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toyens de l'autre fiècle, qui avoient tous les fecours & les titres que l'incendie nous a enlevés, n'ait pas rendu publiques les expéditions maritimes de nos ancêtres: cet Ouvrage eút guidé Hiftorien de la Navigation Françoise. MES CHERS CONCITOYENS, je vous préfente de grands modèles. Si je n'ai pas rendu les glorieufes actions de vos ancêtres, avec l'énergie qu'elles méritent, je crois néanmoins

en avoir fait appercevoir les principes. Vos pères n'ont dû leur gloire qu'à leur amour pour leurs Souverains, qu'à la réunion de leurs volontés en une feule, qui n'avoit pour objet, que le plus grand bien de la Patrie & la gloire de leur Ville. Enfin, jamais ils n'ont ambitionné d'étre nommés aux Offices Municipaux ; mais à fe rendre tels, que les gens bien trouvaffent de la fatisfaction à en remplir les fonctions.

de

MÉMOIRES

MÉMOIRES

CHRONOLOGIQUES..

ÉTAT des lieux avant & lors de la fondation de Dieppe; fon origine & fon accroiffement.

'ORIGINE de Dieppe remonte à Charlemagne, Mais, avant de parler des circonftances qui fixèrent l'attention de ce Prince fur

la baie qu'occupe aujourd'hui cette Ville, il convient d'éclaircir un point de géographie, qui ne paroît pas avoir été jufqu'ici fuffifamment examiné.

Le pays de Caux, où Dieppe eft fitué, n'étoit, avant & depuis Clovis, qu'une vafte forêt, dont celles d'Eawy, A

d'Arques, du Eflet ou Erlet, de Bray, d'Eu, qui exiftent encore aujourd'hui, étoient autant de portions qui n'ont pas été défrichées, comme le furplus l'a été fucceffivement, & de proche en proche.

Les Romains, pour faire refpecter leur conquête par les peuplades livrées principalement à la pêche & à la chaffe, qui exiftoient dans cette grande forêt, y élevèrent, à une lieue & demie, près de la mer, un Fort, qu'ils appellèrent Arelanum : dénomination qui fervit auffi à défigner cette vafte forêt.

Ce fut pour le retirer dans ce Fort, que Clotaire, un des fils de Clovis, pourfuivi par Childebert fon frère, & par Théodebert fon neveu, s'enfonça dans cette forêt d'Arelanum; il étoit même à quatre lieues ou environ de fon but, lorsqu'il défefpéra d'y arriver à temps. La crainte d'être furpris, lui fit fufpendre fa marche; il affit fon camp où il fe trouvoit, &, pour en défendre les approches, il fit abattre beaucoup d'arbres.

que

C'est ici les Auteurs ne font pas d'accord ils varient fur le lieu où s'arrêta le Prince; les uns le placentdans la forêt d'Orléans,& les autres dans

(..

celle de Brotone (1). Tous fe trompent. La preuve en eft fenfible, fi, en raifonnant d'après Grégoire de Tours, on ne peut s'empêcher de croire que la forêt d'Arelanum couvroit autrefois le pays de Caux; car il eft évident que celles d'Orléans & de Brotone n'y font pas fituées, puifque la première en eft à une diftance qui ne permet pas d'en douter ; & la feconde, ainfi que le Roumois, dont elle fait partie, en eft féparée par la Seine,

Ce n'eft, en effet, que par le fignalement laiffé par cet hiftorien, qu'on peut reconnoître le terrein où campa Clotaire. Les principaux renfeignements que cet Auteur nous a transmis fur la fituation de ce lieu, fe réduisent à ceux-ci.

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combre

On l'appelloit de fon temps Bellenà caufe du grand nombre d'arbres qui y avoient été abattus, & il étoit entre Oromella & le Fort d'Arelanum, à-peu-près également éloigné de l'un & de l'autre, & entre les rivières de Varenne & d'Adelanum.

(1) M. de Velly le place dans la forêt de Brotone.j

Ces traits s'appliquent parfaitement au bourg fis fur la première de ces deux rivières, dans la forêt d'Eawy, à côté de celle d'Yaulne, à quatre lieues environ d'Ormefnil qui eft au-deffus, & d'Arques qui eft au-deffous. On le nomme encore aujourd'hui Bellencombre, fans qu'on puiffe affigner à cette dénomination, une autre époque, que celle de l'abattis de bois fait par Clotaire.

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On prétend que le mot de Bourreau pour défigner l'Exécuteur de la HauteJuftice, a pris naiffance dans ce même bourg, & que delà il a paffé & s'eft répandu dans le refte de la France. Voici quelle en fut l'occafion. Richard Borel, lors de la création des fiefs, ne put obtenir celui de Bellencombre qu'à la charge de mettre à exécution les condamnations à peines afflictives, prononcées contre les criminels du pays: il fit faire ce fervice par fes valets, & le public s'accoutuma peu-à-peu à les appeller de fon nom.

La mer couvroit encore, & découvroit périodiquement, au commencement du neuvième fiècle, un marais qui, dans une largeur proportionnée s'étendoit jufqu'à une lieue & demi

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