Imágenes de páginas
PDF
EPUB

gloire & à la joye commune de l'une & del'autre églife. Ayant ainfi parlé, ils se retirerent.

AN. 1234

Le vendredi vingt-feptiéme de Janvier après avoir dit la Messe, ils allerent au palais prendre congé de 27. Janv. l'empereur qui alloit partir, & ils trouverent le patriarche avec lui. L'empereur commença à conferer avec les nonces de la forme en laquelle le patriarche & l'églife Grecque pourroit fe réconcilier avec l'églife Romaine. Ils dirent: Ce feroit en croyant & enfeignant ce qu'elle croit : mais nous estimons qu'elle n'infifteroit pas beaucoup à obliger les Grecs de le chanter. Il faudroit encore que l'églife Grecque obéït à la Romaine comme avant le fchifme. L'empereur ajoûta : Si le patriarche veut obéïr à l'église Romaine le pape lui rendra-t-il fon droit? C'est-à-dire, apparemment la poffeffion de l'église de C. P. alors occupée par les Latins. Les nonces répondirent: Si le triarche rend à fa mere l'obéïffanee & tout ce qu'il lui doit, nous croyons qu'il trouvera plus de grace qu'il ne penfe devant le pape & toute l'églife Romaine. Enfuite ayant pris congé ils partirent de Nicée &

revinrent à C. P.

pa

S. Edmond archevêque de

Cantorberi.
Godoin.

Sup. n 9.15.

Matth. Park

P.325.

En Angleterre le fiege de Cantorberi étoit toûjours xxxIII. vacant. Le pape ayant rejetté les deux élections de l'évêque de Chichestre & du prieur Jean, les moines élurent en troifiéme lieu Jean le Blond theologien d'Oxford: mais cette élection fut encore caffée. Car on publia à Rome qu'il avoit reçû de Pierre, évêque de Vincheftre un present de-mille marcs d'argent, outre mille autres marcs que cet évêque lui avoit prêtez pour fervir à fa promotion. L'évéque avoit auffi écrit à l'empereur pour folliciter auprès

AN. 1234.

Vita ap. Sur. 26. Novemb.

C. I. 2.

4.6.

c. 7.

au

du pape la promotion de Jean le Blond: ce qui fit dire pape qu'il fupplioit l'épée à la main, & le rendit fufpect de brigue & de fimonie. De plus il avoit confessé étant à Rome, qu'il poffedoit fans difpenfe deux benefices à charge d'ames contre la difpofition du concile de Latran: il eft vrai qu'on difoit pour fa défense qu'il les poffedoit avant le concile. Ces trois élections ayant donc été caffées, le pape voulut finir la longue vacance du fiege de Cantorberi, qui duroit depuis plus de deux ans ; & accorda aux moines qui étoient venus avec le Blond, la faculté d'élire pour archevêque le docteur Edmond chanoine & treforier de Sarisberi; & lui envoya même le pallium, afin qu'il entrât plûtôt en exercice de fes fonctions. Mais les moines réfolurent de ne le recevoir ni lui ni autre, que du consentement de leur communauté.

:

Edmond étoit né a Abindon ou Abington près d'Oxford fon pere étoit un marchand nommé Edouard Riche, fa mere fe nommoit Mabile, l'un & l'autre trèsvertueux. Edouard fe retira du confentement de fa femme dans le monaftere d'Evesham, & elle prit foin de l'éducation de leurs enfans, dont Edmond étoit l'aîné. Elle l'accoûtuma dès l'enfance à jeûner au pain &à l'eau les vendredis, & l'envoya étudier à Paris, elle lui donna deux cilices, pour en ufer deux ou trois fois la femaine : elle lui recommanda auffi de dire le pfeautier tout entier les dimanches & les fêtes avant que de manger. Par le conseil d'un prétre il fit vœu de virginité devant une image de la fainte Vierge & l'observa fidelement. Ayant réfolu de mettre les fœurs en religion, il s'adreffa à un monaftere, où on refufa de les recevoir, finon pour une certaine fomme d'ar

gent.
Il fe retira, craignant qu'il n'y eût de la fimonie
& recommanda l'affaire à Dieu : puis ayant appris qu'il
y avoit un pauvre monaftere où les religieufes gar-
doient une obfervance très-exacte, il alla trouver la
prieure qui le prévint & le nommant par fon nom, lui
dit: Ne foyez point en peine de vos fœurs, Dieu m'a
revelé ce que vous voulez : fi elles veulent venir à nous,
nous ne les refuserons point. Ce qui fut executé : & Ed-
mond ayant reglé fes affaires domeftiques revint avec
Robert fon frere étudier à Paris.

AN. 1234.

C. 10.

Etant fait maître ès arts, c'est-à-dire, felon le ftile du tems, profeffeur en humanitez & en philofophie, il entendoit tous les jours la meffe, & difoit l'office canonial, contre la coûtume des profeffeurs & il perfuada à fes difciples d'entendre la messe avec lui. Après qu'il eût enseigné fix ans les arts liberaux .11. comme il enseignoit la géometrie, fa mere l'avertit en songe de s'appliquer à la theologie; & alors non content d'entendre la meffe, il affiftoit toutes les nuits à matines dans l'églife de faint Merri, près de laquelle il logeoit. En peu d'années il fit un tel progrès dans la theologie qu'il fut paffé docteur, & commença à enfeigner & à prêcher: il faifoit l'une & l'autre fonction avec tant de zele, que plufieurs de fes difciples embrafferent la vie monaftique. Etant ordonné prêtre il augmenta fes aufteritez & fes prieres : ne mangeant qu'une fois le jour, ajoûtant au grand office celui de la Vierge & celui des morts. Quoiqu'on lui offrît plufieurs benefices, il n'en voulut jamais avoir qu'un feul, encore à la charge de réfider. Enfin pour fe décharger des leçons & s'appliquer plus. librement à la prédication, il accepta la dignité de

C. 12.

c. 14.

tréforier dans l'église de Sarisberi avec un canonicat: AN. 1234. mais il obtint dispense du pape pour ne point assister au jugement du procès.

c. 15.

6. 17.

Matth. Parifi an. 1234. p. 335•

XXXV. Réforme des monaiteres.

8. 322.

Sa réputation étant venuë jufques au pape, il le chargea de prêcher la croifade, avec faculté de recevoir sa subsistance des églises où il prêcheroit : mais il n'en ufa point, & prêcha à fes dépens. Tel étoit le docteur Edmond quand les députez de Cantorberi vinrent lui apprendre qu'il étoit élu pour ce grand fiege. Il ne vouloit point l'accepter, mais l'évêque de Sarisberi lui commanda ferieufement d'obéir; & il ne fe rendit que quand on lui déclara qu'il y étoit obligé fous peine de peché mortel. Etant arrivé à Cantorberi, il fut facré dans l'églife de Chrift le quatriéme dimanche de Carême fecond jour d'Avril 1234. par les mains de Roger évêque de Londres en prefence du roi Henri & de treize évêques ; & le même jour il celebra la messe avec le pallium, que le eu la précaution de lui envoyer.

pape avoit Pendant la vacance du fiège de Cantorberi le paMatth. Parif. pe envoya aux évêques de la province une bulle pour la réforme des monasteres, dont il en envoya de pareilles par toute la Chrétienté. Il y disoit en substance: Nous avons appris que les monafteres de votre province font extrêmement déchûs ; & comme nous ne voulons pas nous rendre coupables de ce relâchement, nous avons affigné des vifiteurs à ceux qui dépendent immediatement de l'église Romaine, pour les réformer tant au chef qu'aux membres. C'est pourquoi nous vous enjoignons de vifiter auffi de votre côtés foit par vous-mêmes, foit par des perfonnes capables, les monafteres qui vous font foûmis & d'y corriges

tout

AN.12 34.

tout ce que vous trouverez le devoir être. La bulle est datée de Spolete le neuviéme de Juin 1232.Quant aux monafteres dépendans immédiatement de Rome le pape leur donna pour vifiteurs, non des évêques, mais des abbez, principalement de Cifteaux & de Prémontré, qui procederent à cette réforme avec tant de dureté & d'indifcretion, qu'ils obligerent plusieurs religieux d'appeller à Rome, où après bien du travail & de la dépenfe, ils obtinrent d'autres vifiteurs. Enfin cette vifite produifit par toute la Chrétienté plus de défordre que de réforme, en ce que les moines qui ne fuivoient par tout que la feule regle de S. Benoît, fe trouverent tellement divifez par les nouvelles conftitutions, qu'à peine deux monafteres étoient conformes en leur obfervance. Ainfi parle Matthieu Paris .p. 324. 346. moine de S. Alban,dont l'abbé fondé fur ces privileges demanda deux fois des délais pour éluder la réforme ; & mourut en 1235. pendant le cours de cette affaire. Les quatre freres mendians envoyez par le pape pour la réunion des Grecs, étoient toujours à C. P. où vers la mi-Mars le patriarche Germain leur envoïa un courrier avec une lettre, les priant de fe trouver Lescare maison de campagne de l'empereur Vatace, dans laquelle il promettoit d'affembler les prélats & les patrices, & d'y convoquer le concile, fuppofant que les nonces en étoient convenus, & qu'ils ne manqueroient pas d'y venir. Ils furent furpris de cet ordre & marquerent leur étonnement dans leur lettre, en ce qu'au lieu d'une réponse positive, le patriarche leur mandoit feulement qu'il alloit affembler un concile & les y invitoit. Ils ajoûterent, que pour ne pas perdre leur peine & pour agir fuivant le mouvement

[blocks in formation]

à

XXXV.

Preparatifs d'un concil: des

Grecs.

Acta nurcior," MS Vading

all. 1233.n. 12.

« AnteriorContinuar »