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s'ils ont fait depuis long-tems une veritable pénitence, s'ils marchent avec fidelité dans la voie des commandemens de Dieu, s'ils font preffès de l'amour de JiSUS-CHRIST, elle defire que fans renoncer abfolument aux fentimens de crainte qui font toujours utiles aux ames en cette vie pour les entretenir dans l'hu milité, ils y joignent néanmoins les fentimens de joie & de confiance que la vue de la gloire de JESUS-CHRIST & de leur parfaite redemtion leur doit donner.

VIII. Comme il faut étendre les fignes du Jugement de Dieu à tous les fleaux dont il frappe les hommes dans le cours des fiecles; parceque ce font des effets de fa colere & des avertiffemens qu'il nous donne de l'appaifer par la pénitence, les ames chrétiennes doivent de même tirer de ces maux des fentimens de confiance, de joie, & d'efperance de leur délivrancè prochaine. Car la plupart des maux humains fe terminent à la mort, & n'étonnent les hommes que parcequ'ils y conduifent. Ainfi en avertiflant les juftes que leur mort eft proche, ils les avertiffent en même tems que leur délivrance eft proche. S'ils font attaqués par les maladies, c'eft JESUS-CHRIST qui s'avance vers eux pour les délivrer, & qui les oblige à s'avancer auffi vers lui par leurs defirs, &

Apoc.

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de lui dire : Venez, Seigneur, JESU SĄ 2 20. VENI, Domine JESU. Tous les autres maux qui ne les menacent pas précifénent de la mort, ne doivent pas laiffer de produire le même effet. Car ce font des payemens que Dieu exige d'eux pour n'avoir plus qu'à les récompenfer en l'autre vie. Ceft la partie qui leur eft échue des fouffrances que Jelus-Chrift a distribuées à tous les membres, & ils doivent efperer qu'après y avoir fatisfait, leur ceuvre étant ainfi confommée, il les retirera de ce monde pour les couronner.

Greg.

mor.

IX. Ainfi rien n'eft plus different que les maux dont Dieu frappe les hommes praf. . dans cette vie felon les perfonnes qui les reçoivent. Ces maux font pour les pécheurs endurcis les commencemens des fupplices qui les attendent. Ils font pour les pécheurs pénitens des remedes falutaires, qui leur imprimant des fentimens de crainte, les détachent infenfiblement du monde, & les difpofent à une entiere con verfion. Et ils font pour les juftes & les vrais Chrétiens des marques de leur rédemtion des avant coureurs du royaume éternel de Jefus-Chrift, & des fujets de confiance & de joie. Quelque compaffion que nous ayons donc des miferes publiques, quelque defir que nous yons de les foulager,nous ne devons pas

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ignorer

ignorer que Dieu en tire de grans biens pour le falut de fes élus, & qu'ordinairement les profperités temporelles font plus à craindre que ce qu'on appelle fleaux & calamités. Rien n'eft plus terri ble que d'être hors de foi & de n'avoir rien qui y rappelle, & qui remettant devant les yeux de l'ame a juftice & la mifericorde de Dieu, l'avertifle qu'elle n'est pas pour ce monde ici. L'état de ces gens qui fécheront de frayeur à la vue des fignes du jugement, eft bien effroyable, & nous avons fujet de demander à Dieu d'en être délivrés, parceque les perfonnes foibles doivent toujours apprehender d'être renversées par les grans maux. Mais l'état de ceux qui passent leur vie dans Fob 21 la paix & dans les biens, qui n'ont point de 13: part aux travaux des hommes, & qui ne font point châties avec eux, l'eft encore beaucoup davantage, parcequ'il eft plus facile de s'y corrompre & de s'y perdre, & plus difficile d'en bien ufer. Cependant deft cet état qui eft l'objet des fouhaits des hommes.

Pf. 724

X. Il ne faut pas s'étonner de ce que Jefus-Chrift appelle la felicité dont il récompenfera les élûs, du nom de rédemtion: Quoniam appropinquat redemtio ve- Luc. îxà ftra; ni de ce qu'il les repréfente par ce 18. terme comme captifs, & comme ne deTome IX.

B

13.

vant être délivrés de la captivité qu'ani dernier jour; car encore que dès cette vie même. Jefus-Chrift foit leur Sauveur, & qu'il les ait délivrés de la domination du diable & de la concupifcence, en Celof, 1. les arrachant, comme dit faint Paul, de la puifance des tenebres, ils ne laiffent pas d'être encore capts en plufieurs autres manieres dont ils ne feront délivrés qu'en l'autre vie. Leur efprit eft captif, parcequ'il eft affujetti à mille pensées qui le troublent & l'agitent malgré qu'ils en ayent. Il ne voit la verité qu'à demi, & il fe gliffe dans fes connoiffances une infinité de faufletés vrai-femblables qui le trompent, Leur volonté eft captive, parcequ'il lui échappe, contre fon gré, une infinité de defirs qui la déchirent, la portent au peché, & la détournent de Dieu.. Leur corps eft captif, parcequ'il fe corrompt tous les jours, & qu'en fe corrompant il appefantit l'ame, & la rend languiffante dans fes actions. Or dans cette langueur de l'aime l'amour qu'elle porte à Dieu ne fauroit être fort vif. Voilà ce qui fait la peine des Saintsien cette vie; & qui la leur rend dure & ennuyeuse, Ceft ce qui leur fait dire avec David: Pfalm. Helas, que mon exil eft long! Je vis ici comᏬᏅ 6. me un étranger parmi les tentes de Cédar: mon ame eft ici étrangere. Et c'est la déli

vrance de cet état miferable que JefusChrift leur promet, & dont il veut que l'approche marquée par les fignes qui précederont le jugement general, leur donne de la confiance & de la joie,

XI, II paroît par la parabole du figuier que Jefus-Chrift apporte, que les fignes de fon dernier avenement feront clairs aux juftes qui vivront en ce tems-là, en même tems qu'ils feront négligés ou ignorés par les autres. Il y a une infinité de langages de Dieu que les hommes font coupables de ne point entendre, parceque c'eft leur cupidité qui les en empêche. Ces langages font clairs en foi; mais les hommes le forment des nuages volontaires pour n'y rien comprendre. Ceft ce qui fait voir combien nous avons interêt de purifier notre cœur, puifque fans cela on ne comprend pas la plus grande partie de ce que Dieu nous dit, & qu'on laiffe inutiles une infinité d'inftructions qu'il nous donne par les évenemens de ce monde, dont il ne laiffera pas de nous demander compte au jour de fon jugement.

XII, Quoique nous ne foyons peutêtre pas du nombre de ceux qui verront ces fignes épouvantables, & qu'ainfi nous n'ayons pas le même droit qu'eux de con clure que le jugement eft proche; néan

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