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point Dieu, & dans tous ceux qui font banni de leur cœur après l'y avoir reçu Etat horrible & qu'on ne fauroit trop ap prehender, & dans lequel néanmoins on tombe par tous les crimes. Et c'eft pour quoi l'Apo re, quoique parlant à des Chrétiens fidelles, ne laiffe pas de tâcher de leur en donner de l'horreur, parce qu'ils y peuvent retomber en ne s'éloignant pas affez des euvres de tenebres qui y conduifent, nox præceffit.

V. Il eft facile d'entendre par l'oppo fition de cette nuit quel eft ce jour qui s'approche. Dieu eft une lumiere, dit l'E criture, & il n'y a point de tenebres en lui. Lors donc que Dieu poffedera pleinement notre aine, il eft impoffible qu'ily laifle des tenebres. L'homine verra clairement dans cette lumiere tous ses devoirs & toutes les volontés de Dieu fur lui. Elles lui paroîtront fi juftes, fi fainres & fi aimables, qu'il mettra fa félicité à les obferver. Il eft vifible qu'on ne jouira de ce jour parfait que dans la céleste Apoc. Jerufalem, où il eft dit qu'il n'y aura ni 21.23. foleil ni lune; c'eft-à-dire, qu'elle ne ferapoint éclairée par des lumieres interpofces, mais que l'Agneau fera fa lumiere. Il n'y aura dans ce fejout heureux ni Docteur, ni livre, ni écriture. L'Agneau, c'est-à-dire, le Verbe incarné fera l'uni

tre Docteur & l'unique livre de tous les lus. C'eft-là le jour qui s'approche: mais cependant les rayons de cette immense clarté ne laiflent pas de fe répandre fur les Chrétiens, & de former parmi eux une espece de jour, qui eft comme une réflexion de l'autre. C'eft cet état qui tient le milieu entre le jour & la nuit. C'eft une aurore qui reprefente, felon faint Gregoire, l'état de l'Eglife Moral.. Gregor dans cette vie, parceque ce jour 29. diffipe une partie de fes tenebres, mais ". . me les diffipe pas entierement: & le devoir des hommes eft de s'efforcer de le faire croître, en fe remplissant de la con- Col. 1.94 noiffance de la volonté de Dieu, & de s'approcher de plus en plus de cette fource de lumiere où ils efperent quelque jour d'être plongés.

12.

VL. De ces trois états faint Paul tire trois confequences, dont la premiere eft de renoncer aux œuvres de tenebres: Etil Rom. 13eft facile de comprendre que par ces œuvres de tenebres, il entend celles qui ne font point conduites par la lumiere de la verité, & où l'homme fuit la vanité de fon fens & la volonté de fa chair & de Les penfées. Qu'il y a d'œuvres eftimées & louées des hommes, qui ne font que de ce genre! Or tout ce qui eft de ce gen

Aug. 1. re', eft plein de la noirceur du peché: PLE4. contra NUM nigredine peccatorum, comme dit Julian.. faint Auguftin.

3.10.33.

Les œuvres contraires à celles-là font appelées par l'Apôtre, les armes de lumie-re: & il nous exhorte de nous en revêtir. C'eft la feconde confequence. Il les appelle des armes, parcequ'elles nous fervent pour nous garantir des attaques du démon, pour lui réfifter, pour le repouffer: & ainfi ce font des armes défenfives: & offenfives. Et il les appelle armes de lumiere, parcequ'elles font conduites par la lumiere de la verité. Il veut que nous en foyons revêtus, c'eft-à-dire; que nous en foyons tout couverts, & que l'on ne voie dans notre vie que de ces œuvres éclairées par la verité; parceque s'il y en a quelque partie où nous nous donnions la liberté de fuivre nos fantaisies, nous ferons expofés par là aux attaques du démon. Il n'a point de droit fur les œuvresde lumiere mais toutes les œuvres de ténebres lui appartiennent; & il en prend occafion de former des deffeins pour notre perte.

vil. Enfin la derniere confequence que Apôtre tire de ces trois états, c'eft que Rom. 13. nous devons tâcher de marcher avec bienféance comme dans le jour: SICUT in die boneftè ambulemus. Et cette bienséance

33.

qu'il nous préfcrit eft bien differente de la bienféance humaine, quoique la bienféance humaine puiffe fervir à nous la faire comprendre. Vivre avec bienséance à l'égard des hommes, c'est ne rien faire qui puifle choquer ceux qui nous voient. Mais comme ils ne voient que l'exterieur, on ne leur doit auffi qu'une bienféance exterieure. Il n'en eft pas de même de ce jour dont parle l'Apôtre. Nous y avons Dieu, fes Anges & fes Saints pour fpec-rateurs. Ainfi marcher avec bienséance à l'égard de Dieu, c'eft ne rien faire qui puiffe bleffer les yeux, & qui puiffe être condanné par les Anges & par les Saints, lorfqu'il plaît à Dieu de leur faire connoître nos mouvemens & nos pensées. Tout eft donc compris dans cette bienfeance, l'interieur & l'exterieur de nos actions.. Et c'eft pourquoi les Saints l'ont portée jufqu'à fe tenir dans une auffi exacte modeftie lorfqu'ils étoient feuls, que lorf qu'ils étoient à la vûe des hommes; parcequ'ils fe regardoient comme étant toujours à la vûe de Dieu & de fes Anges, à qui ils croyoient devoir un refpect beaucoup plus grand que celui que aux hommes.

l'on.rend

VIII. Ne vous laissez point aller aux dés bauches niaux ivrogneries. v. 13.

Quoique l'Apôtre faint Paul patle à de nouveaux Chrétiens qui avoient encore la premiere ferveur de la grace qu'ils avoient reçûe, il ne laiffe pas de les avertir d'éviter les déreglemens les plus groffiers. Un Chrétien qui connoit la foibleffe, doit toujours craindre les précipices dont il a été tiré. Les vices, dit un payen ne s'apprivoisent jamais de bonne-foi: VITIA nunquam bona fide manfuefcunt. Il refte toujours une pente dans la nature; qui nous y précipiteroit fi-Dieu nous abandonnoit à nous-mêmes. Il est donc bon de les craindre, & de ne fe pas croire incapable d'y tomber. Ceft la fin de Texhortation que l'Apôtre fait aux Romains dans les paroles de l'Epitre de ce jour, qui doivent être particulierement précieufes aux fidelles, parceque Dieu a voulu s'en fervir pour la converfion de faint Auguftin, comme on le voit dans fes Confeffions.Mais avec ces vices groffiers, l'Apôtre en joint de plus fpirituels, qu'il met au même rang. Ceft la contention & la jaloufie, qui ont pour fource Forgueil. Car ne pouvant fouffrir l'élevation des autres, ou il s'efforce de les

ravaiffer par ce qu'on appelle contention, our il fe ronge en fecret par une maligne jaloufie', qui lui fait regarder le bien du prochain comme fon propre mala

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