gueau de l'ordre de Fontevrault, parce qu'elLes étoient autrefois au Prieuré de Longueau à une lieuë de Châtillon fur Marne, fondé par Thibault II. du nom, Comte de Chanpagne, qui leur accorda leur chauffage dans l'une de fes forêts. Ces Religieufes s'établirent à Reims vers l'an 1630. Les Lettres Patentes qui confirment leurs privileges & leur établiffement, font du mois de Septembre 1641. regiftrées le 14. Janvier 1642. Elles font à préfent trente-cinq à quarante Religieufes, & ont cinq à fix mille livres de rente. Elles ont depuis peu fait faire un Autel qui eft d'un deffein particulier; il est de marbre fait en rotonde, avec des figures femblables à celles qui font à l'Autel du Valde-Grace à Paris. Ce grand Autel eft accompagné de deux Autels de marbre: ce qui donne à cette Eglife un air de diftinction.

Un autre Convent de Carmelites, qui fut établi à Reims par l'ordre de la ReineMere Anne d'Autriche, qui les amena de Paris. Elles font environ trente Religieufes, & ont quatre mille livres de revenu. Elles avoient obtenu des Lettres Patentes dès le mois de Janvier 1633. il y eut plufieurs oppofitions à leur établiffement qui fe fit enfin le 20. Juin 1640.

Il y a encore une Maison de Religieufes de la Congrégation, établie en 1636. qui

ont été tirées de Laon; elles font au nombre de trente à quarante. Elles fe font engagées par un traité fait avec la Ville le 9. Juin 1637. que du nombre des Filles du Chœur il y en auroit toûjours dix originaires de Reims, qui ne donneroient chacune pour leur dot que trois mille livres.

Il y a outre cela à Reims un Convent d'Auguftins, un de Carmes, un de Dominicains, un de Cordeliers, un de Capucins, & un de Minimes.

Les Auguftins fuccedérent en 13 20. fous le Pontificat de Robert de Courtenay, aux Freres de la pénitence du fac, qui occupoient d'abord ce Convent. Ce lieu s'appelloit anciennement la Place aux Anches. Il y avoit en cet endroit une Chapelle dédiée à S. Michel & aux faints Anges du nom d'Ange s'eft formé celuy d'Anche.

Les Carmes avoient été reçûs à Reims dès l'an 1292. ils furent cependant obligés de fe retirer. Les habits qu'ils portoient d'abord étoient barrés de bleu & de noir: de là vient le nom qu'ils portoient de Freres barrés ou Freres pies. Ils rentrérent à Reims au mois de Septembre de l'an 1325. fous l'Archevêque Guillaume de Trye, Cardinal & oncle de Philippe de Valois.

Les Dominicains ou Jacobins font établis à Reims dès l'an 1220. temps auquel

Guillaume de Joinville en étoit Archevêque; ils s'établirent d'abord à l'endroit où eft aujourd'huy l'Abbaïe de S. Etienne dans la ruë neuve; Il refte encore dans le Cloître de ces Religieufes un bas-relief où on voit des Dominicains à genoux au pied d'une Image de la Sainte Vierge; En 1250. ils quittérent leur premiere Maison où Nicolas de Sailly Doyen de Reims plaça des Religieux du Val des Ecoliers, & les Dominicains bâtirent à l'endroit où ils font encore aujourd'huy.

Les Cordeliers furent reçûs à Reims prefque en en même temps que les Dominicains, fous le Pontificat de Guillaume de Joinville; Ils logérent d'abord vers la porte Mars; on leur donna enfuite le terrain qu'ils occupent encore aujourd'huy en 1440. leur Convent fut brûlé avec tous leurs titres & manufcrits; on voit dans le Cloître un bas-relief du neuviéme fiécle, où un Apotiquaire s'eft avifé quatre cens ans après d'y faire ajoûter fon épitaphe en lettres

émaillées.

Les Capucins furent établis à Reims en 1612. quoy-qu'admis dès l'an 1593. Charles de Gonzague, Duc de Nevers & Gouverneur de Champagne, affembla pour cet effet les Bourgeois le 14. Juin. qui reçûrent ces Peres; Et Louis de Lorraine

alors Archevêque, leur donna un grand efpace dans fon jard, où ils bâtirent leur Convent qui fut achevé en 1620.

Les Minimes ont fuccedé au Chapitre de faint Côme & faint Damien, dont l'Eglife fubfiftoit dès le temps d'Hincmar; Ils fe retirérent à Reims en 1569. après que les Calviniftes eurent détruit leur Convent de Bracancourt dans le Diocese de Langres; Antoinette de Bourbon, mere du Cardinal Charles de Lorraine les protégeoit, ce Prélat les fit admettre dans Reims en 1572. ce qui fut confirmé par Lettres Patentes de l'an 1596.

Les autres Abbaïes du Diocefe de Reims, font celles de S. Thierry ou Théodoric, dit le Mont d'or, ordre de S. Benoit de la Congrégation de S. Maur.

On prétend que ce nom de Mont d'or a été donné à cette montagne par le rapport qu'elle a à la montagne d'Horeb, fur le fommet de laquelle Dieu ayant donné à fon peuple, par les mains de Moïfe la Loy qu'il vouloit qu'il fuivît; ce faint Légiflateur fut auffi enterré sur le sommet de la même montagne. S. Thierry, qu'on croit avoir été Aumônier de S. Remy, fuivit fur cette montagne, qui eft à deux petites lieües de Reims, l'exemple de ce grand Prophete; Il s'y retira environ l'an 530. où $36. &

il y véquit comme ce faint homme avoit fait fur celle d'Horeb; il y enfeigna la vie Monaftique à fes difciples, par fes faintes exhortations & par fon exemple, & il eut comme Moïfe fa fepulture fur cette montagne, où on prétend qu'il plût à Dieu de faire un grand nombre de iniracles fur le tombeau de ce Saint. Cette Abbaïe eft fur cette montagne, dont la fituation eft auffi charmante que l'air que l'on y refpire y eft fain; les vignes entourent cet agréable lieu; il y avoit auparavant de grandes foréts, au milieu defquelles ce Monaftere avoit été conftruit; Il eft fur une colline au-deflus de la croupe de cette montagne qui le couvre du côté du Couchant, ayant vers le Midy un peu en déclinant vers l'Orient, la ville de Reims, dont rien ne peut empêcher la vûë, & de belles prairies qui font arrofées par la riviere de Vefle, qui defcend auprès de cette Ville, & qui en arrofe les murailles d'un côté; Tout cet afpect eft agréablement terminé par la montagne de Reims du côté de l'Orient, & du Septentrion l'on voit une vafte campagne & les chemins qui conduifent en Picardie.

L'on voit encore à une portée de moufquet de cette Abbaïe, un refte des bois qui couvroient autrefois ces lieux entre l'Orient & l'Occident; & c'eft de ce lieu que def