C'EST ainfi l'on raifonnoit encore, que fous les Théodofe & les Valentiens: Un Miniftre de Théodose II, en 431, le vertueux Florence, pour apprendre à fon Maître qu'il ne convenoit pas ne convenoit pas de faire contribuer les vices, parce que c'étoit les au torifer, donna au fifc l'une de ses Terres, dont le revenu égaloit le produit de l'impôt annuel, que l'on avoit mis fur la proftitution (1). LES CHAPITRE X I. Du Jeu, fous Louis XIII. Es Lois, comme on l'a vu (2), se rẻveillèrent dès le commencement du règne de Louis XIII: on en fit de nouvelles & même de plus févères. Quarante-fept Brelands autorifés, dont plufieurs Magiftrats tiroient tous les jours une pistole, furent abolis; & l'on difoit tout haut : « Le Pre» mier Préfident, le Lieutenant Civil, le (1) Novel. Theodof. 18. (2) Voyez le Chap. IV. » Procureur du Roi du Châtelet, font » grande chère à nos dépens, & fi ne leur » coûte-t-il rien, car ils n'achetent point la » chair; mais patience, s'ils en veulent » déformais, ils la payeront ou s'en paf» feront (1). » LE peuple s'arrêta, les Grands continuèrent. Baffompière & fes pareils, trouvèrent parmi la Nobleffe du règne précédent, des joueurs toujours prêts à leur tenir tête : il est vrai que l'on fe cachoit; mais on n'en jouoit que plus gros-jeu. Le Maréchal d'Ancre rifquoit, communément, jufqu'à vingt-mille piftoles (2). LA contagion, n'avoit pas encore gagné les Provinces & l'on ne jouoit, à la Cour, que les jeux d'Etiquette : l'exemple de Louis XIII contenoit les Courtisans, du moins en sa présence; on dit qu'ils font plus hardis maintenant. CE Prince, ennemi des jeux de hafard n'aimoit que les Echecs; mais trop, fi l'on (1) Journal de Henri IV, Tom. IV. pag. 212. en juge par l'anecdote fuivante : afin de lui procurer le moyen d'y jouer en voiture, on fit, pour lui, ce qu'on avoit pratiqué à Rome ponr l'Empereur Claude (1). C'està-dire que l'on fit un Echiquier bourré, fur lequel les pièces garnies d'aiguilles en deffous, s'adaptoient de manière que le mouvement ne pouvoit pas les faire tomber (2). LE Bilboquet de Henri III (3) & l'Echiquier de Louis XIII, ne font que ridicules: excufons les Monarques bien intentionnés, quand ils ne se permettent que des chofes frivoles ou puériles. (1) Solitus in geftatione ludere, ita effedo alveoque adaptatis, ne lufus confunderetur. SUET. Claud. Cap. XXXIII. (2) THOM. HYDE, De Lud. Oriental. Lib. I. p. 68. (3) Voyez le Chap. IX. CHAPITRE XI I. Du Jeu, fous Louis XIV, LES révolutions opérées dans le Gouvernement & dans les Mœurs, par le Cardinal de Richelieu qui jouoit un jeu plus férieux encore que ceux dont il s'agit (1), avoient confidérablement rallenti ces derniers ils reprirent avec plus de force fous un autre Cardinal, profondément imbu de l'efprit Italien. Ce Miniftre, indépendamment de fon goût particulier, fut les allier à ses vues politiques ; &, à leur aide, prolongea l'enfance du Prince fous lequel il gouvernoit, : « MAZARIN, dit l'Abbé de S. Pierre, » introduifit le jeu à la Cour de Louis XIV, » en 1648: il engagea le Roi & la Reine » Régente à jouer, & l'on préféra les jeux » de hafard, Le jeu paffa de la Cour à la » Ville; & de la Capitale, dans toutes les (1) Tanto majores humana negotia luđi. Juv, Sat. XIV. v. 264. » petites Villes de Province. On quitta » les jeux d'exercice, tels que la Paume, » le Mail & le Billard. Les hommes en » devinrent plus foibles, plus mal-fains, » plus ignorans, moins polis; les femmes, » féduites à leur tour par ce nouvel attrait, » apprirent à se moins respecter (1). » DÈS - LORS, on ne vit que des Joueurs d'un bout de la France à l'autre : ils fe multiplioient rapidement, dans toutes les profeffions & même dans la Robe, qui fe piquoit encore d'une certaine décence. Le Cardinal de Retz rapporte, dans fes Mémoires, qu'en 1650 le Magiftrat le plus vieux du Parlement de Bordeaux, & qui paffoit pour en être le plus fage, ne rougiffoit pas de rifquer tout fon bien dans une foirée ; & cela, ajoute-t-il, fans que fa réputation en fouffrît: tant cette fureur étoit générale (2). Elle se mêla bientôt aux circonftances les plus importantes de la vie, ainfi qu'aux affaires les plus graves. LES Etats n'offroient plus, lorfqu'ils (1) Annales de l'Abbé de S. PIERRE, Tom. I. pag. 61, (2) Mém. du Cardinal de RETZ, Tom. II pag. 77: |