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particulière, ils ont befoin d'avoir » des Pilotes & gens de mer qui foient » de bonnes mœurs, & accoutumés dès >> leur plus tendre enfance, à la piété & » à la foumiffion, &c. >>

Le 28 Mai de cette année, le Confeil accorda un Arrêt, qui diftrait les Fermes du quayage, barrage & languayage, pour en être compté avec les rentes, fiefs, maisons & fontaines, pardevant les Officiers de l'Hôtel-deVille de Dieppe.

Dans le mois d'Août de cette année, la pefte fut apportée de Rouen à Dieppe, dans un fac de procédures, qu'un des habitants de cette dernière ville fit retirer de chez fon Procureur, mort à Rouen de ce mal. Cette pefte, qui n'avoit pas fait de grands ravages dans cette capitale, parut avoir triplé fa malignité, par ce tranfport extraor→ dinaire. Les effets en furent terribles dans Dieppe; on fut obligé d'y établir des évents fur les monts de Caux & du Pollet, & de pofer des limites à une lieue de diftance, pour intercepter toute communication. Cette pefte enleva neuf à dix mille des habitants de cette ville, pendant les cinq premiers

1668.

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1668. mois de fa durée; & ce fléau ne ceffa entièrement, que dans l'hiver de 1670. On rendit graces à Dieu de fa ceffation, par une Proceffion générale.

La guerre avec la Hollande, fit craindre aux Dieppois, que les grands préparatifs maritimes de cette République ne fuffent deftinés contre leur ville. Les bourgeois, qui, en temps de paix ne fe mettoient point fous les armes pour garder leur ville, recommencèrent à faire le fervice militaire; & M. le Duc de Roquelaure, chargé du gouvernement de la Province, en l'abfence de M. le Duc de Montaufier, fit réparer & mettre en état les fortifications. Ce fut par l'ordre de M. de Roquelaure que les habitants commencèrent à tracer un chemin couvert audelà des murailles de leur ville, du côté de la mer, au moyen de terres & de décombres qu'on y apporta fur l'amas de galets qui fe faifoit peu-à-peu, par le rapport des flots: amas qui depuis ce temps, eft devenu fix fois plus confidérable, par le plus grand avancement des jetées dans la mer.

Les corfaires Hollandois venoient prendre les bateaux pêcheurs jufques fur la rade de Dieppe. Pour y obvier,

les négociants armèrent à la hâte, plu fieurs navires, qui donnèrent chasse à ceux des ennemis.

:

La grande Flotte Hollandoife ayant paru fur les côtes de cette ville, à la fin de Mai 1672, la ville de Rouen envoya dix de fes compagnies bourgeoifes, & l'on fit entrer dans le château & la citadelle, cinq-cents militiens gardes-côtes, pour en renforcer la garnifon enfin, on augmenta celle du Fort du Pollet, par deux compagnies du régiment de Navarre. Tous ces préparatifs de défenfe furent inutiles; car la flotte Hollandoife, commandée par Ruiter, paffa à l'élévation de trois lieues de Dieppe, & fut attaquer la flotte Angloife & Françoife, commandées par le Duc d'Yorck & le Comte d'Eftrée.

1672.

Le fieur de Montigny, Gouverneur 1675. de la ville & château de Dieppe y mourut dans le courant du mois de Mai 1675. Il fut inhumé en la chapelle de la Vierge de St Remi, où l'on voit fon maufolée. Sa ftatue y eft couchée, & fon cafque & fes gantelets font à fes côtés.

Le fieur de Montulé, à qui ce gou vernement fut donné, n'y fit pour ain

1678. dire que paroître, étant mort deux ans après. Il y fut remplacé par le fieur Quentin-Mahaut-de-Tierceville, qui vint à Dieppe le premier Février 1678. Le Gouvernement de Dieppe, jus684. qu'en 1684, avoit été cenfé faire partie de celui de la Province; les Gouverneurs étoient nommés par le Roi, fur la présentation des Gouverneurs de la Normandie, & ne pouvoient agir que fous leur nom & autorité: mais cette année, M. le Comte de Manneville, Seigneur de Manneville, de Colmefnil, de Sauqueville, &c. s'arrangea du gouvernement de cette ville, avec M. le Duc de Montaufier; & de l'agrément du Roi, ce gouvernement devint dépendant directement de Sa Majefté. M. le Comte de Manneville en prit poffeffion le 14 Septembre de cette année; & le fieur de Tierceville, nommé ci-devant par M. le Duc de Montaufier, fut pourvu en indemnité, de la place de Lieutenant de Roi de Dieppe.

Louis XIV, dont l'heureuse fortune, jufqu'à ce temps, paroiffoit lui avoir donné le droit de commander à la victoire, penfa que Dieu ne le combloit de tant de profpérités, que pour lui

donner la facilité de réunir tous les

François, à l'Eglife. Catholique. Ce 1684. Prince, outre la gloire qui en devoit revenir à Dieu, penfoit l'unité de croyance, néceffaire dans fon Royaume, pour lui en garantir l'unité d'obéiffance. Par malheur, éblouis de fes fuccès en tout genre, les Miniftres de ce Monarque, flattèrent trop leur Maître, & en exaltant la grandeur de ce projet, ils ne lui en repréfentèrent pas les inconvénients s'ils l'euffent fait, Louis XIV étoit doué d'une judiciaire trop profonde, pour n'en avoir pas rendu l'exécution moins critique, & les fuites moins funeftes à l'Etat, en préparant de longue-main, cet évènement, par la perfuafion, les égards, la générofité, les places & les penfions données aux Calviniftes. Ces armes de paix auroient pu en conquérir le plus grand nombre, après quoi l'autorité n'eût eu qu'à réprimer l'opiniâtreté des plus entêtés, & à garder fi bien les frontières du Royaume, que leur émigration n'en fût pas poffible. Au contraire, faute de ces précautions, l'Edit de 1685, qui révoqua celui de Nantes de 1598, loin de produire le bon effet que Louis XIV en attendoit,

1685.

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