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qu'il faut reconnoître en Jefus - Chrift pour la guérifon de nos ames, n'eft pas feulement de nous donner des moyens géneraux de nous guérir: de nous donner la force & le pouvoir de guérir, ou le pouvoir de demander notre guérison; mais c'eft celle de nous guérir actuellement, ou de nous faire demander efficacement la guérifon; ce qu'il fait en réformant notre volonté, & en nous fai fant vouloir ce que nous ne voulions Ce n'eft pas reconnoître autant qu'on doit, la puiflance de Jefus-Chrift, ni imiter la foi du lépreux, fi l'on n'eft perfua dé que Jefus-Chrift difpofe de notre volonté comme il veur, & qu'il eft plus maître de nous que nous-mêmes. n'eft pas reconnoître sa foibleffe autant que l'on le doit, fi l'on ne fent que fi Dieu ne nous change lui-même le cœur, nous ne changerons jamais, & que nous Rom. 2. ne ferons qu'amasser par la dureté l'impénitence de notre cœur, un tréfor de colere pour le jour de la colere. Enfin c'est ignorer les vrais remedes dont nous avons be foin, que de ne demander pas à Dieu une grace qui fe rende maitreffe de notre cœur, qui fe l'affujettiffe, qui opere en nous la bonne volonté, qui nous faffè marcher dans fes commandemens, felon cet oracle de l'Ecriture: Je ferai que vous

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Plil.2

13.

Ezech.

36.27.

Ce

marchiez dans la voie de mes préceptes; que de ne lui demander pas qu'il crée en nous un cœur nouveau, un cœur pur, op- Pf. so. pofé à la lépre fpirituelle, & qu'il nous crée par ce cœur nouveau dans les bonnes Ephef. euvres. CREAT1 in operibus bonis.

12.

2.10a

VI. Ce font ces fortes de prieres qui confeffent pleinement la puiffance de Jefus-Chrift, qui font propres à obtenir de fa bonté cette réponse favorable: Je le v. 3. veux, foyez guéri, foyez purifié. Ce fut un grand iniracle quand cette parole opera fur le corps du lépreux ce qu'elle fignifioit, & qu'elle le purifia en un moment de la corruption de la lepre: mais c'en est un beaucoup plus grand quand elle nettoie une ame de la lepre fpirituelle, quand elle efface toutes les taches qui défiguroient la beauté de ce miroir où Dieu doit reluire comme le foleil dans un cri ftal très-pur, felon la comparaifon de fainte Therefe. Toute notre vie doit être employée à obtenir cette parole fi confolante: Je le veux, foyez purifié; & nous ne faurions prendre une meilleure voie pour y engager Jefus-Chrift qu'en difant avec le lépreux: Seigneur, fi vous le voulez, vous pouvez me purifier. Ceft une priere qui doit être continuellement dans la bouche des pécheurs & des innocens parceque les uns & les autres

doivent fe confiderer comme corrompus: & même les juftes ont fouvent un plus viffentiment de leur corruption que les pécheurs, parcequ'ils ont plus d'idée de la pureté que l'ame devroit avoir. Il faut que cette priere renferme une grande idée de la toute-puiflance de la grace de Jefus Chrift. On la croit en géneral: mais on n'en a pas un fentiment affez vif. Il y a dans le cœur une défiance secrette qui détruit notre efperance: ce qui nous oblige de dire fur ce point comme cet homme de l'Evangile, qui difoit à JeMarc. 9. fus-Chrift: Je croi, Seigneur, mais ai Luc 17. dez-moi dans mon incredulité: & comme les Apôtres: Seigneur, augmentez-nous la

23.

5:

foi.

VII. Gardez-vous bien de parler de ceci 'à personne. v. 4.

Quoique cette précaution par laquelle Jefus Chrift étouffoit autant qu'il pouvoit la gloire de fes miracles, ne lui fût aucunement néceffaire pour éviter la vanité dont il étoit incapable, il avoit néanmoins de très-grandes raifons d'en user. Car 1. elle apprend à tous les miniftres à éviter l'éclat de leurs bonnes œuvres comme un danger très-grand. Il est trèsfacile que le cœur s'éleve par la préfomtion, lorfque les louanges des hommes fe joignent au fond d'orgueil que nous

avons toujours dans le cœur. Il n'y a donc que la grace de Dieu qui les puifle garantir de ce péril, en faisant qu'ils tâchent d'obfcurcir & de cacher tout le bien qu'ils font, autant que la charité le leur permet.

Mais Jefus-Chrift avoit encore une autre raison qui le pouvoit regarder luimême, & qui eft encore d'une grande inftruction pour ceux qui font dans l'exercice des bonnes œuvres. Quoique le lépreux témoignât une grande foi du pouvoir de Jefus-Chrift, & qu'il foit même dit qu'il l'adora; il n'eft pas certain néanmoins qu'il le regardât autrement que comme un grand Prophete qui avoit reçu de Dieu le don de guérir les maladies. Car le terme d'adoration étoit commun aux respects qu'on rendoit aux hommes & à Dieu par le profternement du corps. Or il eft difficile qu'en publiant les miracles d'un homme, on ne s'attache à l'homme que l'on voit, & qu'on ne faffe quelque préjudice à l'honneur de Dieu, qui eft la vraie fource des miracles. Jefus-Chrift ne vouloit donc pas que ce lépreux parlât de lui, de peur qu'en le regardant comme homme, il ne dérobât à Dieu une partie de fa gloire. Ceft auffi par le même mouvement qu'il répondit à un homme qui l'appeloit bon

Marc. 10.15.

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Maitre: Pourquoi m'appelez-vous bon? Il n'y a que Dieu feul qui foit bon. Ce qu'il difoit pour corriger cet homme, qui le croyant un pur homme lui donnoit un titre qui ne convient proprement qu'à Dieu. Et c'eft ce qui doit apprendre à tous les Directeurs, à tous les Supérieurs, & géneralement à tous ceux qui occupent l'efprit des autres, d'éviter extrêmement que ces perfonnes ne les regardent trop humainement; de réprimer ces attaches autant qu'ils peuvent; & de prendre bien garde que par leurs louanges indifcrettes & par leurs autres actions, elles ne fe rendent plus dépendantes d'eux que de Dieu, & ne lui raviffent ainfi une partie de fa gloire, dont il déclare dans l'Ecriture qu'il eft jaloux & qu'il ne fouffrira point l'ufurpation. Il est facile de voir la juftice de cette réflexion: mais fi l'on confultoit bien la conduite du commun des conducteurs & des perfonnes conduites, on trouveroit qu'il y en a trèspeu qui ayent affez de foin de conferver les droits de Dieu, & les interêts de fa gloire.

VIII. Jefuus-Chrift en obfcurciffant fa propre gloire,ne difpenfe point ce lèpreux de l'obéiffance à la loi de Moife, & il lui recommande au-contraire expreffément de l'obferver en fe montrant aux Prêtres,

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