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> rites, ni la considération de mon indignité, ni » la haute idée que j'ai de la béatitude céleste, ne » sont point capables de m'abattre ni de donner > la moindre atteinte à la fermeté de l'espérance » dans laquelle mon cœur est fortement enra» ciné... Ces trois choses, dans lesquelles consiste > toute mon espérance, sont l'amour que Dieu m'a » témoigné en m'appelant à la grâce de l'adoption » de ses enfants, la vérité de ses promesses, et sa » toute-puissance à les accomplir. Il veut me sau> ver, il en connaît les moyens, il peut et veut » me les procurer, je m'abandonne sûrement à » lui. » Demeurons donc fermes et inébranlables dans la profession que nous avons faite d'espérer, puisque Celui qui a promis est fidèle dans ses promesses 1.

S XI.

L'Espérance chrétienne s'applique toutes les promesses faites aux élus. Objections réfutées.

I. Les promesses que Dieu a faites aux élus de leur donner la vie éternelle et toutes les grâces qui sont nécessaires pour en mériter la possession, sont absolument certaines, infaillibles et immua

bles. Ceux que Dieu a connus dans sa prescience, il les a aussi prédestinés pour être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il fut l'aîné entre plusieurs frères ; et ceux qu'il a prédestinés, il les a

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aussi appelés; et ceux qu'il a appelés, il les a justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Après cela, que dirons-nous? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Tous les élus seront appelés à la foi et à la grâce; tous seront justifiés; tous persévéreront jusqu'à la fin, et Dieu produira en eux tous ces effets par une grâce qui ne leur imposera aucune nécessité, mais qui, sous ses impressions les plus fortes, leur laissera un pouvoir très-réel et très-véritable d'y résister. Ils seront tous glorifiés; aucun d'eux ne périra; rien de ce qui est sur la terre, ou dans les enfers, ne sera capable de les séparer pour toujours de l'amour de Dieu en Jésus-Christ, comme saint Paul l'enseigne si expressément au même endroit.

II. Les apôtres avaient appris cette doctrine de Jésus-Christ même. Tous ceux, dit-il 2, que mon Père m'a donnés, viendront à moi, et je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi. Car je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé. Or la volonté de mon Père, qui m'a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. Mes brebis entendent ma voix, je les connais et elles me suivent; je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront point pour l'éternité, et nul ne les ravira d'entre mes mains. Ce que mon Père m'a donné, est plus grand que toutes choses; et

1 Rom., 8, 29, etc.

Joan., 6, 37, 38, 39.

personne ne le peut ravir de la main de mon Père : mon Père et moi nous sommes une même chose1.

Quelques-unes de ces brebis, dont Jésus-Christ parle en ces endroits, peuvent s'égarer pendant quelque temps et ne point entendre sa voix, ni suivre ses maximes et ses exemples. Mais il leur fera la miséricorde de reconnaître leurs égarements, d'entendre et de suivre leur pasteur jusqu'à la mort. Elles ne périront point pour l'éternité. Jésus-Christ nous a avertis que la corruption des mœurs et la séduction, surtout vers la fin des siècles, deviendra grande jusqu'à entraîner les élus mêmes, si cela était possible 2: et, par ces dernières paroles, il nous déclare que quelque générale que puissent être l'une et l'autre, les élus en seront préservés. L'apôtre saint Jean nous avertit aussi qu'il viendra des temps où les petits et les grands, les riches et les pauvres, les libres et les esclaves, recevront le caractère de la bête, à la main droite ou au front; et qu'elle sera adorée par tous ceux qui habitent sur la terre*; mais cet apôtre y ajoute ces paroles, dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie de l'agneau, pour excepter les élus qui ne prendront point de part à cette séduction générale.

III. Nous avons déjà dit que personne n'est assuré d'une certitude absolue et infaillible d'être du nombre des prédestinés, et d'avoir part aux

Joan., 10, 27, etc. 2 Matt., 24, 24.
Ibid., 8.

3 Apoc., 13, 19.

promesses immuables qui les regardent. Mais nous avons dit aussi que tous les fidèles sont obligés d'espérer qu'ils sont du nombre des élus, et qu'ils ont part à leurs promesses; et c'est ce qu'il faut montrer ici plus au long.

IV. L'espérance chrétienne est très-expressément commandée à tous ; et elle n'est pas d'une obligation moins étroite et moins indispensable que la foi et la charité. Or, l'objet de cette espérance est la vie éternelle et les grâces nécessaires pour la mériter. Il est donc clair que tous les fidèles, sans aucune exception, sont obligés d'avoir une ferme confiance qu'ils sont du nombre des élus, du nombre de ceux à qui la vie éternelle et la suite des grâces nécessaires pour y arriver sont promises. Et, comme ils ne peuvent sans crime laisser éteindre en eux la foi et la charité, ils se rendent de même criminels devant Dieu, lorsqu'ils laissent éteindre en eux cette espérance.

V. On a déjà dit ailleurs, que, selon saint Bernard, l'effet propre de l'espérance est de nous appliquer toutes les promesses et particulièrement celles de la vie éternelle, à laquelle il faut réduire toutes les autres. « La foi dit dans notre cœur : » Dieu a préparé des biens incompréhensibles à > ceux qui lui seront fidèles. L'espérance dit : » C'est à moi que ces biens sont réservés ; et la » charité dit : Et moi je cours vers Dieu de toute >> ma force pour les obtenir de lui 1. >> Il faut donc

'Bern., serm. 10, in. Ps. 90, n. 1.

s'appliquer toutes les promesses de Dieu ; et concevoir que ce n'est pas seulement aux hommes en général, mais que c'est à nous en particulier que ces promesses sont faites. Toutes les promesses faites en général ne s'exécutent que par l'application que les particuliers s'en font par l'espérance : et sans cette application particulière, toutes ces promesses ne tomberaient sur personne, et ne produiraient aucun effet, parce que personne ne les prendrait pour soi; et qu'elles deviennent nécessairement vaines, lorsqu'on les laisse dans une certaine généralité, que personne n'ose déterminer par rapport à soi. A qui deviendront utiles tant de choses magnifiques que l'Ecriture nous dit touchant l'amour éternel de Dieu pour ses élus, touchant les soins paternels qu'il en prend, les dons inestimables dont il enrichit leur âme en cette vie, les biens ineffables dont il les comblera dans le ciel, si chaque particulier n'ose s'en faire l'application, sous ce prétexte que personne n'est absolument certain d'être du nombre des élus? Comme cette raison ou ce prétexte convient généralement à tous, ces grandes promesses dès lors deviendraient vaines et inutiles par rapport à tous les particuliers et cependant l'apôtre nous avertit que tout ce qui a été écrit a été écrit pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que nous trouvons dans les saintes Ecritures, nous concevions une ferme espérance1.

1 Rom., 15, 4.

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