cone. p. 611.

qu'il plût au pape de révoquer tout ce que le légat Pelage évêque d'Albane avoit ordonné contr'eux en punition de leur défobéissance.

pas

Sur ces demandes des Grecs le pape ne se croïant fuffisamment informé des circonftances du fait pour donner une réponse décisive, renvoïa l'affaire au légat Eude évêque de Tufculum, qui étant fur les lieux pouvoit en prendre une connoiffance plus exacte; & lui donna plein-pouvoir de regler le tout par le confeil des prélats & des autres perfonnes fages, felon qu'il jugeroit plus expédient pour le falut des ames, la paix de l'églife & l'accroiffement de l'obédience catholique. La lettre eft du vingtiéme de Juillet 1250.

Quatre ans après, c'eft-à-dire, le cinquième de les Grecs de Chi- Mars 1254. le pape envoïa au même légat un grand reglement pour terminer le differend émû entre l'archevêque de Nicofie & ses fuffragans Latins d'une part, & les évêques Grecs de l'ile de Chipre soumis à l'église Romaine d'autre part. Le légat avoit envoïé au pape les prétentions des Latins & les réponses des Grecs, lui demandant la décision : à quoi le pape fatisfit par ce reglement, qui regarde principalement le rit Grec dans l'adminiftration des facremens, & contient vingt-fix articles, dont voici la fubftance.

art, I.

Les Grecs fuivront l'ufage de l'église Romaine dans les onctions qui fe font au baptême ; & on tolerera leur coutume d'oindre les catécumenes par tout le corps, fi on ne la peut ôter fans scandale, 3. Il est indifferent qu'ils baptisent en eau froide ou en eau chaude. Les évêques feuls marqueront les

AN. 1254.

V. Eucholog.

baptifez fur le front avec le faint chrême, c'est-àdire, donneront la confirmation. C'est que chez les Grecs ce facrement s'adminiftre avec le baptême; Goar. p. 367. & le plus fouvent par un prêtre. Chaque évêque s. peut faire le faint chrême dans fon église le jeudifaint avec le baume & l'huile d'olive: mais fi les Conc. p. 628. Grecs veulent garder leur ancien usage, que le patriarche faffe le chrême avec les archevêques, ou l'archevêque avec fes fuffragans, on le peut tolerer. Les confeffeurs ne fe contenteront point en admi- 6. 7. niftrant la pénitence, d'enjoindre une onction pour y. Goar. p. 430i toute fatisfaction; mais on donnera l'extrême-on- Arcud. ction aux malades.

8.

Quant à l'eucharistie, les Grecs peuvent suivre leur coutume d'y mêler de l'eau froide ou chaude, pourvû qu'ils croïent que la confécration se fait également avec l'une ou avec l'autre. C'eft qu'ils Goar.p. 148. mettent de l'eau boüillante dans le calice pour fignifier la vertu du S. Efprit. Mais, ajoute le pape, ils ne 9. doivent pas garder toute l'année l'euchariftie confacrée le jeudi-faint pour la donner aux malades. Ils ne garderont pas plus de quinze jours celle qui fera refervée pour cet ufage: de peur que les efpeces étant altérées, elle ne foit plus difficile à prendre, quoique la verité & l'efficacité du facrement ne cesse par aucune longueur de temps. Ils suivront 10.11. leur ufage dans la maniere & l'heure de celebrer la messe, pourvû qu'ils ne la difent pas après none ou avant que d'avoir dit matines. J'entends la priere du matin que nous appellons laudes, & les Grecs Orthron. Le calice fera d'or, d'argent, ou au moins 13. 14: d'étain, l'autel propre avec un corporal blanc ; &

AN. 1254.

15.

18.

les femmes ne ferviront point à l'autel.

que

Les Grecs peuvent garder leur coutume de ne 16. 17. point jeûner les famedis de carême. Les prêtres mariez peuvent adminiftrer le facrement de pénitence: mais les évêques peuvent en donner le pouvoir à d'autres qu'aux curez. C'eft que les Grecs fe confeffent plus volontiers aux moines qu'aux prêtres mariez. On ne doit point douter la fimple fornication ne foit un péché mortel. Nous ordonnons expreffément qu'à l'avenir les évêques Grecs conferent les fept ordres, fuivant l'ufage de l'église Romaine : mais on ne laiffera pas de tolerer ceux qui font ordonnez autrement, à cause de leur grande multitude. J'ai déja marqué que les Grecs ne Mon. Ordín, connoiffoient point les trois ordres mineurs de portier, d'exorcifte & d'acolite.

Sup. liv. LXXVI.

72.25.

exerc. XIV. c. I.

20.

Les Grecs ne blâmeront point les fecondes ou les troifiémes nôces permifes par l'Apôtre : mais ils ne 22. contracteront point de mariage au huitiéme dégré de parenté felon eux, qui eft le quatriéme felon nous. Nous permettons toutefois par difpense à ceux qui ont contracté dans ce degré, de demeurer ensemble. 23. Puifque les Grecs croïent que les ames de ceux qui meurent fans avoir accompli la pénitence qu'ils ont reçuë, ou chargez de péchez veniels, font purgez après la mort & peuvent être aidez par les fuffrages de l'églife, nous voulons qu'ils nomment purgatoire, comme nous, le lieu de cette purgation; quoiqu'ils difent que leurs docteurs ne lui ont point donné de nom. Le pape ordonne à l'évêque de Tufculum de faire expliquer aux évêques Grecs ce reglement & leur enjoindre de l'observer exactement.

Comme

Comme auffi d'ordonner à l'archevêque de Nicofie & à fes fuffragans Latins de ne point inquieter les Grecs au préjudice de ce reglement.

Après que S. Louis fut embarqué pour

fon retour

A N. 1254.

XLVIII. Retour de faint

il demeura deux mois & demi fur la mer, pendant Louis en France. lefquels il donna de nouvelles marques de la pieté & de fa charité pour le prochain. Il ordonna que dans Gaufr. c. 23. le vaiffeau il y eût fermon trois fois la femaine, & quand la mer étoit calme, il vouloit qu'il y eût une inftruction particuliere pour les matelots touchant les articles de foi & les pechez: confiderant que ces fortes de gens entendent fort rarement la parole de Dieu. Il voulut de plus qu'ils fe confeffaffent tous à des prêtres choifis exprès : il leur fit fur ce fujet une exhortation de fa bouche, leur reprefentant comme ils fe trouvoient fouvent en péril de mort; & leur dit entr'autres choses: Si pendant qu'un de vous fe confefle le vaiffeau a besoin de fon fervice, je veux bien moi-même y mettre la main, foit pour tirer un cable, foit pour quelqu'autre manœuvre. Cette exhortation ne fut pas fans fruit, & plufieurs matelots fe confefferent qui ne l'avoient point fait depuis plufieurs années. Le faint roi avoit c. 29. encore grand foin des malades, principalement de leur faire recevoir les facremens. La troifiéme nuit .30 après qu'il fut parti d'Acre fon vaiffeau donna sur un banc de fable près l'ifle de Chipre; enforte que tous fe crurent en grand péril. Le roi fe profterna en priere devant l'autel où étoit le S. facrement, & le jour venu il fit vifiter le vaiffeau, & on trouva que Joinv. p. 111. le choc avoit emporté environ trois toifes de la quille, qui en eft la piece fondamentale. Le roi de

Tome XVII.

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manda aux mariniers ce qu'il y avoit à faire. Ils diAN. 1254 rent qu'il falloit paffer dans un autre vaiffeau, & qu'il étoit à craindre que ce bâtiment ainsi ébranlé ne pût foûtenir la haute mer. Le roi affembla fon confeil, qui fut d'avis de fuivre le sentiment des mariniers mais le roi les appella encore, & leur dit : Sur la foi que vous me devez, fi le vaiffeau étoit à vous & plein de marchandises, en defcendriez-vous? p. 113. Non répondirent-ils tout d'une voix, nous aimerions mieux hazarder notre vie, que de perdre un tel navire qui nous coûteroit quarante ou cinquante mille livres. Alors le roi dit: Il y a dans ce vaiffeau cinq ou fix cens perfonnes qui en defcendront fi j'en defcends, & demeureront dans l'ifle de Chipre, sans esperance de retourner en leur païs : j'aime mieux mettre en la main de Dieu ma vie, celle de la reine & de nos trois enfans, que de caufer un tel dommage à un fi grand peuple. L'évenement fit voir la fageffe de ce confeil. Olivier de Termes le plus puiffant feigneur qui fut fur ce vaiffeau, fut plus d'un an & demi avant que pouvoir rejoindre le roi.

Joinu. p. 116.

p. 117.

Enfin Louis arriva fain & fauf en Provence avec toute fa flotte;& defcendit au port d'Hieres le famedi onzième de Juillet 12.54. Il y entendit parler d'un Cordelier nommé frere Hugues qui prêchoit dans le païs avec tant de réputation, qu'une grande quantité de peuple, d'hommes & femmes le fuivoient à pied. Le roi le fit prêcher devant lui: & fon premier fermon fut contre les religieux qu'il voïoit en grand nombre à la fuite du roi. Il difoit qu'ils n'étoient pas en voïe de falut, parce qu'un religieux

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