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qu'on foit fi uniforme dans un vice. 3o. Il y a un lieu en la Lettre 1. où à mon avis on ne peut pas entendre par Exomologefe une fatisfaction publique, en prenant cette fatisfaction pour la penitence. Le voicy. Nam cum in minoribus delictis que non in Dominum committuntur, penitentia agatur justo tempore [voilà la penitence & fon temps accomply, jufto tempore ] & Exomologefis fiat inspectâ vitâ ejus qui agit penitentiam, nec ad communionem venire quis poßit, nifi prius illi ab Epifcopo & Clero manus fuerit impofita. On ne fait l'Exomologefe, dit-il, qu'aprés qu'on a confidere la vie que le penitent a menée dans le cours de fa penitence. Donc l'Exomologefe n'eftoit pas une fatisfaction publique, c'eft à dire une penitence, mais une chofe qui fe meritoit par la bonne vie qu'on avoit menée pendant la penitence, & qui precedoit immediatement la reconciliation, ou la derniere impofition de mains, nec ad communionem venire' Gr. 4o. En la Lettre 12. & 13. il dit, qu'il faut envoyer à Dieu avec la paix que les Martyrs leur ont promife ceux qui tombent dangereusement malades, aprés qu'ils auront fait l'Exomologefe, & que les Preftres ou les Diacres leur auront impofè les mains pour l'accompliffement de leur penitence. Il faut donc que Exomologefe foit autre chofe que les foumiffions publiques & ce qu'on a appellè depuis le degré de la Proftration, puifque des malades à l'extremitè ne les peuvent pas faire; aulieu qu'on peut confeffer fon crime en prefence de tout le monde en quelque eftat qu'on foit, pourveu qu'on ait encore la parole & le jugement. Je fçay bien que Tertullien definit l'Exomologefe, humilificandi hominis difciplina; mais outre qu'on peut fort bien l'entendre de cette Confeffion publique, puifqu'il n'y a rien de plus humiliant, d'où vient méme que faint Cyprien l'appelle une fatisfaction au Traittè de ceux qui font tombez; il y a de l'apparence que comme l'Exomologefe fuivoit la penitence & en faifoit partie en quelque forte, Tertullien luy a donné la méme definition qu'à la penitence, quoy que ce fuft quelque chofe de different. Or cette confeffion publique, comme le montre le Pere Morin, ne se faifoit que des crimes qui ne tiroient point à confequence pour la vie du penitent.

Par l'impofition des mains de l'Evefque & du Clergé. Remar-
PP pp iij

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les

quez cette coutume obfervée en ce temps-là, que non feulement l'Evefque, mais auffi le Clergé impofoit les mains aux penitens pour les reconcilier. Or on leur impofoit les mains · au commencement de leur penitence pour y mettre; dans le cours de leur penitence, & c'eftoit des efpeces d'exorcifmes; & à la fin de leur penitence pour les reconcilier. C'est pourquoy faint Cyprien fe fert quelquefois de ces mots, manus imponere, pour mettre en penitence, & quelquefois pour absoudre,

En attendant nous leur deffendons d'offrir à l'autel les noms de ceux qui font tombez, Pamelius & Baronius l'expliquent de' l'interdit des Preftres. En fufpenfionem quam vocamus à divinis antiquitus ufurpatam, dit Pamelius. Mais je penfe qu'ils fe trompent, & que le mot d'offerre qui eft employè deux fois auparavant dans cette Lettre pour fignifier offrir à l'autel les noms des penitens, ne veut encore dire que cela icy. Outre que fi faint Cyprien interdifoit icy ces Preftres, il nommeroit ceux qu'il interdit. D'ailleurs on ne fçauroit montrer autre part dans faint Cyprien aucun veftige de cette peine, & l'on n'y void pour les Ecclefiaftiques que la depofition toute feule, ou jointe à l'excommunication pour les crimes atroces.

SVR LA LETTRE X.

De faint Cyprien aux Martyrs & aux Confeffeurs qui avoient demande qu'on reconciliaft ceux qui estoient tombez.

Font ou des gratifications, ou un infame trafic de vos bien-faits. Quelle honteufe corruption, dit Mr. Rigaut, s'eftoit gliffèe parmy les Martyrs de cette Eglife; Car faint Cyprien fait entendre que méme parmy les Martyrs il y en avoit qui ven doient les billets de reconciliation. Mais je croy que M1. Rigaut s'eft mépris. Saint Cyprien ne dit point que ce fuft les Martyrs mémes qui les vendiffent, mais leurs amis. Et ces amis-là eftoient ces Preftres & ces Diacres contre qui faint Cyprien s'emporte avec tant de juftice,

SVR LA LETTRE XI.

De faint Cyprien à fon peuple; de la Lettre que luy avoient écritte les Martyrs; & de ceux qui demandoient

qu'on les reconciliaft.

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Car fi pour des pechez qui font moindres, & qui ne fe commet- Page 68. ient pas directement contre Dieu. Ainfi faint Cyprien fait diftinction entre les pechez qu'on commet contre Dieu, comme l'idolatrie & le renoncement à la foy, & les autres comme l'homicide, l'adultere &c. Il appelle les premiers, les crimes bes plus grands & les plus enormes,& les feconds, moindres. Il y en a encore d'autres qu'il appelle legers, comme font ceuxdont il parle au Traittè De ceux qui font tombez, & pour lef quels on ne faifoit point une penitence pleine & canonique comme pour les autres, mais une legere penitence pendant un temps à la volontè de l'Evefque. De ces pechez legers il y en pouvoit avoir auffi quelquefois de mortels, pour lefquels quoy qu'on ne fift pas une penitence canonique, on ne laiffoit pas d'eftre feverement puni & reconciliè avec peine. On en voit un exemple en la Lettre 61. à Pomponius touchant des Vierges qui aprés la deffenfe de l'Eglife retourneroient demeurer avec des hommes.

SVR LA LETTRE XII.

De faint Cyprien à fon Clergè; fur le fujet de ceux qui font
tombez & des Catechumenes; qu'ils ne fortent point
de cette vie fans recevoir l'Euchariftie.

Si donc ceux qui ont receu des billets des Martyrs. Il dit cela de Page 69. ceux qui n'avoient point fait penitence de leur idolatrie fe fians aux billets des Martyrs. Car pour les autres qui n'avoient point de billets, fi la maladie ne les furprenoit en eftat de pcnitence, on leur refufoit la communion à la mort, comme on Je void par la Lettre SI. à Antonien.

Ayez foin außi des Catechumenes. C'eft à dire de les baptifer

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& de leur adminiftrer l'Euchariftie s'ils fe trouvent en danger de mort. Le latin porte, des Ecoutans. Depuis il y eut d'autres Ecoutans, qui faifoient le premier degré de penitence, ou la premiere ftation.

SVR LA LETTRE XIV.

De faint Cyprien au Clergé de Rome, de fa retraitte & dos
Lettres precedentes.

Au Clergé de Rome, fur fa Retraitte. Cela fait voir que le Clergé de Rome ne l'approuvoit pas, puifqu'il se met en peine de s'en justifier devant luy. Au refte, il y eut trois raisons pourquoy il fe retira. La prémiere pour obeir au commandement de Noftre-Seigneur qui veut qu'on fuye de ville en ville. La feconde par un commandement exprés de Dieu, comme il le marque en la Lettre neuviéme. Et enfin pour ne point aigrir les payens par fa prefence. Voyez la Remarque fur la page 40.

Les treize Lettres que j'ay écrittes felon les occafions &c. Il n'y en a que 10. felon l'ordre qu'y met Pamelius, ce qui pourroit faire douter que ce fût le veritable, & quelques-uns ont encore d'autres raifons qui leur en font douter. Aufsi lorsque dans les Notes qui font aux marges je marque quelles font les Lettres dont faint Cyprien veut parler, cela ne fe doit entendre que felon l'ordre que Pamelius les a placées, fans pretendre rien prefcrire à perfonne pour cet égard.

Ou bleßè leur confcience par des billets execrables. C'est qu'ils donnoient des billets aux Juges payens par lefquels ils recon noiffoient qu'ils avoient facrifiè aux Dieux, quoy qu'ils ne l'euffent pas fait: Car ils en ufoient ainfi pour eviter la honte publique où ils fuffent tombez en facrifiant. Et les Juges se contentoient de ces reconnoiffances particulieres par écrit, avec quelque argent qu'ils prenoient pour accorder cette gra ce à ces lâches Chreftiens, Quelquefois les Magiftrats donnoient d'eux-mêmes des billets aux Chreftiens qui estoient foibles, par lefquels ils déclaroient qu'ils eftoient contens d'eux. Et lorfque les Chreftiens les recevoient, ils eftoient mis

comme

comme les premiers au rang des Libellatiques. Rigaut fur la Lettre 30. ajoute un troifiéme genre de Libellatiques, fçavoir de ceux qui ayant donnè ou receu des billets, declaroient qu'ils eftoient Chreftiens, & qu'il ne leur eftoit pas permis de monter au Capitole & de facrifier, mais qu'ils donnoient de l'argent pour s'en exempter; & que c'eft de ceux-là qu'il eft parlé dans la Lettre à Antonien. Mais ce troifiéme genre In'eft autre chofe que le fecond. Voyez la Lettre 20. page 82.

83. Par la Lettre 51. p. 156. l'on void que l'Eglife ne mit point de difference entre ces genres de Libellatiques, les ayant reconciliez tous enfemble, & s'eftant contentèe de la penitence qu'ils avoient faite pendant la perfecution.

La vigueur de noftre facerdoce s'est encore élevée contre quelques Preftres & quelques Diacres. C'eft-là le fens, & non comme l'explique Mr. Rigaut dans fa Note. Car felon luy il faudroit traduire: Les Prestres & les Diacres ont außi employè toute la vigueur de leur facerdoce contre quelques perfonnes &c. Mais il est aifè de voir que ce n'eft pas le fens 10. parce qu'ordinairement faint Cyprien ne fe fert de ce mot facerdos & facerdotium, que pour marquer l'Evefque & fes fonctions, & non celles des ordres inferieurs. 20. parce que le but de faint Cyprien en cette Lettre n'eft pas de rendre compte au Clergé de Rome de la bonne conduite de fes Preftres, mais de fa bonne administration, comme cela fe void par ces paroles: Mais quoy que je fois abfent je n'ay rien omis felon ma foibleffe, de toutes les chofes que j'ay creu pouvoir fervir à nos freres pour les maintenir dans l'obfervation exacte des commandemens de Dieu; & par l'enumeration qu'il fait de fes Lettres. 3°. parce que ces paroles: La vigueur de noftre Sacerdoce &c. ont certainement rapport à la Lettre neuvième, comme celles de devant & celles d'aprés à d'autres Lettres. Or bien loin que dans cette Lettre il louë ces Preftres de leur vigueur, il les blâme fortement au contraire de precipitation & de temeritè. 4o. Cela se justifie encore par la Lettre 10. où il dit aux Martyrs: Que les Preftres &les Diacres apprennent donc au moins de vous ce qu'ils auroient dû vous apprendre pour montrer que faint Cyprien blâme ; generalement tout fon Clergé : & par celles-cy de la Lettre 11. à fon Peuple: Que chacun de vous donc au moins fe conduise foy

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