A. DE LA
FOSSE.

ANTOINE DE LA FOSSE.

ANTOINE de la Foffe, ficur d'Aubigny naquit à Paris vers: l'an 1658. Son pere étoit Orfévre, & frere du fameux Peintre de ce

nom.

Il fut d'abord Secretaire de M. Foucher, Envoyé du Roi à Florence. Cette particularité fe trouve marquée dans le Catalogue de la Bibliotheque du Roi, & a été inconnue à tous ceux qui ont parlé de lui. Ce fut pendant le féjour qu'il fit en cette Ville, qu'il y fut reçu dans l'Academie des Apatiftes..

Il s'attacha enfuite en la même qualité au Marquis de Crequi, Lieutenant Général des Armées du Roi, auprès duquel il étoit, lorfque ce Seigneur fut tué à la bataille de Lu zara en Italie, au mois de Septembre de l'an 1702. & il fut chargé d'ap porter fon cœur à Paris.

Il devint depuis Secretaire de M. le Duc d'Aumont, & par-là Secretai

Te Général du Boulonnois, dont ce A. DE LA Duc étoit Gouverneur.

Il mourut à Paris dans fon Hôtel, le 2. Novembre 1708. âgé feulement de 5o. ans, & fut enterré à S. Gervais,

C'étoit un vrai Philofophe, detaché des biens de la fortune, qui rempliffoit fes devoirs en honnête homme, & dont la Poëfie faifoit la principale occupation.

L'inclination qu'il avoit pour cet Art, & l'application qu'il y donnoit, lui caufoient affez fouvent des distractions fingulieres. M. Titon du Tillet en rapporte dans fon Parnaffe François un exemple qu'il ne faut pas omettre.

Je l'avois, dit-il, prié à dîner chez moi avec quelques perfonnes » de Lettres. Il m'avoit promis de s'y rendre fur le midy: mais l'ayant attendu jufqu'à deux heures, on fe mit à table. Notre Poëte arriva fur les quatre heures très-fatigué, & me fit quelques excufes d'arriver fi tard, en m'affûrant qu'il étoit parti fur les onze heures du "matin de l'Hôtel d'Aumont, ruë de Tome XXXV C

Fossa.

A. DE LA FOSSE.

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Joui, pour venir chez moi dans » l'Ile S. Louis, qui en eft fort proche; mais qu'il avoit l'efprit fi » rempli & fi échauffé de cinq ou fix vers d'un des plus beaux endroits » de l'Iliade, qu'il vouloit traduire » en vers François, qu'il avoit paffé à côté de ma porte, fans fe reflouvenir de la partie que je lui avois » propofée; que de-là il avoit tra» verfé le pont de la Tournelle, & paffé la porte S. Bernard; & qu'en» fin il s'étoit trouvé dans le milieu » de la plaine d'Tory, où s'étant fort fatigué la faim » l'avoit reveillé & lui avoit rap» pellé à la mémoire le dîner où je » l'avois invité. Il fut le bienvenu » & on lui fervit de quoi fatisfaire » à fon appetit. M. Boivin l'aîné, un » de mes Convives, homme d'une mémoire prodigieufe, & peut être celui de fon fiecle qui poffedoir le mieux les Auteurs Grecs, lui » dit: M. de la Foffe, je fuis prefque für , que voilà les vers d'Homere qui » vous ont fi fort occupé, & les lui » recita comme on les prononce dans l'Univerfité de Paris. La Foffe

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e corps & l'efprit it

fui repondit: Non, Monfieur, & A. DE LA les voici; & dit les mêmes vers fe- Fosse. lon la prononciation du College » des Jefuites. Eh bien, dit M. Boivin, ce font les mêmes vers; vous les savez prononcés autrement que moi. Catalogue de fes Ouvrages.

1. Polixene, Tragedie. Paris 1696: in-12. Cette piéce fut fon coup d'ef fai, & on la reprefenta avec fuccès en 1696. Mais elle ne fut pas également goûtée dans la reprife, qui en fut faite en 1718. On avoit déja deux Tragedies de ce nom; l'une de Jean Behourt, reprefentée au College des Bons Enfans le 7. Septembre 1597. &imprimée à Rouen en 1598. in-12. l'autre de Claude Billard, Sicur de Courgenay, imprimée avec fes autres Tragedies à Paris, en 1710. in-8°. II en a paru depuis une autre en un feul Acte, faifant partie des Trois Spectacles. Paris 1729. in-8°. Celleci eft de M. Dumas d'Aiguebert. Je puis ajouter ici un Opera du même nom par M. de la Serre, reprefenté ren 1706.

2. Manlius Capitolinus, Tragedie. Paris 1698. in-12. C'eft la meilleure

FOSSE,

A. DE LA de quatre piéces de cet Auteur. On a dit d'elle, que Corneille auroit pû l'avouer, fans faire de tort à fa réputation. Cependant la Critique ne l'épargna pas; mais l'Auteur dans fa Préface donne pour toute réponse à fes Cenfeurs, l'approbation dont le Public à honoré fon Ouvrage.

3. Thefee, Tragedie. Paris 1700. in-12. Cette piéce fut reprefentée en 1699. & eut moins de fuccès que les deux précédentes. On reprocha à l'Auteur d'avoir alteré le caractere de Medée en l'adouciffant. On avoit déja une Comedie, une Tragedie, & un Opera de ce nom. La Comedie a pour titre : Les Amours de Thefeus & de Dejanira, Comedie. Anvers 1577. in-80. Gerard de Vivre, ou du Vivier, de Gand, Maître de l'Ecole Françoife de Cologne, en eft l'Au teur. La Tragedie, qui eft en profe, eft de Puget de la Serre; elle a pour titre: Thefée, où le Prince reconnu Tragedie. Paris 1644. in-4°. L'Opera, qui a Quinault pour Auteur, eft de l'an 1675.

4. Corefus & Callirhoe, Tragedie: Paris 1704. in-12. Cette piéce fur