personnes indignes, & qui ne fçavoient point l'Anglois, au gouvernement des églifes que vous m'a- AN. 1258. vez confiées: toutefois de peur que fa sentence,tout injufte qu'elle eft, ne devînt jufte par le mépris que j'en ferois, j'en demande humblement l'abfolution. Mais j'appelle le pape à votre jugement incorruptible, & je prends à témoins le ciel & la terre combien il m'a injuftement perfécuté. Dans cette amertume de cœur il écrivit au pape, comme avoit fait l'évêque de Lincoln Robert Groffe-tête, le priant de moderer fa conduite tirannique, & d'imiter l'humilité de fes faints prédéceffeurs. Seval mourut vers Matth. Paris 8346 l'Afcenfion, qui l'an 1258. fut le second jour de 8:38+0. Mai, après avoir tenu le fiege d'Yorc un an & neuf 48. mois, & le pape aïant reçû fa lettre, n'en conçût que du mépris & de l'indignation, comme de celle de l'évêque de Lincoln. Après la mort de Seval Les chanoines d'Yorc élurent pour archevêque le docteur Geofroi de Knington, leur doïen, qui alla à Rome, & y fut facré par le pape Alexandre le vingt-troifiéme Septembre de la même année 12 58. & tint ce fiege cinq ans. Goduin. Ebor. p. XLV. Le pape étoit cependant accablé de foins & d'affaires temporelles. Au mois de Mai 1257. il fut obli. Le pape à Viterbe gé de quitter Rome pour fe garantir de la violence du peuple. Le fujet de la fédition fut que le fenateur, qui étoit alors un citoïen de Breffe, opprimoit le peuple à la perfuafion des nobles, aufquels feuls il cherchoit de plaire, principalement à la famille Annibaldi. La populace donc par le confeil d'un boulanger Anglois s'étant affemblée, alla brifer la prifon où le fénateur précédent nommé Bran Tome XVII. Iiii caleon étoit enfermé. L'en aïant tiré ils l'établirent AN. 1258. fénateur, & lui prêterent ferment de fidelité suivant l'ancienne coutume. Brancaleon chaffa de Rome fes ennemis, & fit pendre deux Annibaldes parens. d'un cardinal. Le pape l'excommunia avec ses fauteurs; mais ils prétendoient avoir le privilege de ne pouvoir être excommuniez ; & fe moquant du pape, ils menaçoient de le pourfuivre avec les cardinaux jufques à leur ruine entiere. Le pape craignant quelque chofe de pis fe retira à Viterbe, & Ap. Rain. 1258. fe propofa d'aller jusques à Affife. On voit par les dattes de fes lettres qu'il étoit encore à Rome le douziéme de Mai 1257. qu'il étoit déja à Viterbe le vingt-neuf, & qu'il y demeura jufqu'au commencement de Septembre 1258. 3.6. Matth. Paris ibid. Brancaleon n'épargna ni les amis ni les parens du pape, au contraire il fit armer les Romains pour marcher contre Anagni, qui étoit regardée comme fa patrie, parce qu'il étoit né dans ce diocefe, Sup. n. 1. & avoit été chanoine de la cathédrale. Les habi3.824. tans envoïerent au pape de fes parens le prier d'a voir pitié d'eux; & il fut réduit à supplier Brancaleon de retirer fes troupes, ce qu'il obtint malgré l'animofité des Romains. Ils étoient foutenus par Mainfroi qui aimoit Brancaleon, & fut ravi de dron. p. 852. to. Voir le pape humilié. Ce prince pouffoit toujours fes conquêtes, & fe trouvant maître de l'ifle de Sicile, de la principauté de Tarente, de la Poüille, & de la Terre de Labour, il fe fit folemnellement couronner roi à Palerme, le dimanche onziéme d'Août 1258. 3x. Ughell. XLVI. Progrès d'Ecelin. En Lombardie, Ecclin avoit ramené à fon parti fon frere Alberic, lui faisant quitter celui du pa pe, qui après l'avoir excommunié comme Ecelin, AN. 1257. donna une bulle le troifiéme de Juillet 1258. par Ap. Rain. n. 2. laquelle il.affranchit tous les ferfs de l'un & de l'autre qui étoient en grand nombre, avec leurs enfans & leurs petits-enfans, qui feroient dans l'obéiffance de l'églife. Je n'ai point encore vû qu'on eut étendu jufques-là les fuites de l'excommunica tion. Rain. 1255. n. 10. Dès la premiere année de fon pontificat Alexandre avoit envoïé pour légat dans la Marche Tre- Mon. Pad. p. 598, vifane & les provinces voisines, Philippe élu archevêque de Ravenne; & fçachant qu'Ecelin n'étoit pas fenfible aux cenfures de l'églife, il avoit chargé ce légat de prêcher la croifade contre lui, par fa bulle du vingtiéme de Décembre 1255. Le légat affembla grand nombre de croifez, & on faifoit tous les jours des prieres pour attirer le fecours du ciel contre le tiran. Avec cette armée le légat p.599. attaqua Padouë, & la prit au mois de Janvier 1256. & deux ans après à la fin du mois d'Avril 1258. Breffe fe rendit à lui. Mais le vendredi du trentiéme d'Août de la même année, Ecelin aïant furpris l'armée du légat, qui ne le croïoit pas fi proche, p. 603. mit en fuite les Breffans qui en faifoient une bonne partie, & fit un grand nombre de prifonniers, entre lefquels fut le légat lui-même & l'évêque de Verone. XLVII. Guerre entre les Vénitiens & les Le pape Alexandre travailloit en même temps à mettre d'accord les Genois & les Pifans, qui fe faifoient la guerre pour des prétentions dans l'ifle Genois. de Sardaigne. Il leur donna pour arbitres le prieur de l'hôpital de saint Jean & celui des Templiers, AN. 1258. dont la commiffion eft du fixiéme de Juillet; & il Rain, 1253. n. 30. la donna à ces chevaliers, parce que les Pifans & les Genois se faifoient la guerre par tout païs, par terre & par mer, principalement en Levant, au préjudice de ce qui reftoit aux Francs dans la terre fainte. C'eft pourquoi le pape en même temps y envoïa Farchevêque de Meffine en qualité de légat, avec charge de reconcilier auffi les Genois avec les VeSanut. p.220. nitiens, qui avoient pris le parti des Pifans. Les VeRain. n. 59. nitiens s'étoient rendus maîtres du port d'Acre en 3:2.1. 38 2. 1257. & les Genois aïant armé des galeres à Tyr, combattirent les Vénitiens qui leur prirent trois. galeres, & les amenerent à Acre; mais en 1258. les Genois vinrent devant Acre avec quarante-neuf galeres & quatre vaiffeaux la veille de la saint Jean: Les Venitiens & les Pifans armerent quarante galeres, attaquerent les Genois, les défirent, leur prirent vingt-quatre galeres, tuerent ou prirent dixfept cens hommes. Cette victoire des Vénitiens rompit les mesures que le pape avoit prifes pour la paix ; & la guerre entre ces puiffantes villes hâta la perte de la terre fainte. Matth. Paris p.. Le pape Alexandre étoit encore occupé des divisions qui regnoient en Allemagne à l'occafion de la double élection pour l'empire. Alfonse roi de Caftille fe difpofoit à marcher vers l'Allema gne, lorfqu'il apprit que les Sarrafins d'Espagne vouloient profiter de fon abfence, pour reprendre Cordoue. Il demeura donc, & envoïa des ambaffadeurs au pape, pour le prier de ne point admet que lui à la couronne impériale, vû qu'il tre d'autre avoit étendu les bornes de la Chrétienté plus que tous les autres rois. Le pape répondit : Vous fçavez A N. 1258, que c'est une coutume établie de tout temps, que le roïaume d'Allemagne eft comme un gage de la dignité impériale. Que le roi votre maître faffe donc enforte d'être élu dans les formes, & couronné à Aix-la-Chapelle, & alors nous lui ferons favorable pour sa promotion à l'empire. Le pape cepen- Ap. Rain. 1253. dant reconnoiffoit Richard pour roi des Romains, & lui en donnoit le titre dans fes lettres, ce qui fit que plufieurs feigneurs d'Italie lui promirent fidelité. n. 56. XLVIII. 1246. 1263. 1 Depuis plus de dix ans, Philippe fils de Bernard duc de Carinthie étoit élu archevêque de Salfbourg, bourg. & joüiffoit du temporel de cette églife, fans vou- Stero. ann. 1257. loir fe faire facrer, ni même ordonner prêtre. Le Chr. Salisb. an. chapitre de Salsbourg en porta fa plainte au pape Cani to. 6. p1. Alexandre, qui après avoir admonefté Philippe, le fufpendit au bout de fix mois, & après fix autres mois le dépofa, fuivant la constitution qu'il avoit faite le septiéme de Mars 12 5 5. portant que les évêques élûs feroient tenus de fe faire facrer dans fix mois. Le fiege de Salfbourg étant donc déclaré va- 4p. Rain. 1256. cant, le chapitre compromit entre les mains de Henri évêque de Chiemzée de l'ordre des freres Prêcheurs, du prevôt & des chanoines de Salsbourg, qui élurent pour archevêque Ulric évêque chr. Salie 1257. de Secou dans la même province; & le pape con- Rain 1257. n. 2. firma l'élection par fa bulle du cinquième de Sep tembre 125.7. Philippe ne fe rendit pas, & foutenu par le roi de Bohême & le duc d'Autriche, il mit garnifon n. 16.. |