INSCRIPTION DU CENTENAIRE, ENCASTRÉE DANS LE MUR DU REMPART, PAR LES SOINS DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE BOULOGNE, EN 1885. PROJETS D'ÉPITAPHES ET QUATRAINS CONCERNANT NOS DEUX MALHEUREUSES VICTIMES DE LA SCIENCE. Projet d'inscription par G. Sannier : Le matin dans les airs, le soir dans le tombeau, Autre, du même et qui existait probablement sur le monument (tombeau) primitif de Wimille: Le matin dans les airs comblés de gloire, Autre variante, qui rappelle de plus près l'inscription actuelle : Ci-gisent qui, des airs, franchissant la barrière Et planant sur le monde abaissé devant eux Du trône le plus glorieux Précipités dans la poussière Offrent de l'homme, au même instant Et la grandeur et le néant. Autre, pour Pilatre, attribué au chevalier de Cubières : Qu'il est à regretter ce jeune audacieux : Si le premier des airs il tenta le voyage Le premier il y fît naufrage. Autre, pour le même : Sa gloire, hélas ! ne fut qu'un rêve Autre : Ci-gît un jeune téméraire Qui, dans son généreux transport, De l'Olympe étonné franchissant la barrière Vers de M. de Bièvre, parodiant l'Horace, de Corneille, à propos de Romain : Je rends grâces aux Dieux de n'être point ROMAIN, Projet d'épitaphe humoristique (1), pouvant se rapporter à l'un comme à l'autre des deux aéronautes : Ci-git qui périt dans les airs Et, par sa mort si peu commune, D'avoir une tombe en la lune. ANAGRAMME DU NOM DE PILATRE DU OU DES ROSIERS TU SERAS LE P...... ROI DE L'AIR Toutes ces planches et citations sont extraites de L'ALBUM ÉPIGRAPHIQUE DU BOULONNAIS, par Alph. Lefebvre et de L'ALBUM formé par Ern. Deseille. (1) La satire s'était également attachée à l'aéronaute Blanchard; exemple, le quatrain suivant sur « les grands hommes », tiré de la << Correspondance Littéraire de Grimm. » Voyez à quoi tient le succès ! Un rien peut élever comme un rien peut abattre Dessin de l'aéro-montgolfière de Pilâtre de Rosier, gravure sur bois, reproduit dans les « Merveilles de la Science », article aérostats et, à une échelle plus petite, dans le volume, Les Aérostats, de la «< Bibliothèque instructive. » L'aéro-montgolfière était composé de deux parties: l'une sphérique au sommet et l'autre cylindrique à la base. Au-dessous, la galerie également cylindrique où se tenaient les aéronautes et qui se trouvait soutenue par des cordages reliés au filet supérieur. Plus bas encore, le réchaud enflammé. Le globe, comme on l'appelait alors, avait 102 pieds de circonférence, ce qui correspond à un diamètre de près de 33 pieds ou 11 mètres environ. Le cylindre, de son côté, mesurait bien avec la galerie 9 mètres de hauteur. La machine entière pouvait donc avoir une vingtaine de mètres d'élévation. Le plus grand luxe avait été apporté dans la construction de cet aérostat. «Il est doré comme un bijou, << relate un écrit du temps; on voit qu'il n'a pas été fabriqué aux dépens d'un particulier. C'est le plus joli colifichet du monde ». Sur la calotte sphérique, on remarquait des génies soufflant, de grandeur colossale, soutenant des écussons aux armes de France (1). Le reste était recouvert de brillantes peintures décoratives où se révélait le goût artistique du XVIIIe siècle. Entre ces peintures, on pouvait lire les deux vers suivants, en l'honneur de M. le contrôleur général : Calonne, des Français soutenant l'industrie, (1) Pour prouver que l'aérostat de Pilatre devait primitivement s'élever de Calais, on a dit que les armes de cette ville y étaient peintes. Le dessin ne permet pas de juger cette assertion. |