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Mais on peut dire même que cela n'eft pas. Car lorfqu'un titre eft fi general qu'il peut convenir à differentes fortes de traités, ce n'eft pas s'en éloigner que d'y en enfermer qui soient assez differens entr'eux, pourvu qu'ils convien nent dans la qualité commune qui eft marquée par le titre. Et c'eft ce qui fe rencontre dans ces difcours fur les Epitres & les Evangiles qui compofent ce qu'on a appelé : Continuation des Effa's de Morale. Car qui en confiderera les fujets & la maniere dont on les y traite, reconnoîtra fans peine qu'on a eu tour autant de droit d'y donner le titre d'Effais de Morale, qu'aux traités mêmes qui le portent, & que la reffem-: blance de ces deux Ouvrages donnoit lieu de faire paffer le fecond pour une continuation du premier.

Ce font des Effais, puifqu'il s'en faut bien que les fujets n'y foient traités avec l'étendue qu'ils le pourroient être, & que les vûes & les ouvertures que l'on y propofe, pourroient donner lieu à les traiter beaucoup plus parfaitement. Ce font des Effais de Morale puifqu'il n'y entre que des reflexions fur les devoirs communs de la vie chré á iiij

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tienne, fondées fur les principes de la vraye Morale.

Če ne font point des penfées rares, élevées, myfterieufes, qui ayent pour but de rehauffer l'idée que le commun du monde a des myfteres de la foi. Ce ne font point des éclairciffemens fubtils ou favans des difficultés qui s'y rencontrent, ni des réponses aux objections par lefquelles les heretiques les combattent.

Ce ne font point de ces mouvemens vifs & impetueux, ni de ces invectives fortes contre les defordres du monde, que l'autorité du miniftere évangelique. infpire aux Prédicateurs & aux Pasteurs. Ce ne font point de ces figures pompeufes, & de ces difcours brillans qui attirent l'admiration du commun du monde. Ce n'eft point auffi une explication fuivie, ou litterale ou allegorique des Epitres & des Evangiles, comme on en trouve dans plufieurs livres. Ce font des difcours fans chaleur, fans éclat, fans élevation, dans lefquels on a eu feulement en vue d'arrêter l'efprit de ceux qui lifent les Epitres & les Evangiles que l'Eglife propofe chaque Dimanche, fur certaines verités de Morale qui y font expreffément contenues, ou qui en

font des confequences neceffaires que la lettre de l'Ecriture fournit à ceux qui y font quelque attention.

Enfin ce n'eft que l'execution d'un devoir commun à tous les Chrétiens, qui font tous obligés de fe nourrir des verités contenues dans les endroits de l'Ecriture que l'Eglife leur propofe le long de l'année pour les inftruire & pour les édifier.

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On ne voit donc pas pourquoi il n'auroit point été permis de donner à ces fortes de difcours le nom d'Effais de Morale; puifqu'ils n'en font pas moins difcours de Morale, parceque les verités qu'on y propofe y font jointes de plus près à la fource & à la regle de la vraie morale qui eft contenue dans Ecriture, & principalement dans les Evangiles & les écrits des Apôtres. Soit qu'on propofe d'abord une verité, & qu'on la prouve enfuite par les principes de l'Ecriture, foit qu'on propose d'abord les paroles de l'Ecriture, & qu'on en tire par forme de confequence les verités qu'elles contiennent, c'eft toujours la même chofe; c'eft à-dire, que ce font toujours des verités de morale prouvées & autorifées par l'Ecriture;

comme c'eft le même chemin de monter du bas d'une montagne en haut, ou de defcendre du haut en bas.

C'eft en effet la principale difference qu'il y ait entre les difcours qui ont paru fous le titre d'Effais de Morale, & ceux-ci que l'on a appelés la Continuation des Effais, &c. On propofe dans les premiers certaines verités, & l'on remonte jufqu'aux principes d'où elles naiffent, & qui y fervent d'éclairciffement & de preuves. Mais dans ces derniers-ci ce font les paroles de l'Ecriture que l'on propofe d'abord, & Pon defcend de là aux confequences qui s'en tirent.

Il eft vrai qu'il naît de là une autre difference. C'eft qu'ayant propofé d'abord dans les premiers traités certaines verités de morale qui en font le fujet comme il ne s'agit dans la fuite que de les developer, on s'y arrête davantage, ce qui fait que ces verités y font traitées avec plus d'étendue: au lieu qu'ayant eu deflein ici d'éclaircir en un certain nombre de points, non une feule verité, mais les principales decelles qui font contenues dans une Epitre on un Evangile, on a été obligé de fe reffer

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ter beaucoup davantage, & d'en propofer un plus grand nombre ; parceque chaque Epicre & chaque Evangile en contient plufieurs. Mais foit que l'on les étende plus ou moins, on a également droit de les renfermer fous le titre commun d'Effais de Morale qu'on y a donné.

On auroit pu néanmoins diftinguer ces differentes manieres de traiter les verités de morale par des titres differens,& donner, par exemple, à cet ouvrage le titre de pensées ou de reflexions chrétiennes fur les Epitres & les Evangiles de l'année. Mais on a confideré qu'on l'auroit confondu par là avec quantité d'autres livres qui portent les mêmes titres. De forte qu'au-lieu que la fin des infcriptions eft de diftinguer les ouvra ges & de les faire connoître, celle-là n'auroit point eu d'autre effet que de cacher celui-ci dans cette foule, & d'empêcher qu'on ne pût avoir aucune idée de fon caractere particulier. Voilà plus qu'il ne faut de raifons pour juftifier une chofe de fi peu de confequence.

Mais il n'eft pas fi facile de repondre à une autre objection qui eft faite fur le fond même par des perfonnes très-ju

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