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Vghell. to. ult. P. 7.65.

avoit envoïé des ambaffadeurs en cour de Rome,

AN. 1254. qui propoferent publiquement fes défenses. Ensuite le pape lui donna un délai jufques à la mi-carême de cette année 1254. à la priere de Jean comte de Monfort & de Thomas comte de Savoye. Mais Conrad continuoit fes progrès dans la Poüille, Anonym, ap: quand la mort en arrêta le cours. Il mourut le vingt - uniéme de Mai, âgé d'environ vingt - fix ans: laiffant un fils nommé auffi Conrad ou Conradin âgé de deux ans, qui étoit demeuré en Allemagne avec la reine Elizabeth fa mere. Le pere en mourant lui donna pour bail ou tuteur, un seigneur Allemand qu'il avoit auprès de lui en Italie, nommé Bertold, marquis d'Honebruc'; & lui recommanda de mettre le jeune prince fous la protection du faint fiege. C'est pourquoi Bertold envoïa des ambaffadeurs au pape : qui promit de prendre la défenfe du pupille, mais à la charge que le faint fiege entreroit des - lors en poffeffion du roïaume de Sicile, pour le garder jufques à ce que l'enfant fût en âge. C'est ce qui paroît dans une lettre du pape, où il déclare qu'il veut conferver à Conradin le roiaume de Jerufalem, le duché de Suaube, & tous les droits qu'il peut avoir au roïaume de Sicile ou ailleurs. Et nous permettons, ajoûte-t-il, que tous les fujets de ce roïaume en nous prêtant ferment de fidelité y ajoûtent : fauf le droit du jeune Conrad.

p.766.

Ap. Rain. n. 47.

Id. n.52.

Cependant le pape vint à Anagni pour donner ordre de plus près aux affaires du roïaume; & à il fit publier folemnellement le jour de l'Affomption quinziéme d'Août une monition au marquis d'Ho

nebruc

nebruc à Mainfroi & aux autres de leur parti, de AN. 1254. laiffer à l'église Romaine la libre poffeffion du roïaume de Sicile & de fes dépendances, leur donnant pour tout délai jufqu'à la Nativité de la Vierge, huitième de Septembre: le tout fous peine d'excommunication & de privation de toutes dignitez & autres droits. Et le terme étant échû fans qu'ils eussent satisfait, le pape declara qu'ils avoient encouru toutes ces peines, & le fit fçavoir à Guillaume de Hollande roi des Romains, par fa lettre du douzième de Septembre.

En même temps le pape envoïa pour légat au roïaume de Sicile Guillaume de Fiefque fon neveu cardinal diacre du titre de faint Euftache, & encore jeune. Il lui donna une armée & des pouvoirs très-amples, fçavoir : d'emprunter au nom de l'églife Romaine autant qu'il jugeroit à propos de prendre tous les revenus des églifes vacantes du roïaume, cathedrales & autres ; & même de celles qui ne feroient pas vacantes, mais dont les prélats n'aideroient pas à fon gré l'affaire de l'églife Romaine. Il avoit auffi pouvoir d'imposer & d'exiger de nouvelles collectes & de faire battre de nouvelle monnoïc : de priver de leurs biens tous les fauteurs de Frideric & de fes enfans, & tous les autres qui étant admonestez ne reviendroient pas à l'obéissance de l'églife: de retirer tous les domaines de la couronne & revoquer toutes les infeodations & les autres conceffions: enfin de prendre tous les dépôts des rebelles. La commiflion eft du second jour de Septembre.

LII

Mainfroi étoit devenu tuteur de Conradin fon Mainfroi fe fou Tome XVII.

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met au pape.

p. 769.

pour

neveu,c'est-à-dire,regent du roïaume, par la ceffion AN. 1254. du marquis Berthold: mais voïant beaucoup de difpofition dans une grande partie de la Poüille & de la Sicile à fe foumettre au pape, il crut plus avantageux lui de le faire entrer dans le roïaume de bonne grace, que d'attendre qu'il y entrât par force. P. 770. Il fit donc fçavoir au pape qu'il étoit prêt à l'y recevoir; & le pape lui accorda une bulle dattée d'Anagni le vingt-feptiéme de Septembre, par laquelle 771. il le reçoit en fes bonnes graces & confirme les conceffions que l'empereur Frideric fon pere lui avoit Rain. n. 57. faites de la principauté de Tarente & des comtez de Gravine & de Tricarique. Il le fit même son vicaire ou lieutenant dans une grande partie du roïaume. Le pape y entra donc, & Mainfroi vint au-devant de lui jufqu'à Ceperano & tint la bride de fon cheval jusqu'au pont du Gariglian. Le pape s'arrêta à Capoue, où il étoit dès le vingtiéme d'Octobre & y fejourna quelque-temps: puis il paffa à Naples & étoit le troifiéme de Novembre.

n 63.64.

LIV. Derend entre

Jacobins.

y

Ce fut là qu'il donna une bulle fameuse pour rel'univerfite & les ftraindre les privileges des religieux mandians: mais il faut en expliquer l'occafion. Dès l'an 1252. les docteurs en theologie qui regentoient alors à Paris firent un statut portant qu'à l'avenir aucun religieux Dubɔu, p 245. n'aïant pas de college,ne feroit admis à leur focieté : & pour empêcher la multitude de docteurs défendue Jac. 111.1. par l'écriture, ils ordonnent que chaque college de religieux fe contentera d'un docteur regent & d'une feule école ; & avant que d'enseigner de son chef, il aura été éprouvé,ajoutent-ils, enfeignant comme bachelier fous un autre docteur. Tout bachelier li

centié fera exclu de la compagnie des docteurs s'il ne fe foûmet à cette ordonnance. Elle eft dattée du mois de Février 1251. c'eft-à-dire, 12 52. avant Pâque. On appelle ici colleges les maisons où les religieux vivoient en communauté, comme les Jacobins, les Cordeliers & depuis peu les Bernardins.

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L'année fuivante 1253. pendant le carême quatre écoliers & un ferviteur laïc furent attaquez de nuit par le guet : un des écoliers fut tué,les autres bleffez outrageufement mis en prison & dépoüillez : toutefois à la requifition de l'université ils furent relachez le lendemain demi morts. L'univerfité en aïant plufieurs fois demandé justice, cessa pendant un mois & plus fes leçons fans la pouvoir obtenir ; & s'obligea par ferment à en poursuivre la réparation :` excepté trois docteurs reguliers,deux Jacobins & un Cordelier, qui refuserent de prêter ce ferment. Cependant l'université voulant pourvoir à sa sûreté fit un ftatut, portant qu'à l'avenir aucun ne feroit reçû maître ou docteur en quelque faculté que ce fut,qu'il n'eût juré en pleine affemblée, ou du moins devant trois docteurs, d'obferver les ftatuts de l'univerfité. De plus que s'il arrivoit ceffation de leçons pour quelque cause semblable à celle qui les faifoit ceffer alors, quiconque oferoit commencer ou reprendre fes leçons, feroit exclu à jamais du corps de l'univerfité. Ce reglement fut fait au mois d'Avril. Enfin Alfonse comte de Poitiers regent en l'absence du roi fon frere fit faire juftice de ceux qui avoient maltraité les écoliers: deux furent traînez par les rues & pendus, les autres bannis.

L'affaire eft reprise de plus loin & expliquée plus

11. p. 250.

Id. p. 255.

au long dans une lettre que l'univerfité écrivit l'anAN. 1254. néesuivante à tous les prélats, & qui porte en substance: Les freres Prêcheurs étant venus à Paris en petit nombre, & vivant fous une apparence de pieté & d'utilité publique, font entrez avec nous dans l'étude de la theologie avec ferveur & modeftie : c'est pourquoi nous les avons reçu avec une charité finSup.liv.xxvIII: cere, & leur avons donné une maison qui nous ap→ partenoit, & où ils demeurent encore à prefent. Ainfi profitant de nos bienfaits ils fe font tellement multipliez, qu'ils ont maintenant plusieurs colleges par tout le monde. Ils avoient commencé par l'humilité, mais touchez de l'ambition d'être docteurs ; ils voulurent profiter de la difgrace qui arriva à l'école de Paris, & qui en fit transferer à Angers la plus grande partie. Ils parlent de la querelle qui Sup. liv. LXXIX. furvint entre les écoliers & les bourgeois en 1229. En cette rareté d'étudians qui étoient demeurez à Paris, & en l'abfence des docteurs, les freres Prêcheurs obtinrent de l'évêque & du chancelier une chaire de profeffeur. Ils la conferverent après que l'univerfité fut rétablie à Paris, & y en érigerent d'eux-mêmes unc feconde, par la facilité la facilité que nous eumes à le fouffrir, n'étant point encore refferrez par d'autres colleges des reguliers.

Dans la fuite du temps, nous avons confideré, qu'il fe trouve à Paris fix colleges de religieux, fçavoir de Clairvaux, de Premontré, du Val des écoliers, des Trinitaires, des freres Prêcheurs & des freres Mineurs : outre les autres reguliers qui viennent étudier à Paris fans y avoir de colleges; que quelques-uns font parvenus à la chaire doctorale,

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