Padoue & dans l'Etat de Venife, le Guy Co prit avec lui, & lui fournit libera- QUILLE. lement de quoi l'y entretenir dans fes études de Droit. Il s'appliqua à cette Science à Padone pendant dixhuit mois, principalement fous Ma rian Socin le jeune, qu'il cite fou vent en fes Ecrits, le nominant toujours fon Maître. Mais quoiqu'il eût été imbu des principes de la Jurif prudence par des Docteurs Italiens, & qu'il s'en ferve quelquefois dans fes livres, il ne fe laiffa pas prevenir tellement en leur faveur, qu'il ne reconnût bien leurs défauts; comme T il paroît par le jugement qu'il en a fait dans fa Préface fur la Coutume du Nivernois. C'eft pourquoi il ne confeille pas au François de s'arrêter à ces Docteurs, mais à d'autres qui ont la lumiere d'entendement plus nette, meilleures Ames tant en fait & de confcience que d'honneur.

Il revint en France à l'âge de 20: ans, ayant fait tout fon voyage a pied, parce que fes parens n'étoient point en état de lui donner les fccours neceffaires pour le faire plus commodément. En effet il trouva les

Co-affaires de fa maifon dans un déran

gement étrange. Il eut cependant

une reffource dans fon malheur. Guillaume Bourgoing, Confeiller au Parlement de Paris, fon Oncle maternel, le fit venir auprès de lui, & le mit chez un Procureur, afin qu'il y apprît les affaires du Palais..

Il y demeura un an, après lequel fon Oncle le retira chez lui, & s'en fervit pendant deux années & demie en qualité de Clerc, ou de Secretai

re.

Se voyant alors ftilé dans la pratique, & mieux en état de comprendre les épines & les difficultés du Droit, il en reprit l'étude à l'âge de 25. ans, & alla dans cette vue vûë à Orleans, où il s'y adonna pendant deux années.

Il fongea pour lors à travailler aux affaires de fa famille, & il le fit avec tant de fuccès, qu'il remit tout dans l'ordre, & s'affura les heritages que fes ancêtres avoient poffedés.

Après avoir frequenté quelque temps le Barreau à Paris, il fe retira à Dezife, où il fe maria le 18. Decembre 1553. âgé de trente ans,

و

& époufa une Niece de fa belle-me-Guy Conommée Anne, qui mourut en QUILLE. couche de fon fecond enfant pendant l'été de l'année 1555. Il fe remaria quinze mois après, & époufa une veuve, de fon âge, qu'il ne nous fait connoître que par

de Claudine.

le nom

Le feu ayant pris le 1. Septembre 1559. à Dezife, & ayant confumé une partie de la ville, Coquille en fortit cinq mois après, & alia par le confeil de fes amis s'établir à Nevers, dont fa famille étoit originaire, & que fon trifayeul avoit quitté pour aller demeurer à Dezife.

La reputation, qu'il s'étoit déja acquife par fon merite & fa capacité, l'y fit recevoir avec plaifir, & il fe vit bientôt employé d'une maniere avantageufe pour lui.

Il fut même nommé au mois de Decembre de la même année 1560. avec Gui Rapine de Sainte-Marie, Lieutenant Général au Baillage de Nivernois, pour aller aux Etats Generaux, convoqués à Orleans, comme Deputé du Tiers Etat du Nivernois.

GUY Co

Au mois de Mai de l'an 1562 QUILLE François de Cleves H. du nom, premier Duc de Nivernois, l'envoya à Cleves pour traiter de quelques affai res importantes, qu'il avoit avec Guillaume de Cleves; & Coquille les termina plus promptement & plus avantageufement, que ce Prince ne l'efperoit.

En Septembre 1568. il fut élá tout d'une voix premier Echevin de la Ville de Nevers, & il remplit cette charge peudant deux années. C'étoit dans le fort des guerres civiles, & il eft à prefumer, qu'on L'avoit choifi, comme un homme de la fageffe & de la conduite duquel on avoit befoin dans un temps fi fâcheux. En effet il donna de fi bons ordres, que la Ville de Nevers fur toujours tranquille.

En Mai 1571. il fut pourvû de la Charge de Procureur Général du Ni vernois & du Donziois, par M. Louis de Gonzague, Duc de Nevers, à caufe de fa femme Henriette de Cleves. Cet Office étoit recherché par plufieurs perfonnes du pays, mais Co quille leur fut preferé, quoiqu'il ne Peût point demandé..

On voit par le Commentaire qu'il Guy Coa fait fur la Coutume du Nivernois, QUILLE qu'il avoit été Bailli de la Justice de Thienges; fur quoi Pierre Pithou difoit que cette Seigneurie étoit bienheu reufe d'avoir joui des jugemens d'un homme, que la plus grande Ville du Royaume eût été bien honorée d'avoir pour Souverain Magiftrat.

Coquille fut encore envoyé comme deputé du Tiers Etat du Nivernois, aux premiers Etats de Blois en 157.6. & aux feconds en 1588.

Ayant perdu fa feconde femme en 1673. il demeura veuf jufqu'en 1576. qu'il en prit une troifiéme nommée Florence, native de Dezife, & veuve fans enfans, qui mourut en 1584.

Quoiqu'il eût quitté de bonne heure la Ville de Paris, pour fe retirer dans le Nivernois, on lui envoyoit fouvent de cette Ville des mémoires, pour le confulter & pour fçavoir fon avis,

Le Roi Henri IV. informé de fon merite voulut le faire entrer dans. fon Confeil; mais Coquille n'avoit pas affez d'ambition pour accepter