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que cèles qui s'apuient fur des démonf trations. Dès qu'une fociété eft for mée, il doit y exifter une morale & des principes fûrs de conduite. Nous devons à tous ceux qui nous doivent, & nous leur devons également, quelque diférens que foient ces devoirs. Ce principe eft auffi fûr en Morale, qu'il eft certain en Géométrie, que tous les rayons d'un cercle font égaux, & fe réuniffent en un même point.

Il s'agit donc d'examiner les devoirs & les erreurs des homes; mais çet examen doit avoir pour objet les mœurs générales, cèles des diférentes claffes qui composent la fociété, & non les mœurs des particuliers; il faut des tableaux & non des portraits; c'eft la principale diférence qu'il y a de la mo rale à la fatyre.

Les Peuples ont come des partiću. liers leurs caractères diftinctifs, avec

cète diférence, que les mœurs particulières d'un home peuvent être une fuite de fon caractère, mais elles ne le conftituent pas néceffairement; au lieu que les mœurs d'une Nation for ment précisément le caractère national.

Les peuples les plus fauvages font ceux parmi lesquels il fe comet le plus de crimes l'enfance d'une Nation n'eft pas fon âge d'inocéncel Ceft l'excès du défordre qui dode la première idée des loix on les doit au befoin, fouvent au crime, rarement à la prévoyance.m lie as ob slavom

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Les Peuples les plus polis ne font pas auffi les plus vertueux. Les mœurs fimples & févères ne fe trouvent que parmi ceux que la raifon & l'équité ont policés, & qui n'ont pas encore. abufé de l'efprit pour le corompre. Les Peuples policés valent mieux que

les Peuples polis. Chez les Barbares; les loix doivent former les mœurs: chez les Peuples policés, les mœurs perfectionent les loix, & quelquefois y fupléent; une fauffe politeffe les fait oublier.. L'Etat le plus heureux feroit celui où la vertu ne feroit pas un mé rite. Quand elle comence à fe faire remarquer, les mœurs font déjà altérées, & fi elle devient ridicule, c'eft le dernier dégré de la corruption.

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Un objet très - intéreffant feroit Pexamen des diférens caractères des Nations, & de la caufe phyfique ou morale de ces diférences: mais il auroit de la témérité à l'entreprendre, fans conoître également bien les Peu ples qu'on voudroit comparer, & l'on feroit toujours fufpect de partialité. D'ailleurs l'étude des homes avec qui nous avons à vivre, eft cèle qui nous eft vraiment utile.

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En nous renfermant dans notre Nation, quel champ vafte & varié ! Sans. entrer dans des fubdivifions qui feroient plus réèles que fenfibles, quèle diférence, quèle opofition même de mœurs ne remarque-t-on pas entre la Capitale & les Provinces? Il y en a autant que d'un Peuple à un autre.

pas

Ceux qui vivent à cent lieues de la Capitale, en font à un fiècle pour les façons de penfer & d'agir. Je ne nie les exceptions, & je ne parle qu'en général: je prétens encore moins décider de la fupériorité réèle, je remarque fimplement la diférence.

Qu'un home, après avoir été longtems abfent de la Capitale y reviène, on le trouve ce qu'on apèle rouillés peut être n'en eft-il que plus raisonable, mais il eft certainement diférent de ce qu'il étoit. C'eft dans Paris qu'il faut confidérer le François,

parce qu'il eft plus François qu'ailleurs.

Mes obfervations ne regardent pas ceux qui dévoués à des ocupations fuivies, à des travaux pénibles, n'ont par tout que des idées relatives à leur fituation, à leurs befoins, & indépendantes des lieux qu'ils habitent. On trouve plus à Paris qu'en aucun lieu du monde de ces victimes du travail.

Je confidère principalement ceux à qui l'opulence & l'oifiveté fuggèrent la variété des idées, la bifarerie des jugemens, l'inconftance des fentimens & des afections, en donant un plein effor au caractère. Ces homes-là forment un peuple dans la Capitale. Li vrés alternativement & par accès à la diffipation, à l'ambition, ou à ce qu'ils apèlent Philofophie ; c'eft-à-dire, à P'humeur, à la mifantropic; emportés par les plaifirs, tourmentés quelque

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