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A MONSIEUR,

FRERE DU ROI.

MONSEIGNEUR,

Je méditois depuis long-temps d'écrire fur le Jeu, lorsque la Renommée nous apprit que vous en blâmiez les excès; & ce fut alors que je me

fentis plus de force, plus de cou

rage.

J'appris encore, par l'un des hommes inftruits & honnêtes qui ont l'honneur de vous approcher, que, confidérant cette paffion comme un riche supplément à celle de la cupidité, vous defiriez d'en connoître les progrès, les viciffitudes, & fur-tout les remèdes.

Les vrais remèdes ne peuvent être adminiftrés que par ceux qui, comme vous, MONSEIGNEUR, fervent de modèles & forment l'opinion; l'exemple des Princes vertueux eft plus impofant que les préceptes.

Dès que j'eus raffemblé des matériaux, je fouhaitai, pour l'intérêt des mœurs, que le digne Rejeton de

STANISLAS le Bienfaifant, qui avoit daigné lui-même m'ouvrir la carrière des Lettres (1), voulût bien agréer l'hommage d'un travail spécialement entrepris pour feconder & ses vœux, & les fublimes intentions de fon Augufte Frère, dont le cœur plein de juftice, plein de bonté, n'a jamais reffenti que des paffions généreuses.

Vous m'avez permis, MONSEI

GNEUR, de faire paroître fous vos aufpices cet Ouvrage dont vous approuvez le motif & l'intention. En vous l'offrant, je me félicite, avec toute la France, de ce que nous avons le

(1) Sa Majesté le Roi de Pologne honora, de fa préfence, la Séance tenue le 30 juin 1757, l'Académie royale de Nancy, pour la réception

de l'Auteur.

à

bonheur de voir, dans le Prince le plus voifin du Trône, le protecteur des Lettres & l'exemple de la Nation.

Je fuis avec un très-profond res

pect,

MONSEIGNEUR,

Votre très-humble & trèsobéiffant ferviteur,

DUSAULX,

PRÉFAC E.

L'ANTIQUITÉ n'offre pas un feul Ouvrage, spécialement dirigé contre la paffion du jeu : il paroît, au contraire, qu'on s'occupoit beaucoup plus des moyens de perfectionner les différens jeux, que d'en retarder les progrès; & ce n'eft pas, dit Ovide, un des moindres reproches que nous puiffions faire à nos ancêtres (1).

ON lit dans Suétone, que l'Empereur Claude aima tellement le jeu, qu'il écrivit fur l'art de jouer (2); art qu'il vaut mieux, assurément, oublier qu'enseigner. Thomas Hyde, dans fon Livre des Jeux Orientaux cite plus de vingt Auteurs qui, en différens idiomes, ont parlé d'une multitude de jeux, dont les noms ne font plus guère connus que des Savans.

(1) Sunt aliis fcriptæ, quibus alea luditur, artes ; Hæc eft ad noftros non leve crimen avos,

Trift. II.471.

(2) Aleam ftudiofiffimè lufit; de cujus arte librum

quoque emifit. Claud. Cap. XXIII,

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