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Magdelaine de

3.

Eneas Sylv.

Bonfin. I. 3. dec. 8.

capitale, lorfque Rocquefane qui faifoit les fonctions AN. 1457. d'archevêque fans en avoir obtenu les bulles, vint grie va à Prague au-devant de lui avec un grand nombre de Huffi- pour épouler tes qui l'efcortoient, pour féliciter fa majefté fur France. fon heureux retour dans fon roïaume. Ladiflas qui haïffoit les hérétiques, reçut l'archevêque avec un hift. Bohem.cap. air très-froid, & qui lui fit affez connoître qu'il lui 69. étoit defagréable. Peut-être même que fans Pogebrac Monftrelet vol. qui gouvernoit ce roïaume en fouverain, & avec lequel Ladiflas avoit interêt de fe ménager, ce jeune prince n'eût pas feulement regardé l'archevêque: au lieu qu'il reçut avec bonté & d'un air affable les prêtres catholiques, & qu'il ne put s'empêcher de dire en les voïant: Voici les miniftres du Dieu que je fers, je les reconnois pour être à lui. Rocquefane témoin de cette réception avec fes Huffites, diffimuloit à peine le chagrin qu'il en concevoit, & il en auguroit dès-lors qu'on ne feroit aimé du prince qu'autant qu'on feroit attaché à la religion orthodoxe, & à la créance de fes ayeuls.

C'étoit en effet le deffein de Ladiflas, & pour y réüffir il prit avec le même légat les mefures les plas prudentes & les plus chrétiennes qu'on avoit lieu d'attendre de leur fageffe & de leur religion. Mais la mort du jeune roi interrompit ces grands projets. Ce prince fut empoisonné & mourut fur la fin de Novembre, n'étant âgé que de dix-huit ans. On l'enterra dans le choeur de l'églife métropolitaine de Prague dans le tombeau de l'empereur Charles IV. fon bifayeul. Cette mort fut imputée aux deux chefs de la faction des Huffites, ou à chacun en particulier à Rocquefane dans la vue d'affermir fa

XXXVII. Mort du jeu

ne Ladiflas roi Bohême.

de Hongrie &

de

Bonfin. dec. 8.

fin. 1. 30 n. Sylv.hist.

Bohem. cap. 69. 70. 71.

Michou. 1. 4. p. 67. rib. & cond.

Eneas de mo

German.

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AN.1457.

fecte, à Pogebrac dans le deffein d'établir la puiffance. Ils prévoïoient l'un & l'autre qu'ils ne pourroient en venir à bout pendant le regne d'un prince qui avoit toutes les qualitez néceffaires pour devenir un grand roi, & qui faifoit déja paroître des difpofitions fi peu favorables à leurs fentimens. Cette fàcheufe nouvelle arriva en France lorfque la princeffe se disposoit à partir pour la Bohême. Les am.baffadeurs confternez de même que toute la cour, prirent congé du roi de France, & pafferent par Paris, où ils furent reçus le huit Janvier de l'année suivante par les comtes d'Eu & d'Armagnac. Ils y affifterent à un fervice folemnel que le roi fit faire dans l'églife de Notre-Dame pour le prince défunt, & continuerent leur chemin. Les autres ambaffadeurs qu'on avoit envoïez en Allemagne pour difpofer l'empereur à recevoir les propofitions de paix, & pour concerter le projet d'une croifade avec le pape Callixte, furent obligez d'attendre de nouveaux ordres pour prendre Spond. contin d'autres mefures. Sponde qui croit que Ladiflas avoit emmené à Vienne Matthias fils d'Huniade, ajoûte que le même jour que le roi de Hongrie mourut, ce même Matthias fut conduit de Vienne à Prague, & confié à la garde de Pogebrac gouverneur du roïaume de Bohême, qui le retint toûjours en prifon jufqu'au tems de fon élection, qui arriva bien-tôt après.

ad hunc ann.

1457. n. 10.

XXXVIII. Mort de Jean,

Portugal.

Jean, coufin germain du roi de Portugal, & necoufin du roi de veu du cardinal Jacques, mourut auffi cette année. On prétend qu'il fut empoisonné par la nourrice d'Hélene reine de Chypre. Cette princesse, après la mort de son mari, avoit épousé Loüis fils du duc de Savoye. Quelques auteurs ont écrit que le pape avoit

dessein de marier avec elle Pirre de Borgia fon ne- AN.1457. veu, qui étoit gouverneur du patrimoine de faint Pietre, emploi dont il s'acquitta fort mal, & que dans le deffein de le voir un jour roi de Chypre, il avoit envoïé dans cette Ifle un religieux Auguftin pour négocier cette alliance; en quoi il ne réuffit pas. L'ambition du faint pere pour l'avancement de fes parens, étoit fi peu convenable à fon âge & à fa dignité, qu'elle lui fit perdre l'eftime d'un chacun. La république de Venife fit auffi dans le même tems une perte confidérable dans la perfonne de Fran- çois Fofcaro ançois Fofcato qui avoit été élu doge en 1423.après Tho- Venife.

XXXIX. Mort de Fran

cien doge de

mas Mocenigo. Pendant fon gouvernement qui fut Sylvius

de trente-cinq ans, & qui lui fit beaucoup d'hon-s neur, il battit plufieurs fois Philippe duc de Milan, prit fur lui les villes de Breffe & de Bergame, & fit beaucoup d'augmentations au domaine de la république, tant fur mer, que fur terre. Ce vénérable vieillard âgé de près de quatre-vingt dix ans, ne laiffoit pas de jouir d'une fanté affez forte pour gouverner l'état avec application. Cependant la république, par une ingratitude fans exemple, le dépofa fous prétexte que fon grand âge le rendoit inutile à la république. François ne put fupporter une vie privée, le chagrin le faifit, & il mourut peu de tems après plein d'indignation contre fa patrie. Son fils aîné fut auffi perfécuté on l'accufa d'avoir tramé contre l'état, & il fut exilé; mais foit qu'on reconnût fon innocence, foit à force de follicitations, il fut bien-tôt rappellé. A peine fut-il de retour qu'on l'accufa de nouveau, il fut mis à la question; mais n'aïant rien avoüé, on le bannit dans le Peloponnéfe,

::

AN.1457.

XL. Défaite des

cardinal d'A

quiléc.

En. Sylv.epift.

282. idem. Afia cap. 74.

où il finit malheureufement fes jours. Le gendre de Fofcaro gouverneur de l'ifle de Créte pour la république, fut révoqué & condamné à une forte amende avec la peine de l'exil. Un autre de fes fils nommé Pierre fe retira à Rome, où il fut nommé à l'évêché de Padouë, & fait enfuite cardinal en fecret par Paul V.

La Hongrie fut enfin délivrée des ravages des Tures par Scan- Turcs qui s'étoient rendus formidables dans ce roïauderberg, & le & me. Scanderberg les battit en Albanie, & le cardinal d'Aquilée les traita de même à Rhodes, & fur la mer Egée. Æneas Sylvius qui rapporte cette derniere défaite, parle du courage héroïque d'une fille de Lefbos, qui voïant que les Turcs avoient fait bréche à un des principaux bourgs de cette ifle qu'ils affiégeoient, & que dans cette extrémité les chrétiens étoient fur le point de s'enfuir, elle les encouragea par fon exemple; elle fe jetta fur les infideles, mée comme un homme, & en tua quelques-uns avec tant de valeur, que les autres la fuivirent, défirent un grand nombre des ennemis, & les contraignirent de fe retirer. Les Turcs n'en furent pas quittes pour cet échec, ils furent auffi rudement traitez par le roi de Perfe. Ce prince que Chalcondyle appelle Cafanne le long, d'autres Uson-Caffan, Zuchazaunes felon Phranzes, aïant eu pour fon partage la Cappadoce & l'Armenie, fe rendit auffi maître de la Perfe, d'où il chaffa les Tartares, & epoufa la fille de l'empereur de Trebizonde, quoiqu'il fût Mahometan. Dans le deffein d'augmenter les états par la conquête de la Syrie & de l'Egypte, il entreprit à la follicitation du pape & des Venitiens, la guerre contre

XLL

Le roi de Perfe fait la guerre aux Turcs.

Spond. ad ann, 1457. 1, 16.

Platina in

les Turcs qu'il défit en deux combats. Enée & Platine AN. 1457. nous apprennent qu'il envoïa fes ambaffadeurs au En. Sylv. ut pape Callixte, & lui écrivit que c'étoit par les prieres Juprà. qu'il avoit remporté deux fignalées victoires, & Callixt. III. qu'il fe fouviendroit toute fa vie de ce bienfait qu'il avoit plûtôt reçu de la main de Dieu, que de la part des hommes. Mais ce fut Pie II. fucceffeur de Callixte, qui reçut fes ambassadeurs : ce qui prouve qu'ils furent envoïez avant que ce prince eût été défait par les Turcs dans une troifiéme bataille en

1461.

On tint cette année un concile à Avignon par les foins de Pierre cardinal de Foix, archevêque d'Arles & légat d'Avignon. Il étoit affifté du cardinal Alain, de Robert archevêque d'Aix, de Pierre évêque d'Apt, de Georges de Senez, Gaucher de Gap, Nicolas de Marseille, Pierre de Digne, Pierre de Glandéve, Palamede de Cavaillon, Ponce de Vaison, Jean de Riez, Eftienne de Saint Paul - Trois-Châteaux, Michel de Carpentras, & Jean d'Orange. Le cardinal de Foix étoit François de l'ordre des freres mineurs, & avoit été promû à cette dignité par le pape Martin V. Il avoit affifté au concile de Conftance. Son but principal, en affemblant celui d'Avignon, fut de confirmer le decret du concile de Bafle touchant la Conception de la Sainte Vierge. On y défend étroitement à toutes fortes de perfonnes, fous peine d'excommunication, de prêcher le contraire, ou d'en difputer en public; & on enjoint aux curez de publier ce decret & de l'annoncer à tous les fideles, afin qu'aucun ne le puiffe ignorer. Ce concile fut tenu dans la cathédrale d'Avignon le feptiéme de

XLII. Concile tenu à

Avignon par le

cardinal deFoix.

Collect. concil. 13.p.1403.

6. Labbe. tom.

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