mes pour les porter à l'éviter, les feront fécher de frayeur. III. Il eft donc utile à tous les Chré tiens d'entrer dans cet efprit de l'Eglife, de s'appliquer aux objets de terreur qu'el le leur propofe, & de tendre à l'amour de JESUS-CHRIST par le degré de fa crainte.' Auffi le démon qui fait les avantages qu'ils en peuvent tirer, employe toute fon adreffe pour étouffer en eux la crainte de Dieu auffi-bien que fon amour. Et ce qui eft bien terrible, c'eft qu'il y réuffit à l'égard de la plupart des hommes. Car il eft prefque auffi rare d'en trouver qui foient bien touchés de la crainte de la féverité de la juftice de Dieu, que d'en voir qui foient véritablement penetrés de fon amour. L'homme eft fi leger, fi vain, fi inconftant, fi aisé à tromper par de fauffes efperances, que tout fuffit prefque pour le raflurer contre les objets les plus terribles. Les uns fe délivrent de la crainte par des doutes volontaires fondés fur de pu res fantaisies. Les autres regardent toujours les chofes terribles comme éloignées, & croyent être en droit par-là de s'exemter de les craindre. Les autres s'imaginent qu'il fera toujours en lent pou-^ voir de les éviter quand ils voudront, & qu'ils le voudront fans peine : & il fuffic aux autres pour ne les pas craindre, d'ep éloigner la pensée, IV. Ceft pour nous marquer cette lé gereté des hommes, que l'Evangile nous propofe deux chofes qui femblent contraires,mais que leur inconftance fait bien allier. Car elle nous dit d'une part, que les t hommes fécheront de peur à la vue des fignes qui précederont le Jugement; & elle' nous dit de l'autre que le Jugement les furprendra occupés aux actions ordinaires' de la vie, & vivant dans une entiere fécu rité. C'eft que ces fignes n'étant pas continuels, & ayant des intervalles, les hom mes du monde fe raffureront fans raifon dans ces intervalles, & reprendront leur train ordinaire de vie, en attribuant ce qu'ils auront vu à quelque caufe naturel le, plutôt qu'à un avertiffement de Dieu,' & par ces moyens que le diable leur fournira, ils le mettront au- deffus des mena-" ces de Dieu, & fe les rendront inutiles. V. L'Eglife qui n'ignore pas cette foi-" bleffe des hommes, ne laiffe pas de propofer à fes enfans des objets de terreur,' parcequ'elle efpere que Dieu joignant ces impreffions fecrettes à la voix exterieure de les miniftres, empêchera que le démon ne fe joue de leur légereté. Elle employe pour cela principalement les fignes quiprécederont le dernier avenement de JESUS-CHRIST, & les dernieres plaies dontDieu frappera les hommes endurcis pour oral. 21. c. 17. les porter à fe convertir. Mais elle nous donne lieu par-là de faire le même ufage de tous les autres' fleaux de Dieu, & de tous les maux par lefquels il exerce fa juftice fur eux dans le cours des ficcles. Car tous ces maux & tous ces fleaux, comme les guerres, les famines, les peftes, les maladies, les injuftices, les violences que Gug Dien permet, font, felon les Pères, des avertiffemens qu'il nous donne de la riHov. edi. gueur de fa juftice.Ce font des avant-cou 32. 35. reurs du Jugement dernier qui fera le grand jour de la justice de Dieu, & duju gement particulier qu'il portera de chacun de nous à l'heure de notre mort. Tout cela nous avertit que Dieu eft en colere contre les peché des hommes, qu'il les punira rigoureufement, & que nous n'avons qu'un feul moyen de détourner les maux dont il nous menace, qui eft de nous convertir férieufement à lui. Si nous fommes enveloppés dans ces maux, il faut confeffer l'équité de fes jugemens,les accepter avec foumiffion, & s'en fervir pour éviter les maux de l'autre vie, en Touffrant humbleinent ceux de celle-ci, Et quand nous n'y aurions point de part, nous n'avons pas moins de droit & d'obli gation d'en conclure que Dieu eft terri ble, & qu'on ne fauroit trop craindre la rigueur de fes juge mens, 1 Luc. 132 VI. Qui regarderoit les maux & les miferes du monde avec cet efprit, trouveroit par-tout des fujets de crainte, parcequ'il trouveroit par-tout des maux & des miferes fans nombre. Il ne manqueroit ją mais de Prédicateurs.Il entendroit de toutes parts retentir cette voix de JESUSCHRIST: Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous. Et il ne trouveroit point d'autre moyen de s'en garantir, que de fuivre cet avertiffement de JESUS-CHRIST. Il auroit recours à fa bonté & à fa mifericorde. Il fe difpoferoit par cette terreur à le recevoir avec amour dans fa premiere nailfance, puifque c'eft la fin & le but de cette naillance. C'eft ce qu'il prétend & ce qu'il defire de nous. C'est là le fens du langage terrible & divin de ces fignes que Eglife nous met en ce jour devant les yeux. VII. Mais ce n'eft pas néanmoins la feule verité dont Dieu pretende inftruire les hommes par les maux qu'il leur envoye, & les fleaux dont il les frappe, que celle de la rigueur de fa justice, & de la néceffité de l'éviter par une folide converfion Il Si les fignes qui précederont le juge ment, doivent donner aux pécheurs des fentimens de terreur, parcequ'ils leur marquent que le jour de la rigueur de Dieu eft proche, ils doivent auffi donner de la joie & de la confiance à ceux qui l'aiment & qui vivent dans la pratique d'une vie fainte & chrétienne, parcequ'ils leur marquent que le tems de leur recompenfe eft proche; que JESUS-CHRIST eft prêt d'entrer dans la parfaite poffeffion de fon royaume, & de regner avec tous les élûs; que le peché va être entierement détruit avec tous les effets, c'est-à-dire, avec la concupifcence, les miferes, & la mort. Et ces penfees font pour les ames pénétrées de l'amour de JESUS-CHRIST, la plus puiffante confolation qu'elles puiffent recevoir en cette vie. L'Eglife n'a donc pas moins de foin de nous propofer cette feconde.fignification de ces fignes, que la premiere; & elle defire que fes enfans, felon l'état où ils feront, s'appliquent à l'une & à l'autre. Si leur confcrence eft troublée par le fouvenir de leurs pechés, s'ils ont befoin d'y remedier par une férieufe pénitence, qu'ils entrent dans les fentimens de terreur aufquels ils font portés par la meditation du Jugement dernier & des fignes épouvantables dont il fera précedé. Mais |