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avoient leurs feux d'artifice, dont ils fe fervoient dans les fiéges, foit pour mettre le feu dans la Ville affliégée, foit pour brûler les travaux des Afliégeans. Ils fe fervoient pour cela de dards enflammés qu'ils appelloient Malleoli. Ils avoient la figure d'une quenoüille, dont on fe fert pour filer ; entre le fer & le refte du manche, qui étoit de bois, ils étoient gros & ronds, & dans la cavité de ce rond, qui étoit de fer, ou ferré avec des cercles de fer, on mettoit le feu d'artifice, qu'on allumoit, avant que de tirer le dard; on le pouffoit avec un arc un peu tendu, afin que le mouvement fût plus lent , parce que s'il avoit été pouffé avec rapidité, le feu auroit pû s'éteindre ; il s'attachoit au faîte des maifons, ou aux machines, & y mettoit le feu, qu'on ne pouvoit éteindre avec de l'eau, mais en l'étouffant avec des monceaux de pouffiére. Les Normands en 886. avoient de ces fortes de dards quand ils firent le fiége de Paris.

Philippe Augufte fe fervit au fiége de Dieppe, pour brûler les Vaiffeaux Anglois, qui fe trouverent dans le Port, de ce qu'on appelloit le fen Gregois. Sous fon regne un Ingenieur nommé Gaubert, natif de Mante,trouva le fecret de conferver même fous l'eau une forte de feu d'artifice, enfermé dans des pots de terre fans nulle ouverture. Les feux d'artifice jufqu'au tems de François I. n'ont pas été beaucoup en ufage; les plus fameux de notre temps fent les bombes, les grénades, les pots à feu, les carcaffes, les perdreaux, les dards,

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droyant, le ferpenteau, le baril flamboyant, le baril foudroyant, le baril de compofition, &c. Toutes les efpéces de feux d'artifice, dont on fe fert, ou dont on s'eft fervi dans l'attaque, ou dans la défense des Places, font inventés pour voir les ennemis, & les découvrir pendant la nuit, les harceler dans leurs poftes, afin qu'étant découverts, on ne les laiffe point en repos. Les feux d'artifice font violens, durables clairs, brulants, attachans, & inextinguibles, qualités qui fe trouvent dans le foufre, le camphre, le borax, la poudre pilée, l'huile de petréol, la cire neuve, la poix noire, la colophane, l'huile, le fuif de mouton, & toute graiffe attachante, pénétrante, corrofive, & aifée à s'enfla

mer.

ARTIFICIER, Officier du corps de l'artillerie, eft celui qui compofe les feux d'artifice, que l'on veut jetter dans une place affiégée, ou du bas de celle que l'on défend.

ARTILLIER, ouvrier qui travaill eà l'Artillerie, comme Fondeur, Canonier. Il y a trois Artilliers, qui manient le ca

non.

ARTILLERIE, gros équipage de guerre, qui comprend le canon, les bombes, les petards, & autres armes à feu qui fe chargent à boulets, boëtes, cartouches. On entend auffi par Artillerie la poudre, & tous les outils, & les inftrumens néceffaires à la guerre.

Le Parc de l'Artillerie eft le lieu du Camp

, ou

deftiné à la garde des munitions de guerre. Quand le mot d'Artillerie fe prend feulement pour le canon d'une armée d'une place, on dit dreffer l'Artillerie, décharger l'Artillerie, faire jouer l'Artillerie, fervir l'Artillerie.

L'ARTILLERIE a été inventée en 13 80. par Conftantin Anchtzen de Fribourg, ou felon quelques Auteurs par Bartolde Swarz, Cordelier Chimifte en 1354.

C'eften 1397. que l'on voit Jean de Soifi Ecuyer, avec le Titre de Maitre Général de l'Artillerie, & Vifiteur de toutes les Artilleries de France. Comme fous les dernieres années de Louis XI.il n'y eut plus de Grand-Maî tre des Arbalêtiers, la Charge de Maître d'Artillerie fut partagée en trois. Chacun avoit un certain nombre d'Officiers fubalternes, de Soldats, d'Artifans, d'Ouvriers, fous leur autorité, dans le département qu'on leur avoit affigné. Ce partage dura quelques années ; & cette Charge fut poffedée uniquement & totalement par Guy de Laufieres en 1493. fous Louis XII.

Le Titre de Grand-Maître de l'Artillerie a commencé d'être donné fous François I. enfuite fous Henri II. Charles IX. & Henri III. mais ce fut Henri IV. qui ajouta le plus de fplendeur à cette haute dignité en l'érigeant en Charge de la Couronne,en fayeur de Maximilien de Bethune,Marquis de Rofni, depuis Duc de Sully. Le Grand-Maî tre pour marque de fa dignité met, au-deffous de l'écu de fes Armes, deux canons fur leur affuft,des boulets, & des gabions

Il y a eu long tems fous lui un Lieute

nant Général de l'Artillerie. On trouve ce Titre dès le tems de Louis XI. & non avant; le Grand-Maître nommoit à cette Charge. Ce Titre fut fuprimé en 1703. & on lui donna celui de premier Lieutenant Général, quand l'on créa d'autres Lieutenans Généraux. Comme le Commandement de l'Artillerie eft un des plus importans, & en même tems un des plus dangereux, & des plus laborieux de la guerre, & qu'il demande le plus d'habileté, d'application, & d'expérience, c'eft un des Lieutenans Généraux qui a ce Commandement. Plufieurs par cette route montent à tous les Grades de la Milice.

Autrefois c'étoit un ufage en France; que les Suiffes euffent dans les Armées la garde de l'Artillerie. A leur défaut on la confioit aux Lanfquenets, parce qu'alors la meilleure Infanterie de l'Europe étoit celle des Suiffes, & après celle des Suiffes celle des Lanfquenets. Charles VIII. fut le premier qui chargea les Suiffes de la garde de l'Artillerie. Cette diftinction fut une des récompenfesduffervice, qu'ils avoient rendu à ce Prince à fon retour de Naples, lorfque dans les montagnes de l'Appennin, ils traînerent eux-mêmes le canon dans tous les endroits, où les chevaux ne pouvoient pas être attelés pour le traîner. Sous Louis XII. les Lanfquenets prirent leur place pour la garde de l'Artillerie. Les Suiffes reconciliés avec la France s'en remirent en poffeffion. Sous les fucceffeurs de François I. depuis l'inftitution des Regimens, il n'y en a point eû

de deftinés, & particulierement attachés au corps de l'Artillerie, jufqu'à la création du Regiment des Fufiliers en 1671.aujourd'hui Royal Artillerie, qui depuis fon inftitution eft destiné pour le fervice de l'Artillerie. Ce Regiment, qui à fa création n'étoit que de quatre Compagnies, a eu differentes augmentations, & eft aujourd'hui de cinq Bataillons diftribués dans les Places de guerre, où il y a des Ecoles de Théorie & de Pratique pour les Officiers qui font obligés de s'y trouver. Ce Regiment en campagne campe au Parc de l'Artillerie.

: L'ARTILLERIE fait un corps féparé. Le Grand-Maître & les Lieutenans Généraux ne reçoivent l'ordre que du Roi, ou du Général, & le délivrent dans leur Parc. Les fonctions du Grand-Maître, & en fon abfence,des Lieutenans Généraux, font d'ordonner tous les travaux de l'Armée, tant aux fiéges que dans les marches, ils doivent être informés du lieu, où les pièces doivent être placées. C'eft eux, qui font conduire à la tranchée toutes les armes, & les outils néceffaires, & qui marquent les endroits pour placer les batteries. Il n'y a qu'un Lieutenant Général d'Artillerie en titre dans une armée, les autres en font la fonction par commiffion.

Les Commiffaires d'Artillerie Provinciaux entrent dans tous les détails des Arcénaux, & magazins pour en rendre compte au Lieutenant Général.Les autres Commiffaires fervent par Semestre, & doivent regler tous les mouvemens du canon, & de fa fuite, foit en batterie, ou dans les Arcénaux.

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