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CHAPITRE X V..

Suite des obfervances particulieres de la vie Religieufe: La fréquentation des Sacremens, le travail des mains, le filence.

I.

A PRE's la Driere, il eft naturel de

par

de ,

Sur le fré

quent ufage de la Con

nion,

Commu

ler des Sacremens, c'est-à-dire Ja Confeffion & de la Communion : fur quoi feffion & de je n'ai presque autre chose à faire, que de la renvoyer les perfonnes aux Livres qui font imprimés fur cette matiere. Je dirai feulement deux chofes ; 1°. Que leur état & leur condition les invite plus particulierement, que le commun des fidéles à se laver fouvent dans le fang de l'Agneau, & à manger fouvent (a chair adorable ; 2°. Qu'il n'y a pas d'autres regles pour la bonne Confeffion & la bonne Communion des Religieufes, que pour celle des fimples fidéles; que les Religieufes doivent dépendre de ces Regles & s'y conformer, auffibien que les autres.

En premier lieu, les Religieufes doivent faire un ufage plus fréquent des Sacremens, que le commun des fidéles. Cet avis regarde les Religieufes négligentes qui ne font point d'effort pour s'avancer dans la perfection, & pour le procurer par ce moyen une fainte confiance de fe préfenter fouvent au banquet facré de leur

Epoux. Ce n'eft pas qu'elles doivent le faire fréquemment dans cet état de tiédeur, dont elles ne fortent point: mais j'entends que le defir de participer fouvent à la divine Euchariftie, eft une raison pour elles d'entrer une bonne fois & tout de bon dans le chemin de la Perfection. Voici de quoi exciter en elles ce defir. Elles ont plus de droit que les fimples fidéles aux délices fpirituelles de ce Pain vivant defcendu des Cieux > parce qu'elles appartiennent de plus près à Jefus-Chrift; qu'elles tiennent un rang plus diftingué dans fon corps myftique, qu'elles ont avec le Fils de Dieu. des rapports plus auguftes. Elles ont auffi plus befoin que les autres fidéles des graces attachées à ce Sacrement, parce qu'elles ont de plus grandes obligations à remplir; comme elles doivent monter avec le Prophéte jufqu'au fommet de la fainte montagne, figure de la Perfection, des forces plus abondantes leur font néceffaires, & c'eft dans le Pain nyftérieux de l'Euchariftie qu'elles les trouveront. Enfin il leur eft plus facile qu'aux autres de faire dignement cet ufage fréquent des faints Myfteres; parce que leur vie dans les obfervances du Cloître eft une préparation continuelle à cette action fainte.

Mais j'ai ajouté que pour fe regler par rapport à la fréquentation des Sacremens, elles doivent fe juger fur les regles qu'on prefcrit à tous les Chrétiens à ce sujet. Ainfi quand elles liront dans les bons Li

vres

que la fréquente Communion felon les faints Peres & tous les Théologiens, demande pour difpofition, 1°. L'exemption

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celle

de tout péché mortel, 2°. L'exemption de toute attache au péché véniel, qui feroit volontaire & qu'on ne voudroit pas combattre, 3°. Un ardent defir, une faim vive de la divine Euchariftie; qu'elles fe jugent là-deffus, & qu'elles ne reglent point leurs communions fur d'autres principes. Lorfqu'elles entendront les faints Peres déclamer avec toute la vivacité d'un faint zéle contre l'horrible crime de la communion indigne; lorfqu'elles apprendront que l'Eglife de Jefus-Chrift a toujours regardé comme une communion facrilége qui fe fait dans l'état du péché, c'est-àdire, fans qu'on foit fincerement converti & pleinement affranchi de toute habitude criminelle du péché mortel; elles ne renverront pas au commun des Laïques, cette doctrine qui eft tout à la fois invariable, commune pour tous, & la feule fûre: elles fe garderont bien de croire, ni que leur Inftitut & leur état leur donne le privilége de commettre impunément des facriléges ni que ce ce qui en feroit un dans une autre perfonne, ceffat de l'être dans une Religieufe qui feroit dans un état pareil d'indignité. Lorfqu'elles verront les Conciles, & fpécialement le Concile de Trente, décider que lorfqu'on a perdu la justice par des péchés mortels, on ne peut la recouvrer fans d'abondantes larmes, de longs gémiffemens, des œuvres laborieuses; que ceux à qui ce malheur eft arrivé, ne peu vent ni demander, ni recevoir l'abfolution, felon S. Cyprien, fans avoir pris auparavant tout le tems néceflaire pour s'allurer par le changement de vie du chan

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gement du cœur ; qu'une pénitence & unë douleur momentanée des actes de contrition faits en paffant, felon S. Ambroife & S. Gregoire, ne font pas une difpofition fuffifante pour la réconciliation du pécheur; mais qu'il faut que la converfion précede, & que les habitudes ne subsistent plus; lors, dis-je, que les Religieuses liront & feront lire à leurs Novices toutes ces faintes maximes, elles fe fouviendront que l'Eglife n'a point mis d'exception pour elles, & qu'il ne fçauroit y en avoir, & elles fe croiront indifpenfablement obligées d'acquiefcer à ces vues.

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Je fupprime ici, pour abréger, beaucoup de plaintes amères & bien fondées que me fourniroit le fujet que je traite. Que n'aurois-je point à dire fur-tout fur un ufage, ou plutôt un abus qui regne dans plufieurs Maifons Religieufes par rapport aux Sacremens? Un jeune homme une jeune fille entrent-ils dans un Monastere pour faire leur Noviciat: prefque fur le champ, tout eft fait, confeffion générale, abfolution, communion communion même affez fréquente, tous les quinze jours, tous les huit jours, deux ou trois fois par femaine. Soit qu'ils foient entrés dans la Maison chargés de crimes & d'habitudes criminelles, ce qui arrive affez souvent, foit qu'ils aient confervé leur innocence, ce qui eft rare; la regle eft uniforme pour tous, fans qu'on exige dans les premiers la moindre épreuve un peu longue, fans qu'on foit arrêté par les rechûtes qui ne manquent gueres d'arriver, on paffe outre, comme s'il en étoit de même

de recevoir les Sacremens, que de prendre de l'Eau benîte ou de faire un figne de croix.

Abus à peu près pareil par rapport aux Profès & aux Profeffes, qui certainement ne font point impeccables, & parmi lefquels il n'eft pas fans exemple de trouver des chûtes mortelles, des péchés même d'habitude. Que fera une perfonne qui eft malheureusement dans le cas ? La regle parle je dis la Regle du Couvent; le tableau des Communions eft dreffé; il faut obéir; c'est-à-dire, qu'il faut communier indignement. Qui ne foufcrira point après cela à la réflexion qu'ont faite plufieurs Auteurs judicieux de notre fiécle ? Quel renversement des chofes, s'écrient-ils! Les Monafteres autrefois étoient des aziles ouverts à la Pénitence, où les pécheurs trouvoient l'heureufe facilité d'en pratiquer les faintes rigueurs, & de pleurer leurs péchés autant de tems qu'il étoit néceffaire pour parvenir à une entiere & folide converfion aujourd'hui on croit être véritablement converti, pour être revêtu d'un habit Religieux.

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Le remede à un mal auffi déplorable eft bien fimple. Que les Supérieurs aient foin de pourvoir leur Maifon de bons Confeffeurs, gens éclairés amateur des bonnes regles, zélés pour le falut des ames d'un zéle qui foit felon la science, fuivant l'expreffion de faint Paul qu'on laiffe ces bons Directeurs pleinement libres de fuivre leurs lumieres, & de conduire les confciences fuivant les befoins de chacun enfin qu'on ne gêne point les particuliers

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