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Tom. 5. P.

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> retranchées. Il ne met point entre elles » une feconde efpece dont on puiffe dire qu'elles ne font ni fécondes ni ftériles. > Il ne réserve pas la fécondité pour un » état parfait ; il n'en difpenfe pas un » autre plus commun & moins élevé.

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» Ces modeles (Jesus-Chrift, S. Paul, » &c.) font bien parfaits, & ils peuvent paroître à plufieurs peu proportionnés à »notre foibleffe & j'en conviens, s'il » n'eft queftion que de notre foibleffe & » non de nos devoirs. Mais après ce que > nous a dit Jefus Chrift en nous ex» hortant à être parfaits comme notre » Pere célefte, quelles bornes nous est-il » permis de donner à nos devoirs ? Ce » n'eft point un homme capable d'exage»rer, qui nous parle ainfi. C'eft la vérité » même qui fçait infiniment mieux que nous, de quelle argile nous fommes formés mais qui fçait à quel degré de » fainteté la grace du Chriftianifme a da >> nous élever... Le grand Apôtre n'igno»roit pas notre baffeffe, en nous mon»trant une perfection fi fublime: mais il

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fçavoit que Jefus-Chrift nous en avoit » tirés, en nous élevant à la gloire des » enfans de Dieu, & en nous communi» quant fon propre efprit qui nous rend »tels ... & qui ne regarde pas comme un défir préfomptueux celui de reffen bler à un fi parfait original ( J. C.)

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Ce qu'il faut entendre par la Perfe-
Etion Chrétienne..

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I.

La Perfe

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I. Dans des

minens.

E- que nous venons de dire fort en abrégé fur l'obligation finguliere dont ction ne conil s'agit, doit fuffire. Car n'eft-il pas éton- fifte point nant qu'il faille même se mettre en devoir œuvres fingude prouver à un Chrétien qu'il doit fe pro- lieres. 2.Dans pofer d'être parfait, pendant que l'homme des dons fin fe porte naturellement à la perfection en guliers & é tout autre genre, & n'attend pas même qu'on l'y exhorte? Trouvera-t-on un Artifan qui exige qu'on lui démontre à grands frais qu'ii doit afpirer à fe perfectionner dans fon art un Négociant dans fon com-merce, un Avocat dans la connoiffance des Loix, un Officier dans le métier de la guerre ?

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Une des caufes de cet aveuglement fur un auffi important devoir, c'eft qu'on s'en forme une fauffe idée, & qu'on fe place dans des points de vue d'où la perfection effraie, ou rebute. Elle effraie les uns, parce qu'elle leur paroît impraticable; elle rebute les autres, parce qu'elle leur femble baffe & méprifable. Ce que nous allons dire pour la faire connoître telle qu'elle est dans la vérité, contribuera également & à défabuser tous ceux qui contestent fon obligation foit par un principe de découragement, foit par une prétendue force

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d'efprit; & à prévenir l'illufion des ames peu éclairées qui en travaillant à leur perfection, prennent le change, & donnent

dans les abus.

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:

que >

?

Les uns entendent' par la perfection chrétienne la pratique extérieure des grandes chofes par exemple, des œuvres fingulieres de mortification, des jeûnes extraordinaires, des auftérités multipliées & recherchées, des actions héroïques de charité, de piété, de religion. Il eft vifible que ces perfonnes fe trompent. C'eft à peu près, comme fi en genre d'aumône on fixoit le dégré de perfection dans des profufions & des largeffes telles que celles de ees riches de l'Evangile, comparées avec les deux oboles de la pauvre Veuve. JefusMar. 12. Christ renverse ces idées lorsqu'il prononce que cette pauvre femme a plus donné que les Riches & fon aumône eft plus grande devant Dreu. Ileft vrai que la perfection opere fouvent de grandes chofes même à l'extérieur, dans ceux qui la cultivent: mais elle fe trouve cependant dans un grand nombre de perfonnes où l'on ne voit rien de pareil, parce que Dieu ne les y appelle pas. Après tout, ce ne feront toujours que les dehors, pour ainfi dire, & les œuvres de la perfection, & non la perfection elle-même. Pour n'avoir pas fait cette diftinction, beaucoup de perfonnes fe font égarées: ç'a été un piégé quiles a conduites à l'indifcrétion, & qui les a perdues par la préfomption. On a voulu embraffer un genre de vie qui étoit au-deffus de fes forces, & on n'a pu s'y foutenir on a suivi une fecretter ambition qui por

toit à de grandes chofes, & on s'est gâté par la vanité: on a entrepris des œuvres eminentes qui demandoient une vertu aussi éminente & on a échoué, en les pratiquant mal: pour courir après le fingulier & l'héroïque, on a manqué au néceffaire & à l'effentiel, on a négligé les devoirs les plus preffans.

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D'autres fe figurent l'état de perfection comme un état merveilleux qui éleve l'homme au-deffus de fa condition ordinaire, qui renferme un don de priere prefque miraculeux, qui méne à une contemplation fublime, à une connoiffance rare & profonde des perfections de la Divinité & des Mysteres les plus relevés. Autre illufion. Il est vrai que ce fera quelquefois le fruit & la récompenfe de la vertu, dans des perfonnes bien ferventes, qui auront fait de grands progrès dans leur fanctification, d'être ainfi gratifiées de faveurs céleftes, & honorées de certains dons excel lens. Mais ce qui fera le prix de la perfetion, ne fera point la perfection même. Ce font deux chofes très-diftinguées : & il peut arriver qu'une perfonae qui n'eft rien moins que parfaite, aura ou s'imaginera avoir quelque chofe de cet état confolant & privilegić. Au contraire l'ordre commun des chofes, eft que les plus parfaits d'entre les Chrétiens, n'éprouvent en eux rien de fingulier ni d'extraordinaire.

II.

On pourra encore penfer que la Perfer

La Perfe

et on chrétienne confifte dans des confo- &tion Chrélations habituelles que goûte une ame fer- tienne accon

rieure des conseils.

fite pas 3. vente, dans une piété toujours tendre Dans les con- fenfible, affectueule, dans une onction folations & intérieure de la Grace qui procure tout à la des goûts fpifois & des fuavités perfévérantes dans la rituels 4. • Dans la pra- pratique du bien, & une merveilleufe facitique exté- lité pour le faire prefque fans peine, fans répugnance, fans combat. On fe fera fait cette idée, fur ce qu'on aura remarqué dans l'histoire de la vie de plufieurs grands Saints, tels que S. Paul, qu'ils jouilloient d'une confcience tranquille, d'une paix parfaite, d'une joie raviffante. Mais on confond encore ici la chofe, avec ce qui en eft le fruit. Communément Dieu répand les confolations de fon Efprit faint à proportion que la charité croît : ce font des avant-goûts du bonheur de l'autre vie, que le Seigneur veut bien accorder dès celle-ci aux ames qui font plus pures à fes yeux & plus chargées de mérites. « Quittez » tout dit le Livre de l'Imitation

,

&

vous trouverez tout: Dimitte omnia, invenies omnia: car à mesure que vous renoncerez davantage à toutes les fatisfactions de la nature & des fens, Dieu vous donnera en échange celles de l'efprit & de la foi. Mais ce ne fera toujours qu'une fuite & une récompenfe de la fainteté plus grande & accomplie, & non la fainteté même. C'eft afin de nous le faire entendre, que Dieu ne fe conduit pas toujours uniformément fuivant cette méthode, & qu'il y a de très-faintes ames, qui ne jouiflent pas de ces goûts fenfibles, à qui la vertu coûte jufqu'à la fin de leur vie, & qui quoique réellement pleines d'amour pour Dieu, n'ont pas la confolation de le fentir.

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