Imágenes de páginas
PDF
EPUB

บ.7.

& perfonne ne nous peut ôter les biens que cette paix nous a procurés, parceque c'eft Jefus-Chrift même qui en eft le confervateur & le gardien.

IX. Saint Paul leur dit de plus, que cette paix furpaffe tout fentiment, c'est-àdire, ou qu'elle furpaffe l'intelligence des hommes, ou qu'elle éleve l'ame an deflus de tous les fentimens humains. Il ne faut pas prétendre qu'elle les étouffe tous dans cette vie, qu'elle arrête toute l'agitation de nos pensées, qu'elle appaife tous nos mauvais mouvemens: mais elle les furpaffe en rehauffant l'ame au-deffus de ces fentimens, & en lui procurant une retraite calme dans la vue de la mifericorde de Jefus-Chrift, & de la réconciliation avec Dieu qu'il nous a procurée, Cette paix garde donc & nos cœurs & nos efprits; parcequ'elle les empêche d'être renverfes par ce tumulte de mouvemens & de penfées que nous ne pouvons nous empêcher de fentir. C'eft ce qui rend les Saints immobiles dans les diverfes agitations de cette vie, & ce qui eft la vraie fource de leur repos & de leur tranquili tê. Il eft impoffible d'être en paix quand on fait que Dieu eft en guerre avec now: mais il eft injufte auffi de n'y être pas, quand on a licu de croire qu'il n'a pour nous que des penfées de mifericorde & de

paix. C'eft cette affurance que S. Paul appelle la paix de Jefus-Chrift, parcequ'il en eft l'unique auteur, & qu'il n'y avoit que lui qui fut capable de nous la donner.

FACILE CAROLIGAEN: E929TSEQ L-60 HZ SUR L'EVANGILE

DU III. DIMANCHE DE L'AVENT.

EVANGILE. Jean. 1. 19.

Nce tems-la: Les Juifs envoyerent de Jerufalem vers Jean, des Prêtres &des Levites, pour lui demander: Qui êtes-vous? Car il confeffa, & il ne le nia pas; il confeffa qu'il n'étoit point le CHRIST. Ils lui demanderent: Quoi donc ? Etes-vous Elie ? Et il leur dit : Je ne le fuis point. Etes-vous Prophete? ajouterent-ils. Et il leur répondit: Non. Íls lui dirent donc : Mais qui êtes-vous, afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dites-vous de vous-même ? Je fuis, leur dit-il, la voix de celui qui crie dans le defert : Rendez droite la voie du Seigneur comme a dit le Prophete Ifaie. Or ceux qu'on lui avoit envoyés étoient des Pharifiens; ils lui firent encore une nou

velle demande, & lui dirent : Pourquoi donc batifez-vous, fi vous n'êtes ni le CHRIST, ni Elie, ni Prophete ? Jean leur répondit de cette forte: Pour moi, je batife dans l'eau: mais il y en a un. au milieu de vous que vous ne connoif fez pas. C'est lui qui doit venir après moi, qui m'a été préferé ; & je ne fuis pas digne de dénouer les cordons de Jes fouliés. Ceci fe passa à Bethanie au delà du Jourdain, où Jean batifoit.

EXPLICATION.

1. L'EGLISE defirant de préparer fes

enfans à la naiffance d'un Dieu humilié & anéanti, en les portant à une humilité fincere, leur en propofe un exemp'e admirable dans la perfonne de faint Jean-Batifte, où ils peuvent voir les vrais caracteres de cette vertu

Elle doit être, comme l'enseigne faint Auguftin, toute fondée fur la verité. Nous n'avons pas befoin de recourir au menfonge pour nous humilier, ni de nous imputer des défauts & des baffeffes que nous n'ayons pas. On fe releve facilement d'un rabaiffement fondé fur des défauts qui nous font fauffement attribués. Il n'y a que la verité qui nous puiffe humilier effectivement: & c'eft pourquoi David Pf. 118. difoit à Dieu, qu'il l'avoit humilié par fa

750

verité.

Pour nous humilier donc folidement il n'y a qu'à nous demander qui nous fommes, comme les députés des Juifs demanderent à faint Jean: Qui êtes-vous? Foan. & à nous répondre à nous-mêmes fans 19 nous flatter & fans nous laiffer féduire par les flatteries des autres. On eft humble quand on n'aime ni à fe tromper foimême, ni à tromper les autres; quand on ne veut point profiter de leur illufion, & que l'on reconnoît fincerement ce que l'on n'eft pas, & ce que l'on eft. Par là on retranche tous les faux titres & toutes les fauffes qualités que l'amour-propre nous voudroit attribuer; l'on avoue tous ses défauts, & l'on se tient dans la place où Dieu nous a mis.

C'est ce qui paroît admirablement dans faint Jean. Il ne prétend point tirer avantage de l'illufion des Juifs. Il détruit par un defaveu net & précis tous les faux titres qu'on lui attribuoit par erreur. Il fait voir qu'il étoit incapable de fe plaire dans la fauffeté,ni de se laiffer flatter par lemenfonge.Il rejette ce qu'il n'eft pas,& il dit ce qu'il eft avec une fimplicité toute entiere.

II. Il ne dit même ce qu'il eft qu'y étant contraint Car c'eft encore un des caracteres de cette humilité folide, de ne faire connoître les dons qu'on a reçûs de Dieu, que lorsqu'on ne s'en peut exem

ter, & de tâcher hors de-là de les cacher autant que l'on peut.

Qui laifferoit agir l'amour-propre, il ne manqueroit pas lorfqu'il eft obligé de rejetter de fauffes louanges,de fe dédommager de ce defaveu par d'autres qui pourroient paffer pour vraies. Après s'être procuré la gloire de la fincerité, il fauroit bien retenir une partie de l'honneur qu'on lui vouloit faire. S'il defavouoit de faux titres, il en fubftitueroit d'autres véritables ; & reconnoiffant qu'il n'a pas les qualités qu'on lui voudroit donner, il en mettroit en vue d'autres qui feroient à peu près le même effet.

Un homme moins humble que faint Jean, après avoir reconnu qu'il n'étoit pas le Meffie, auroit ajoûté qu'il étoit fon précurfeur & fon principal ami; qu'il étoit l'Ange deftiné à préparer la voie du Seigneur, & s'il avoit été obligé d'avouer qu'il n'étoit point Elie, il auroit dit qu'il Lut 1. en poffedoit l'efprit & la verts.

17.

S'il avoit été contraint de dire qu'il n'étoit pas un Prophete deftiné à prédire des chofes futures, il auroit fait entendre qu'il étoit quelque chofe de plus, puifqu'il étoit deftiné non à prédire le Meffie, mais à le montrer. Mais la vraie humilité ne permet pas de s'attirer des louanges humaines pour des dons de Diell

« AnteriorContinuar »