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Cette Confrairie & la victoire qui lui avoit donné naiffance, feroient aujour d'hui oubliées des habitants, fi chaque année, à pareil jour & heure du 14 Août, on ne continuoit de faire une proceffion générale, de chanter un Te Deum, & de célébrer une grande meffe en action de grace de cette victoire.

1443.

ÉVÉNEMENTS arrivés dans
Dieppe à la fin du règne de Charles
VII, fous les règnes de Louis XI,
de Charles VIII & de Louis XII.

DÈS QUE LES DIEPPOIS avoient

eu connoiffance qu'ils alloient être affiégés par Talbot, ils avoient expédié le plus promptement poffible, les navires les plus prêts à fortir du port; ils en reçurent auffi plufieurs chargés demarchandises pendant le fiége. Après la prise de la Baftille, ils s'occupèrent à réparer leurs navires & à en rebâtir à la place de ceux qui avoient été trop endommagés ou détruits par le cauon

des Anglois. La trève fignée à Tours 1444. en 1444, par les deux nations, donna les plus grandes efpérances aux habitants de pouvoir étendre leur commerce & leur navigation; mais les Anglois furieux de la perte de leur armée devant les murailles de Dieppe, continuèrent, quoiqu'en temps de paix, d'attaquer les vaiffeaux de fes citoyens. Ses armateurs & ses mariniers indignés de ce procédé contraire au droit des gens, réunirent leurs forces & mirent en mer une flotte qui protégea leur commerce & leur pêche, & qui en impofa tellement aux Anglois, qu'ils cefsèrent leurs hoftilités maritimes,

Ceux-ci ayant rompu la tréve en 1448. 1448, le fieur Defmarets, CapitaineCommandant, propofa aux citoyens de profiter de l'imprudence des Anglois pour leur enlever Fécamp. Ces ennemis venoient de relever par mer, la plus grande partie de la garnifon de cette place, fans attendre que les troupes de remplacement y fuffent arrivées. La propofition fut acceptée; le fieur Def marets fortit de Dieppe avec cinq compagnies bourgeoifes, pour fe rendre à Fécamp. Ils y arrivèrent dans un temps où on ne les y attendoit pas ; ils pri

rent la place par escalade, & firent prifonniers le petit nombre d'Anglois qui y étoient en attendant le renfort de garnison; & réellement cinq à fix heures après, les vaiffeaux qui l'appor toient entrèrent dans ce port. Les Anglois furent fort furpris de s'y voir arrêter comme prifonniers de guerre, tandis qu'ils y venoient à titre de conquérants.

Les Dieppois remirent les prifonniers, ainfi que Fécamp, dans les mains de Charles VII. Ce fut le dernier fervice que ces citoyens rendirent à ce Prince, qui mourut en 1461. Ce feroit une injuftice de ne le pas compter parmi nos grands Rois, puifqu'il pofTéda dans un degré éminent, la connoiffance des hommes, & qu'il en fut profiter pour les mettre en leur place; enfin, parce qu'il fe diftingua moins encore par la conquête qu'il fit de fon Royaume, que par le fruit qu'il tira de fes difgraces: ce fut la fageffe avec laquelle il le gouverna, quand il s'en fut rendu le maître.

Le Dauphin fon fils, Libérateur de Dieppe, monta fur le trône fous le nom de Louis XI. C'eft le premier des Rois de la troifième race qui ait

1448.

1461.

1461. commencé à faire valoir les droits de la couronne de France. Cette ville ne peut que bénir la mémoire de ce Prince, qui l'a aimée & protégée fingulièrement. Louis XI fe fouvint toujours avec plaifir, des lauriers qu'il avoit cueillis parmi fes citoyens ; & les Parifiens, qui favent choifir l'encens qu'ils préfentent à leurs Rois, lui donnèrent pour fpectacle à fon entrée dans leur ville, la représentation de l'affaut livré à la Baftille Angloife, que ce Prince avoit emportée au péril de fa vie.

Dieppe de fon côté mérita les bonnes 1470. graces de Louis XI par fon inviolable attachement. Ce fut en vain que les Princes & les Seigneurs révoltés contre lui, tâchèrent débranler la fidélité de fes citoyens par les promeffes & les raifons les plus féduifantes, aucun d'eux ne prêta l'oreille aux propofitions des Ducs de Bretagne & de Bourgogne; leurs follicitations firent même comprendre aux habitants, le defir qu'ils avoient d'avoir leur ville : on mit en état fes fortifications, & on redoubla les poftes; de forte que les, troupes qui tenoient pour les Princes, ne purent pénétrer dans Dieppe, foit par rufe, soit par force.

Charles, Duc de Bourgogne en 1472, crut devoir faire oublier la honte qu'il venoit d'effuyer devant Beauvais, par la prife de Dieppe ; mais il y trouva des bourgeois qui ne le cédoient ni en bravoure ni en fidélité à ceux de Beauvais. Les forties continuelles des Dieppois, prefque toujours fuivies du fuccès, l'obligèrent de lever le fiége de leur ville, après neuf jours d'attaque.

Le 11 Avril 1475, les citoyens obtinrent du Roi une commiffion d'armer des vaiffeaux pour courir fur ceux d'Angleterre, & fur la demande des Armateurs & Capitaines, il ordonna que les autres bourgeois contribueroient de moitié à la dépenfe des munitions & victuailles de ces vaiffeaux; ce qui fit loi pour la fuite.

La Poiffonnerie de Dieppe qui, depuis un temps, avoit été tenue en la place du Moulin à vent, fut remife en 1477, en la rue nommée encore l'ancienne Poiffonnerie.

La navigation commerçante & la pêche de cette ville avoient repris toute leur vigueur: les Anglois étoient alors trop acharnés les uns contre les autres pour inquiéter fes habitants. Le Comte

1472.

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