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2.2. q. 84. art, 1. ad 3.

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ya des limitations & des restrictio qu'on pofe des bornes au-delà de on ne va point & on ne veut poir On ne fe propofe pas d'aimer Dieu fon cœur, quand on ne tend point blir & à diminuer continuellement tout amour de foi-même ou de la cr qu'on ne travaille point à réform fes défauts, même les moins grof éviter le péché même véniel, à pr plus parfaitement les vertus prop fon état, à fe rendre plus agréable à & à accomplir plus fidélement fes v en toutes chofes; en un mot à lui r ter plus perfévéramment & plus uni lement toutes fes pensées, toutes le &ions, toutes les actions: fi peu que qui y manque, ce fera autant de retr fur le tout que Dieu demande par le précepte auquel toate la Loi fe rap

C'est la doctrine de S. Auguftin S. Thomas. Celui-ci décide que l'a de Dieu qui tombe fous le précepte tombe pas felon une certaine mesure forte que ce qu'il y auroit de plus ne que de confeil: Non cadit fub præcep cundùm aliquam menfuram, ita quòd id eft plus, fub confilio remaneat : il le pr par la lettre même du Commandemen renferme la perfection: Vous aimerez de tout votre cœur: Ut patet ex ipfâf pracepti que perfectionem importat: Di Dominum ex toto corde tuo. Il s'expl encore plus nettement, lorfqu'il enfe après S. Auguftin, que l'amour m dont les bienheureux aiment Dieu dan Ciel, qui eft l'amour parfait & la cha

Confommée, fait partie du précepte, & n'en doit point être excepté : Etiam perfectio Ibid. ad 2 patria non excluditur ab illo præcepto, ut dicit S. Auguft. de Auguftinus. La raifon qu'en apporte faint perf. jait. n. Auguftin, eft que, quoiqu'il foit vrai que 16 ad A19. & Epift. nous n'aurons jamais la charité ici -bas fellic. n. 16. dans cette fouveraine perfection, quelque progrès que uous faflions, non quòd hîc valeamus; il est également vrai que nous devons délirer cet amour parfait, y afpirer, nous en procurer le plus de dégrés que nous pourrons, fed ad quod proficiendo tendamus, gémir de ce qui nous manque faire comme l'Apôtre S. Päut, qui aimoit à oublier & à perdre de vue ce qu'il avoit déja fait & comme laiffe derriere lur, pour fe tourner fortement, & fe dreffer, pour ainfi dire, vers ce qui étoit devant lui, & qu'il n'avoit pas encore atteint: Qua retrò Philip. 34 funt oblivifcens, ad ea verò quæ priora funt 13, 14. extendens meipfum, ad deftinatum perfequor. Qu'on ne dife donc pas que Dieu nous auroit fait un commandement inpoflible & pratiquer, s'il nous avoit commandé de l'aimer d'un amour parfait. Si nous ne pouvons pas le pratiquer en effet, nous pou vons le pratiquer dans le vou, in voto, c'eft-à-dire, par le défir, par la volonté, par l'intention: ce qui eft dans le fond la feule chofe que Dieu exige de nous ici-bas. C'eft la réflexion que fait encore 8. Auguftin fur ces paroles même de S. Paul:

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Trad 4.

L'Apôtre, ditce Pere, ne nous donne » d'autre idée de la perfection pour cette Ep. Joan, n. vie, que d'oublier ce qui eft derriere; 6. L. 9. dec & de tendre par l'intention à ce qui eft Trin, n. L. • devant: Perfectionem in bâc vitâ dixit, fes

cundùm intentionem fequi, extendi

De vità No- » disposé de telle maniere, dit S. fis. p. 169. » de Nyffe, qu'on veuille toujour » ter plus haut dans la pratique

2540

c'eft-là la perfection de la na Bern. Ep. « l'homme. » S. Bernard parei établit pour maxime, que le défir terrompu de la perfection, eft r perfection même: Indefeffum pr defiderium perfectio reputatur. Il ne oublier qu'il s'agit d'un défir qui cere & véritable, & que le défir r qu'autant qu'il produit quelque ch réel, & qu'il eft fuivi des efforts l'effectuer: An

L. 3. Contrà

dus Epift. que nous ferons pour Pelag. n. 22. tibus & proficientibus, dit S. Auguft

S. Paul re

III..

Mais n'outrons-nous point la m connoît &en- Ne confondons-nous pas la conditi feigne l'obligation de fimples Chrétiens avec la vocation d endre à la ligieux & Religieufes? Que ceux-ci Perfection, obligés de tendre à la perfection, c'e chole indubitable & que perfonne ne tefte. En exiger autant du commu fidéles, n'eft-ce pas excéder & port chofes à une rigueur mal entendu conviens que fi on demandoit en gé de tout fidéle, le même genre de P Aion qu'on demande d'une perfonn a embraffé la vie Religieufe, l'on a tort, & que ce feroit un excès. Mais n'auroit pas moins tort, & l'on tomb dans un relàchement très-condamna fi on déchargeoit les fimples fidéles de bligation d'afpirer à la perfection des tus de leur état, comme doit faire

Religieux par rapport à la perfection de fes engagemens. Ceci fe développera dans la fuite; & je crois que pour le préfent la chofe s'entend fuffifamment. Tout le réduit à ces deux mots: La Perfection n'eft pas la même pour tous: mais l'obligation de tendre à la Perfection est égale pour tous. Les preuves que nous avons déja données de cette obligation, font décifives. J'y ajouterai celle-ci que je tire des Epîtres de S. Paul, ou plutôt du langage ordinaire de l'Apôtre.

Philip. 1.

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Ephef. 4. 15.

2 Tim. 3. 17 Rom. 12.-2.

c.

Je l'entends par-tout faire des vœux, des fouhaits, des prieres, pour que la 9. Coloff. 1. charité croiffe de plus en plus, & qu'elle 6, 10, fe multiplie dans les Chrétiens à qui il écrit. Il les exhorte fans ceffe à abonder en toutes fortes de bonnes œuvres, à fructifier en tout bien, à fe procurer de nouveaux accroiffemens dans le Corps de Jesus-Christ dont ils font membres, & à s'avancer chacun felon la mesure de fon don. Il fouhaite que le Chrétien devienne un homme parfait, propre à toute bonne œuvre; que le Seigneur le forme à tout genre de bien, qu'il lui faffe la grace de connoître de plus en plus la volonté de Dieu, & ce qu'il y a de meilleur & de plus parfait, afin qu'il en faffe choix dans la pratique.

Ce font là les phrafes familieres de faint Paul, comme la fimple lecture de fes Epitres en fait foi. En vain la lâcheté des Chrétiens recourroit-elle encore ici à fa reffource ordinaire, & prétendroit - elle réduire à de fimples exhortations & à des, invitations de pur confeil, tout ce langage de l'Apôtre. Si c'eft le terme précis de

commandement qu'on croit y tro manque, l'équivalent s'y rencontr que S. Paul propofe des confeils d rogation, à quoi il ne prétend poi ger, il a foin de s'en expliquer: ai qu'il traite du Célibat, & qu'il d fouhaiteroit que tous lui reffembla 1 Cor. 7. 25. fuffent comme lui fur cet article omnes vos effe ficut meipfum ; il ne m pas d'avertir que ce n'eft point u qu'il impofe, mais un confeil qu' gere; que tous en effet n'y font pellés, parce que chacun à fon don d'une façon, l'autre d'une autre. C clair & précis: perfonne ne peut s'y prendre. Mais à moins de quelque cor pareil, ce fercit vouloir fe tromper. de ne pas prendre pour des ordonn de l'Efprit faint, toutes les leçons que donnent les Apôtres qui en étoien organes vivans. Si on fe donne car far un point, rien n'empêchera de pre la même licence fur tous les autres. S ne veut pas reconnoître un devoir réel ce que dit S. Paul de la perfection & l'avancement fpirituel, parce qu'en fleurs endroits l'Apôtre n'en parle qu fouhaitant, qu'en exhortant, qu'en dé rant qu'il le demande à Dieu dans prieres; il fera libre de même de retr cher da nombre des obligations du Ch tiens, celle d'imiter Jefus Chrift, pa Ifor 4.16, que S. Pauk fe contente d'exhorter & conjurer les Chrétiens de le faire, R vos, imitatores meî eftote ficut & ego Chrift il en fera de même de la fuite du péch que l'Apôtre en un endroit de fes Epîtr

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