Imágenes de páginas
PDF
EPUB

gées avec du vent comprimé, & qui ne laiffent pas de faire un fort grand effet. Un nommé Marin de Lifieux les a inventées; il en préfenta une à Henri IV. En plufieurs Villes on tire le prix de l'arquebufe pour exercer les Bourgeois, & on continue de l'appeller ainfi, quoique l'on ne fe ferve plus que de fufils. Les meilleures arquebufes fe faifoient à Milan.

ARRANGEMENT des Troupes dans les Armées. Les Romains, fur tout dans les tems de la République, mettoient leurs armées fur trois lignes; la premiére étoit formée de jeunes gens vigoureux, nommés Haftati, parce qu'ils portoient de longues lances, ou piques; la feconde étoit compofée de ceux qu'on appelloit Principes. Ils étoient d'un âge un peu plus avancé que les Haftati; dans la troifiéme ligne étoient les Triarii, ou Ferciarii, ainfi nommés, parce qu'ils étoient au troifiéme rang. Les Légions Romaines étoient au centre de ces trois lignes. Les Troupes auxiliaires de pied, tirées des Provinces de l'Empire Romain, ou des Pays de leurs Alliés, flanquoient ces Légions. La Cavalerie étoit fur les aîles. La Romaine à la droite, & l'Auxiliaire à la gauche.

Nous ne lifons pas dans nos Hiftoires que cette méthode ait été obfervée par les François. Les trois lignes des Armées Romaines n'étoient que d'Infanterie, couvertes aux flancs par la Cavalerie; mais fuppofé queles armées Françoises fous la premiere,& feconde Racejde nos Reis fe foient conformées fur celles des Romains, fous les premiers Rois de la troifiéme Race, elles

ont

ont eû un ordre tout différent. La Cavalerie y tenoit le premier rang, & l'Infanterie, qui n'étoit compofée que de Payfans mal armės, & mal difciplinés, étoit méprifée, & prefque comptée pour rien. Elle ne fervoit dans les Batailles qu'à faire la même chofe, que faifoient les Velites chez les Romains, c'est-à-dire, à escarmoucher. Sous Philippe Augufte l'Infanterie étoit compofée des Clientes, ou Cliens; des Satellites, Satellites, des Ribauds. Sous Charles VII. il y eût des changemens dans l'Infanterie Françoife. Il s'en fit auffi fous Louis XI. Charles VIII.& Louis XII.François I. inftitua les Légions. Cet établiffement ne dura pas long-tems. Le même Prince remit für pied les Bandes qu'il avoit créées auparavant,& qui étoient chacune de 300. où 400. hommes. Ce fut fous François I. que l'Infanterie augmentée de beaucoup commença à devenir la principale force des Armées Françoises. Sous les regnes fuivans elle a toujours augmenté; & Louis XIV. l'a mife dans l'état où nous la voyons.

A en juger par laBataille de Bovines, l'arrangement des Armées Françoises, fous la troifiéme Race de nos Rois,étoit en ligne linealiter, & avoit plufieurs lignes, une aile droite, & une aile gauche; mais il y avoit beaucoup de confufion.Les Armées Françoifes ont commencé à être rangées plus regulierement fous Charles VIII. comme à la bataille de Fornoüe: fous Louis XII à celles d'Ainaigdel & de Ravennes: fous François I. à celles de Marignan, & de Pavie : fous

B

Henri II. à celle de Saint-Quentin, &c.

[ocr errors]

Aujourd'hui quand le terrain le permet, nos Armées fe rangent fur deux lignes: l'Infanterie au centre, & la Cavalerie fur les deux ailes, fuivant la manière des Romains, le plein de la feconde ligne, c'està-dire, les Efcadrons, ou les Bataillons répondent au vuide de la première, ou à l'intervalle, qui fe trouve entre deux Efcadrons, ou deux Bataillons de la première ligne ; & cela afin qu'un Bataillon, ou un Escadron de la première ligne, venant à fe rompre, il ne fe renverfe pas fur un Escadron , ou fur un Bataillon de la feconde, mais qu'il trouve du terrain pour fe rallier.

Il y a ordinairement entre la première, & la feconde ligne un efpace'de deux ou trois cens pas. Les Efcadrons de la même ligne font éloignés les uns des autres d'environ 50. ou 60. pas; les intervalles des Bataillons, font environ de la largeur du front du Bataillon, qui pour l'ordinaire eft de cent hommes.

Le pofte du Général eft communément au Corps de Bataille. Les Lieutenans-Généraux,& Maréchaux-de-Camp font partagés aux ailes & au centre.

Si le pays eft coupé, ou fourré, l'on met des Brigades d'Infanterie, ou de Dragons, aux flancs de la droite, & de la gauche, pour empêcher par leur feu l'ennemi d'en approcher- Si le champ de bataille eft partagé par des plaines & buiffons, quelquefois l'on place dans les intervalles de l'Infanterie des Escadrons pour la foutenir.

Quand on le peut, on a un corps de réferve compofé de bonnes Troupes, mis comme en troifiéme ligne, à so. ou 60. pas de la feconde ligne; mais toutes ces difpofitions varient fuivant l'habileté, & les vûes du Général, & fuivant la fituation, & l'arrangement de l'Armée ennemie.

ARRANGEMENT des Troupes dans les marches. L'arrangement d'une armée, prête à en venir aux mains, est tout different de celui qu'on lui donne dans les marches; fi elle marchoit dans une vaste plaine, l'arrangement pourroit être le même. Mais les bois, & les rivieres, les villages, & les défilés, que l'on rencontre, obligent à féparer l'Armée en differens corps,pour la faire arriver en même tems à un nouveau camp, ou à la vûe de l'ennerni.

Ces marches font dangereuses, quand l'ennemi eft en campagne, parce que les corps peuvent être attaqués féparément ; mais on prend à préfent une infinité de précautions, qu'on ne prenoit pas autrefois, pour prévenir les inconveniens, ou pour y remedier. Les Maréchaux des Logis de l'Armée fçavent parfaitement ( du moins doivent le fçavoir) la Carte du pays: Ils ont fous eux des Capitaines des Guides, chargés du foin d'avoir plufieurs Guides du pays, dont on fe fert pour empêcher que les Troupes ne s'égarent, fur-tout quand les marches fe font pendant la nuit. Les Officiers-Généraux ont des Cartes Topographiques très-exactes; il y a des travailleurs à la tête des colomnes, pour réparer les chemins, & pour faire des ouvertures, où il en est besoin; pour don→→

[ocr errors]

ner libre paffage. On fait des ponts avec une extrême promptitude pour le paffage des rivieres. On fait aller en avant des partis, & des gros détachemens pour tenir l'ennemi en refpect, & donner avis. de fes mouvemens. Enfin le Général difpofe fi bien la marche de fon Armée qu'un Corps puifle être bien-tôt secouru d'un autre, s'il eft attaqué; & chaque Bataillon ne marche point fans fes Grenadiers à la tête, & fon piquet à la queue. .. Quand on fait des marches forcées, pour prévenir quelque deffein de l'ennemi, on a foin de faire trouver des vivres dans les lieux, où les Troupes arrivent, & tout ce qui eft néceffaire pour leur foulagement dans ces fatiguantes marches.

Les grandes Armées marchent ordinairement fur trois colomnes, & fuivant l'ordre de bataille que le Général a fait dès le commencement de la campagne. Les Troupes de la droite prennent le chemin de la droite, les Troupes de la gauche forment les colomnes de la gauche. L'artillerie, les vivres, & les gros bagages font ordinairement dans le centre

Quand on marche vers l'ennemi, l'Artillerie marche toujours dans le centre, excepté, quand il en va une Brigade à la tête de chaque colomne, précédée de quelques Troupes; mais les gros bagages marchent derrière, couverts du Corps de réserve.

Dans un pays coupé de défilés on fait marcher des Dragons à la tête des colomnes avec un détachement confidérable des Grenadiers. Si l'ennemi eft derrière foi, quand on décampe, les bagages, les vi

« AnteriorContinuar »