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confignée dans la Tradition des trois prea miers fiécles qui l'avoient précédé. Je me contenterai de produire l'autorité de faint Clement d'Alexandrie. « Ce fera, dit cet » Auteur, une bonne préparation à la » mort, de fçavoir fe contenter de ce que » demandent les befoins réglés par la na> ture fans rechercher rien au-delà & » fans paffer ces bornes, ce qui eft le point L. 2. Strom, » où commence le péché. Hoc fuerit meditatio mortis, fi folis iis quæ funt fecundùm: naturam dimenfa appetitionibus, & quæ ex: qua fecundum naturam funt nihil excedunt, declinando ad id quod exuberat, in quo peccandi enafcitur poteftas, contenti esse voluerimus. « La Tempérance, dit-il ailleurs, eft

8.407.

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le mépris des fatisfactions du corps: car » la vertu de continence ne confifte pas >>> feulement dans l'interdiction des volup-tés criminelles ; mais encore dans le » renoncement à tout ce que l'ame recher» che par-delà le néceffaire par ur défir >> défordonné. Continentia eft corporis difpicientia: non folùm enim in rebus venereis fed etiam in aliis qua anima perperam..concu pifcit, non contenta neceffariis, continentia: verfatur. Tous ces textes n'ont pas befoin. de commentaire : ils font clairs & ils repréfentent bien naïvement le fyftême de morale que S. Auguftin a enfeigné dans toute fon étendue. Ajoutons encore ce paffage du même S. Clement, appuyé d'une maxime toute conforme de S. Gregoire de Nylle: Un bon Chrétien, dit-il, ne fait >> qu'ufer des chofes créées, dans les tems & felon la mesure que la Raifon fuprê me lui prefcrit ... il boit, il mange, il:

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Ibid. L.75

»fe marie, non pour le plaifir de toutes
> ces chofes, mais pour céder à la nécef-
» fité. Utens rebus creatis, quando & quan-
tum dicit Verbum comedit 5 bibit, S. P•735
uxorem ducit, non principaliter, fed neceffariò.
»Toutes ces chofes, dit faint Gregoire de
» Nyffe, parlant fur-tout des alimens,font
» accordées à l'ufage de l'homme par le
» Créateur: cependant il ne faut point en

741•

Greg. Nyff

ufer pour le feul plaifir de la chair. in hac verba Quamvis ab ipfo Creatore conceffa, fumenda Faciamus hotamen non funt ob carnis oblectationem.

CHAPITRE IV.

En quoi confifte le mal de la Concu

pifcence.

I.

minem, Orat

2.

en

elle-même.

R EMONTONS plus haut, & cherchons La Concu dans la Loi éternelle & dans les re- pifcence est gles du faint Evangile, les principes incon- vicieuse teftables fur lefquels eft appuyée l'impor-Elle eft intante maxime que nous établiffons : qu'il jurieufe y a toujours péché, toutes les fois qu'on Dieu. 2. Flle s'attache volontairement à quoi que ce foit dégrade l'hô pour le feul plaifir de la jouïffance, & hors me

le cas de la néceffité ou d'une utilité rai-fonnable.

Le cœur de l'homme eft fait. pour Dieu : Dieu eft fa fin derniere: il doit l'être de tout ce qu'eft l'homme, de fes pensées, de fes affections, de fes démarches, de fes difcours, de toutes fes actions. L'homme doit donc au Seigneur fon amour tout

à

22.

entier : & ce fera toujours un défordre; d'en arrêter ailleurs la moindre partie, qui ne fera pas rapportée à Dieu; d'en détourner le plus petit ruiffeau, comme dit Auguftin, qui ne fera pas conduit vers De Dotr. ce terme. Nullum à fe rivulum duci extra Chrift. L. 1. patitur. Or toutes les fois que l'on aime une créature pour elle-même, on y établit fon repos de ce qui n'eft que moyen, on en fait une fin; en un mot ce qui n'est que pour l'ufage, c'est-à-dire, pour fatis faire à la néceffité, ou pour fervir à quel que utilité, on en fait un objet de jouïffance pour la volupté. Dieu en ce cas n'eft donc plus la fin de l'homme tout entier il ceffe de l'être, du moins par cet endroit; l'amour eft partagé quant à ce point.

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Autre principe de la Loi éternellé. L'homme ne peut pas fans péché déroger à la nobleffe de fa vocation & à la dignité: de fon être. Il ne lui eft pas permis de fe dégrader. Cependant c'eft. ce que fait l'homme, lorfque fupérieur qu'il eft par fa nature à toutes les chofes qui paffent, il fe met au-deffous d'elles en les aimant, & en s'y attachant. Car le propre de l'amour, eft d'affervir à ce. qu'on aime.. On en devient dépendant., puifqu'on en attend fa félicité difons-le, on devient esclave: S.Ang. L. Serviat neceffe eft. Rappellons - nous dans de vera relig. l'effrit quelle eft la grandeur primitive de l'homme; & nous comprendrons bien-tôt : combien lui est déshonorante une telle dé gradation. Toute créature intelligente n'a par la nature que Dieu feul au - deffus d'elle: tous les corps, quels qu'ils foient, Univers.entier, lui font inférieurs & lui

46.

le Ciel & la Terre n'eft pas Dieu;

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Pf. i.

cédent la prééminence. Ainfi placée entre entre Dieu & ce qui fa condition eft de ne dépendre que du Créateur, de ne relever d'aucune autre puiffance que de la fienne, & d'exercer en même-tems l'empire & la. domination fur toutes les créatures fubalternes: Conftituifti eum fuper opera manuum trearum ; omnia fubjecifti fub pedibus ejus dit le Roi Prophéte. Comme elle est pour Dieu, tout eft pour elle, tout est pour fon ufage, tous ces êtres inférieurs font comme autant de ferviteurs qu'elle peut employer au befoin, mais à qui elle doit bien le garder de rendre hommage. Rien de plus glorieux pour elle, que cet état mitoyen, ce noble milieu qu'elle occupe, rectum temperamentum media regio: & S. Ang. t. elle fe déshonorera infailliblement, & cont. Secund. par conféquent elle péchera, peccat tamen, c. 16. toutes les fois qu'elle voudra en fortir, foit en refufant à Dieu l'hommage de fon amour, en quoi confifte fa bienheureuse fervitude foit en s'abbaiffant vers les créatures , qu'elle aimeroit pour ellesmêmes, & auprès de qui elle mendieroit fa félicité. C'eft fur ces principes, que faint Gregoire de Nazianze nous exhorte de?. 701 diriger vers Dieu toutes nos affections, & de les foumettre entierement à l'empire de la raifon, de peur qu'une fubftance auffi noble que P'homme, ne vienne à ramper par terre, étant entraînée par les chofes qui lui font inférieures: Cupiditas omnis ad Deum tendatur... Ratic omnibus prafit, ne id quod excellentius eft ab inferiori deorJum trabatur.

;

L.7.

Confeffon 110

Orat. 430

La Concu

II.

Paffons aux effets que produit cet a pifcence eft de jouiffance envers les créatures. En v pernicieuse combien ces effets font mauvais & dans fes ef

infidéle &

prévarica

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› pour

fets. 1. Elle cieux, on fentira encore mieux le vi expose l'hom. ce qui en est la cause. Le propre de me à devenir mour eft d'unir & de lier > dire le cœur à ce qu'il aime c'eft teur. 2. Elle glu, dit fouvent S. Auguftin, qui c le rend inca- qui attache, qui retient: Vifcus eft. pable de la l'amour, on fe transformeroit volon contemplatio dans l'objet : on voudroit, s'il étoit p & efclave de ble, ne faire qu'une même chose avec on fe l'incorpore en quelque façon, & en fait comme une partie de foi-mên L. 1. de Lib. Amore agglutinatur animus, & veluti m arb. c. 15. bra fui animi facit.

de la vérité

la vanité.

bid.

A quoi donc ne s'expofe-t-on pas lo qu'on fe met dans cette difpofition à l'éga des chofes créées ? Quel rifque ne cou on pas de devenir infidéle à Dieu & de rendre prévaricateur ? Que l'occasion préfente de préferer Dieu à quelque plaif à quelque fatisfaction, & d'en faire le fa crifice à fon devoir? y fera-t-on bien di pofé, le fera-t-on aifément, fi on a laifi fe former en foi des attaches, des liens des chaînes ; fi on s'eft fait des créature qu'on a aimées, autant de parties de foi même, dont la féparation caufera une douleur toute pareille à celle que reffentiroit un homme à qui on arracheroit un de fes membres, membra animi fui? L'homme, dit encore S. Auguftin, veut-il être libre pour la pratique du bien, préparé à obéïr à Dieu en tout; veut-il fe conferver la pré

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