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1635.

Second, & tous les autres, officiers
Espagnols de ce navire, comme pri-
fonniers de guerre. Il les avoient traités
avec humanité pendant la traversée. Je
dois rendre ici juftice aux mariniers
de Dieppe jamais aucune nation n'a
eu à fe plaindre de leur cruauté ou de
leurs mauvais procédés après la victoire.
: Le bénéfice immenfe que ce galion
donna aux cinquante Flibuftiers, en-
flamma la cupidité des autres marins,
& même d'un nombre de jeunes ci-
toyens qui n'alloient point en mer. On
vit dans Dieppe, fept fociétés qui ar-
mèrent autant de navires en même

temps, pour la flibufte. Les grandes
richeffes qu'ils rapportèrent, donnèrent
de l'émulation aux mariniers des au-
tres ports du royaume ; & quantité de
braves gens qui fe trouvoient mal
dans leurs affaires, prirent ce parti
comme une reffource qui les tireroit
d'une misère qui leur paroiffoit plus
dure que la mort.

Trop d'Auteurs ont parlé de ces
guerriers extraordinaires, pour que nous
nous permettions d'en rapporter quel-
ques expéditions: nous nous bornons
à dire, que la témérité de leurs entre-
prifes & de leurs exploits, ainfi que

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la fingularité de leurs loix militaires, 1635. ne paroîtront pas plus croyables, que les travaux d'Hercules. Le dernier de cette milice flibuftière que nous avons vu à Dieppe, étoit le fieur Sevault mort très âgé en 1743; il étoit furnommé la Vera-Cruz, parce qu'il s'é- toit diftingué dans cette dernière expédition des Flibuftiers.

Les Chartreux de Gaillon crurent que c'étoit donner un fcandale, de permettre l'exiftence du temple des Calviniftes fur le terrein du cimetière de l'ancienne Eglife de Saint Remi, qui relevoit de leur feigneurie de Caude-Côte: en conféquence, ils préfentèrent leur requête, par laquelle ils demandèrent la démolition de cet édifice exiftant fur un terrein qui leur appartenoit à droit de déshérence; & ils fe difoient d'autant plus fondés à le prétendre, que non feulement ils n'avoient pas approuvé cette bâtisse, mais que même ils n'en avoient pas été prévenus, comme ils auroient dû l'être, en leur qualité de Seigneurs du lieu. Le Confeil évoqua la connoiffance de cette affaire, en 1636, fur la requête des Proteftants, & ordonna 1636. qu'avant faire droit, l'Hôtel-de-Ville

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1636. donneroit fon avis fur l'inspection du

local, & fur la convenance & difconvenance de la fituation de ce temple à cet endroit. Les Echevins ayant preffenti que l'intention du Confeil étoit de différer à un autre temps, pour prononcer fur cette demande des Chartreux; ces Officiers municipaux. n'envoyèrent point leur avis au Confeil, & l'affaire refta furfife.

Les citoyens de Dieppe avoient été les premiers de l'Europe qui avoient découvert les côtes d'Afrique au-delà du Cap-verd, & qui en avoient tranf porté des Nègres dans l'Amérique, pour la culture de ce pays. En cette année, quelques armateurs des autres ports de la France, envoyèrent plufieurs navires à la traite des Nègres & voulurent partager avec les premiers, cette branche de commerce, qui n'eut jamais dû exifter. Les négociants de Dieppe fe plaignirent au Cardinal de Richelieu du préjudice que leur feroit cette concurrence: ils repréfentèrent, entr'autres, à ce Miniftre, qu'ils s'étoient obligés, pour faciliter ce commerce, de faire tous les ans, des préfents aux petits Souverains de ce pays, ce à quoi ils n'avoient jamais

manqué; que ce n'étoit qu'à cette con- 1636. fidération que les navires des autres ports, partis pour cette traite, pouvoient la faire; que d'ailleurs ce commerce ne pourroit fe continuer, qu'autant que les armateurs y travailleroient de concert; fans quoi, la concurrence le rendroit infructueux. Le Miniftre ayant examiné la queffion, leur accorda un privilége exclufif pour la traite des Nègres, fous la dénomination de Compagnie du Sénégal.

à

Pour donner plus de confiftance à cette partie, ces négociants équipèrent deux gros vaiffeaux, qu'ils chargèrent de matériaux & d'uftenfiles propres conftruire un Fort, & l'on embarqua fur les autres navires qui alloient faire la traite des Nègres, les provifions de bouche néceffaires pour ceux qui devoient l'habiter. Le capitaine Lambert fut chargé du commandement : ils abordèrent au Sénégal fur la fin de 1637 ils y bâtirent un Fort dans le 1637: quel ils laifsèrent quarante Dieppois. Ils furent donc les fondateurs de cette colonie, comme leurs pères l'avoient été du petit Dieppe, fitué fur la partie fupérieure de cette côte de l'Afrique, plus près de l'équateur,

1637.

Le capitaine Lambert, de retour de fon voyage, rendit compte à fes armateurs du bon état des choses. Ils armèrent encore les mêmes vaiffeaux, auxquels ils en ajoutèrent un autre monté de vingt-quatre canons, dont ils donnèrent le commandement à Lambert; & pour affurer à la nouvelle colonie, une confiftance plus durable, ils y envoyèrent du monde des deux fexes & de différents métiers. Lambert, en faifant route, toucha à l'ifle SaintVincent du Cap-verd, dans laquelle il jugea à propos de mettre douze hommes avec une pièce de canon, pour y faire une efpèce d'entrepôt, & une iste 1639. de ralliement aux navires de Dieppe, qui feroient leur traite le long de cette côte.

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Les négociants avoient par l'ufage, acquis une parfaite connoiffance de la force du corps & du caractère des différentes nations de Nègres qui habitent les côtes de l'Afrique; & ils avoient préféré de faire leur établissement fur celle du Sénégal, parce que les Nègres en font plus difpos & plus travailleurs.

Cette compagnie du Sénégal a procuré à la ville de Dieppe, de gros pro

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