Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Perfection, de l'envifager fous cette idée très-fimple, d'un dépouillement plus entier du vieil homme, & d'un renouvellement plus parfait du nouvel homme.

C'eft ce qui m'a fait naître la pensée, que le combat perpétuel de la concupif-cence des paflions, des convoitifes & fur-tout des trois principales d'où dérivent toutes les autres, la convoitife de la chair, la convoitise des yeux & l'orgueil de la vie, suivant la distribution qu'en fait l'Apôtre S. Jean; que ce combat, dis-je, bien expliqué & bien développé, donneroit une jufte idée de la Perfection. En effet plus un Chrétien aura affoibli en lui la concupifcence, & crucifié les inclinations de la nature corrompue, plus il fe trouvera avancé dans la justice, & plus par conféquent il fera parfait. Ce que je me propofe donc de faire dans toute la fuite de cet Ecrit, c'eft de traiter ce point unique du combat des trois convoitifes. Si j'ai le bonheur de le faire avec fuccès, j'aurai auffi réuffi à tracer le plan de la Perfection Chrétienne.

Perfection commandée

'dans l'Ecri

Principes..

CHAPITRE I.

Obligation indifpenfable pour t tendre à la Perfection Chréti

J

I.

AMAIS un Chrétien attentif & c faire ufage des connoiffances q ture-Sainte. la Religion, ne fera effrayé de ce p Qu'il y a une forte de perfection Fidéle eft obligé de rechercher & de fans y mettre aucune borne. « Dan les chofes matérielles la Perfectio mefure & un terme, dit S. Greg Nylle; mais la vertu n'a point terme que de n'en point avoir. raifons qu'en apporte ce faint Do font remarquables. Il eft de la nat bien, dit-il, de n'avoir point d'aut

Devità Mo

, p. 168.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

, que le mal qui lui eft contra n'être borné que par le mal. D'où fuit que comme il faut s'éloigner d le plus qu'il eft poffible, il ne fau mettre de bornes à la pratique du » Comme la vertu, ajoute S. Gre » confifte dans l'union avec Dieu, » Dieu est un bien fans mefure & » les défirs de l'homme vertueux d » tendre à l'infini. »

Mais laiffons ces principes (pécula convainquons-nous par autorité. Chrift s'eft expliqué clairement da Matth.5.45. paroles fi connues: Soyez parfaits, vatre Pere céleste eft parfait. Parole q

dreffent à tous ceux que Jesus-Christ a en Vue dans le Sermon fur la montagne, c'està-dire, à touté la multitude des Chrétiens, à tous ceux qui prétendent être du nombre de fes difciples, à'quiconque fait' profeffion de vivre fuivant les Loix que ce divin Légiflateur a établies. C'eft ce qui nous autorife à appliquer auffi à tout Chrétien, enfant d'Abraham lon la foi, l'ordre que Dieu avoit donne à ce premier Pere des Croyáns, à peu près dans les mêmes termes: Marchez, dit le Seigneur à ce Patriarche dans le Livre de la Genele, mar chez en ma préfence, foyez parfait.

Gen. 17.1

Il est très-remarquable que ce qui fe trouve ainfi commandé dès les premieres pages des Livres Saints, eft également inculqué dans les dernieres. On diroit que c'eft l'Alpha & l'Omega de la morale du Saint Elprit. Car nous lifons à la fin de l'Apocalypfe, qui eft, comme l'on fait, le dernier Livre des divines Ecritures, cette maxime générale adreffée à toute l'Eglife Chrétienne: «Que celui qui eft juste, le devienne encore davantage: que celui » qui eft faint, fe fanctifie de plus en plus : » & que celui qui eft dans la boue, s'y en>> fonce encore davantage. Qui juftus eft, Aec. 23, juftificetur adhuc ; & fan&tus, fanctificetur 11. adbuc; & qui in fordibus eft, fordefcat adbuc.

On comprend affez que ces dernieres paroles qui regardent les pécheurs, ne font point un Commandement, mais une prophétie, ou, pour parler plus jufte, une déclaration de ce qui leur arrive malheureufement: fçavoir, que tant qu'ils restent dans l'état du péché, ils ne manquent point

rer,

d'y faire un funefte progrès, & que leur état criminel, tant qu'ils veulent y demeule devient toujours davantage. Mais la premiere partie de ce paffage qui concerne les Juftes, renferme certainement un précepte, une loi, une obligation detravailler fans ceffe à fon avancement fpirituel, & au perfectionnement de la ju ftice qu'on a le bonheur de pofféder. Il feroit téméraire de reftreindre les expreffions de l'Ecriture-Sainte lorfqu'elles font générales, & de réduire à un fimple confeil ce qui porte vifiblement le caractere d'un précepte. Si quelqu'un vouloit encore contefter fur celui-ci : Que celui qui est juste, devienne encore plus jufte, je confentirai, comme par grace, à entendre ces paroles, de même que les dernieres, dans un fens de prophétie. Mais qu'y gagnera ce Chrétien lâche, ennemi de la Perfection? II faudra qu'il avoue pour le moins, que felon. l'Oracle du Saint-Efprit, il arrive auffi immanquablement à tout vrai Jufte d'avancer dans la juftice & de s'y perfectionner plus ou moins, qu'il arrive au pécheur de croître en injuftice à mesure qu'il avance, & de s'enfoncer de plus en plus dans la boue du péché. D'où il réfultera que le caractere de tous les véritables Juftes, leur condition, leur destinée, leur sort, eft de faire du progrès dans le bien & d'avancer vers la Perfection ; & qu'ainfi celui qui ne tend pas du moins vers ce terme & qui ne vife pas jufques-là, manque à cet égard d'une partie de ce qui fait le caractere d'un vrai Jufte.

I I.

renfermé das

cxur.

Inf.à.

Effayons de rendre raifon de cette obli- Précepte de gation déja suffisamment appuyée sur l'au- la Perfection torité de ces textes facrés. Personne ne le premier doute qu'il ne faille prendre à la lettre ce Commandequi eft contenu dans le premier Comman- ment : Vous dement de la Loi de Dieu : « Vous aime- aimerez Dien de tout votre »rez le Seigneur de tout votre cœur, de » toute votre ame, de tout votre esprit, >> de toutes vos forces: DILIGES DOMINUM "EX TOTO CORDE TUO. » La teneur de ce précepte, dit S. Thomas, renferme vifiblement la Perfection: Ipfa forma præcepti perfedionem importat. Car il eft évident, que qui dit tout, n'excepte rien : que demander tout, c'eft demander le parfait: que fuppofé que Dieu ait voulu commander la Perfection, il n'a pas pu employer de termes plus énergiques pour fe faire entendre , que ceux qui compofent le texte de ce premier Commandement ; & qu'enfin, fuppofé qu'il n'eût pas eu deffein d'impofer à l'homme l'obligation de tendre à la Perfection, le commandement qu'il lui fait de l'aimer de tout fon cœur, renfermeroit une espece d'exagération qui ne paroît pas digne de la Majefté du Législateur.

Si je ne me crois point obligé d'avancer & de croître en charité, en amour de Dieu, en juftice; je m'arrêterai à un certain point, je me contenterai d'un dégré d'amour & de vertu qui me paroîtra raifonnable; je dirai en marquant ce dégré: Ici c'en eft affez. Mais comment pourrai-je en agiffant ainsi, me flatter d'avoir accompli le précepte qui m'oblige d'aimer Dieu de tout mon coeur ? Tout n'y est pas, dès qu'il

« AnteriorContinuar »