Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XVII.

Les religieux mendians fe foûmettent

AN. 1456. stion demeureroit entre les mains de l'évêque de Pa-
ris, & que les religieux mendians rentreroient dans
l'univerfité, comme ils y étoient avant ces difputes,
à condition qu'ils obéïroient à la derniere bulle de
Callixte III. qui avoit révoqué celle de Nicolas V.
Le prieur des Dominiquains le demanda au nom de
tous les autres; mais ne l'ayant pas
ne l'ayant pas fait avec affez de
foûmiffion, le connétable fut obligé de conduire une
feconde fois les religieux dans l'assemblée, où ils se
foûmirent plus humblement, le prieur des Augu-
ftins portant la parole. On les reçut donc à ces con-
ditions, qu'ils ne feroient aucun ufage de la bulle de
Nicolas V. ni de celle de Callixte qui la confirmoit;
que la premiere demeureroit entre les mains de l'é-
vêque de Paris; qu'ils obéïroient à la bulle revoca-
toire, & la feroient approuver dans un an par
leurs
genéraux, & qu'ils n'obtiendroient plus à l'avenir-
de femblables bulles fur peine de la même exclufion.

Mais le deuxième de Juillet fuivant un religieux
Dominiquain vint trouver le recteur de l'univerfité
de la part de fon genéral, pour lui déclarer qu'il avoit
ordre de défendre aux freres de fon ordre de rentrer
dans l'univerfité aux conditions qu'on avoit propo-
fées. Le recteur ne lui fit point de réponfe; mais dès
le lendemain il fit fommer les religieux Domini-
quains de ratifier l'accord dont on étoit convenu,
& d'accepter les conditions propofées. Sur le refus
qu'ils en firent, caufé par la défense de leur genéral,
l'univerfité les exclut de fon corps pour la feconde
fois, jufqu'à ce qu'enfin ils la firent fupplier dans
une affemblée tenue le huitiéme d'Octobre, de les
vouloir admettre, avec promeffe d'une entiere foût-

C

mission de leur part, & d'observer le traité fait en AN.1456. présence du connétable. Ainfi finirent ces contestations, qui toutefois fe renouvellerent fouvent dans la fuite.

XVIII. Furieux trem

S. Antonin. tit. 22. cap 14.

207. Europ.

Il y eut dans le mois de Decembre de cette année de fi furieux tremblemens de terre dans le roïaume blemens de terde Naples, dans la terre de Labour, dans l'Abruzze re en Italie, & dans la Poüille, & avec tant de violence, qu'un grand nombre de maisons & même d'églifes en furent renversées. Saint Antonin affure qu'il mourut en cette occafion plus de foixante mille perfonnes, 5.3. parmi lesquelles il y en eut près de trente mille dans la feule ville de Naples, fuivant le rapport d'Aneas En. Sylv.epift. Sylvius. La terre s'ouvrit auprès de Royano, & il cap. 54. fortit un lac de ce goufre. Jean Gobelin qui fut fecretaire d'Æneas Sylvius, lorfque celui-ci fut créé pape, ajoute qu'il parut dans la mer Egée une petite ille qu'on n'avoit jamais vûë, qu'elle étoit élevée de quarante coudées au-deffus de l'eau, & qu'elle parut tout en feu durant quelques jours. Le roi Alphonfe Platina in vita fut tellement étonné de ces phénomenes, qu'à cha- Callifi IIL que instant il renouvelloit fon vou de faire la guerre aux Turcs, & promit de l'accomplir au plûtôt : mais dès que le danger fut paffé, il ne fe reflouvint plus de fes promeffes. L'on vit entre Florence & Sienne des nuées élevées à la hauteur de vingt coudées de terre, agitées par des vents furieux qui emportoient les couvertures des maifons & les rochers; renverfoient les murailles, déracinoient les plus gros arbres, & tranfportoient affez loin dans l'air & les hommes & les animaux.

Il y avoit déja quelque tems que Christiern II. roi

XIX.

Révolutions

roïaume deSue

de.

lib. 23.

Krantz cap.

7.8,

AN.1456. de Dannemark avoit un parti formé pour le mettre arrivées dans le fur le trône de la Suede, en la place de Charles VIII. que l'envie perfecutoit depuis quelques années. Jean Benoît archevêque de Pfalla conduifit cette intrigue fort fecrettement, & Charles n'en eut des avis certains, que lorfqu'il ne fut plus en état de diffiper ce parti. La conjuration éclata cette année. Chriftiern Joan. Magn. fut couronné fans prefque aucune oppofition, & Charles fe vit contraint de fe retirer en Pologne. Il avoit donné lieu à cette confpiration par fon ambition exceffive qui le brouilla avec le clergé & la nobleffe. C'étoit d'ailleurs un prince recommandable par fa prudence & fon amour pour la justice, & il joignoit à ces vertus de l'érudition, & une connoiffance affez étenduë de la philosophie & des mathématiques. Son expulfion eft un grand exemple de l'inconstance des choses humaines, & en particulier de la legereté des hommes: car ce prince avoit été choisi par le peuple même d'un confentement prefque unanime, & on peut dire que le choix étoit très-loüable, & avoit été fait même avec connoiffance, puifque Charles avoit déja adminiftré le roïaume après Erric III. & que fi on l'avoit déposé pour mettre en fa place Chriftophle de Baviere, le peuple avoit senti lui-même l'injustice de fon procedé, & n'avoit confulté que Les propres interêts en le rétabliffant fur le trône en 1448. Nous verrons qu'il y remonta une feconde fois en 1464,

XX, Concile de Soiffons,

Le vendredi onzième de Juillet on tint un concile à Soiffons, où Jean Juvenal des Urfins archevêque de Reims préfida comme métropolitain. Avec prélat s'y trouverent auffi Jean évêque de Soif

cil. gener. P.

fons, Antoine de Laon, Jean d'Amiens, Jean de AN.1456. Senlis, & les procureurs des autres fuffragans qui étoient absens, & des églises cathédrales. Ces évê- In collect. conques y recurent, publierent & ordonnerent l'execu- Labbe, tom. 13. tion des decrets du concile de Bafle confirmez dans P. 1396. l'affemblée de Bourges. Les principaux ftatuts qu'ils y firent, regardent en premier lieu la celébration de l'office divin, le chant, la décence dans les habits, & autres chofes qui regardent le culte exterieur. 2.On y regla la maniere dont on doit tenir les chapitres. 3. On défendit aux clercs les jeux de hazard, les cabarets & l'yvrognerie. 4. On y regla l'habillement des évêques. s. On y renouvella le decret de Bourges de Concubinariis. 6. On y réforma les abus qui s'étoient gliffez dans les quêtes & dans la prédication des indulgences. 7. On y exhorta les prélats à user de beaucoup de difcrétion dans l'approbation des confeffeurs, & à ne leur pas accorder, fans de grandes raisons, l'absolution des cas réservez.

La mauvaise conduite du dauphin, & les exactions infupportables qu'il faifoit dans le Dauphiné, principalement fur les ecclefiaftiques, irriterent tellement le roi Charles VII. fon père, qu'il fit filer des troupes vers cette province fous la conduite deLoüisAntoine de Chabannes feigneur de Dammartin, avec ordre d'arrêter le dauphin. Mais ce prince en aïant été averti, le prévint, & fe fauva à toutes brides accompagné de quelques gentils - hommes, d'abord dans la principauté d'Orange, & de-là dans la Franche-comté, d'où il fut conduit en Brabant. Le duc de Bourgogne étoit alors dans l'évêché d'Utrecht avec des troupes, pour forcer les habitans à recevoir

de

XXI.
Le dauphin

France fe fauve en Bra

bant.

[ocr errors]

AN.1456. en qualité d'évêque David de Bourgogne fon fils naturel, que le pape avoit pourvû de cetévêché au préjudice du feigneur de Brederode élu par le chapitre. L'arrivée du dauphin l'embaraffa fort, il en écrivit au roi, & manda à la ducheffe fon époufe & au comte de Charolois fon fils, de recevoir le dauphin comme il convenoit à fa qualité ; & que pour lui, il étoit réfolu de ne le point voir, qu'il n'eût auparavant reçu réponse de la cour de France.

XXII.

Il est bien re

Bourgogne.

La réponse fut favorable au dauphin : sa majestć çu du duc de prioit le duc de le traiter avec bonté, comme lui-même fouhaiteroit d'être traité en France, fi quelque accident l'y avoit attiré. Sur cette lettre le duc fe rendit à Bruxelles, & falua le dauphin, auquel il fit beaucoup de careffes, & lui affigna douze mille écus de penfion pour fon entretien, avec le château de Genep fur les frontieres du Haynaut à quatre lieuës de Bruxelles pour fa demeure. Quelques bons traitemens que le dauphin reçût en ce pays-là, il n'y fut pas long-tems fans mettre la divifion parmi les feigneurs; il demanda des troupes au duc de Bourgogne, dans le deffein frivole & ridicule d'aller attaquer le roi fon pere, & de l'obliger, difoit - il, સે chaffer de fon confeil des perfonnes qui abusoient de fa confiance. Le duc lui répondit fagement que tout étoit à son service, dès qu'il ne faudroit pas agir contre les interêts du roi de France, que ce n'étoit ni au dauphin, ni à lui à vouloir réformer fon confeil, & qu'ils ne pouvoient mieux faire l'un & l'autre que de s'en rapporter à sa majesté.

XXIII,
Le duc d'Alen-

[ocr errors]

Cette même année le jour de la fête du Saint-Sagon eft arrêté, crement, le comte de Dunois arrêta à Loches par or

dre

A

« AnteriorContinuar »