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xx. n. 8.

faire valoir, & attirent des querelles & des procès.

Je reviens aux Egyptiens les plus parfaits de tous & les mieux connus, par les relations de Hift. v. Caffien. Iis jeûnoient toute l'année hors les dimanches & le tems Pafcal; & foit qu'ils jeûCaff. coll. naffent ou non, toute leur nourriture étoit du XXI. 6.23. pain & de l'eau, à quoi ils s'étoient fixés après

Inft, lib. c. de longues experiences. Ils avoient auffi reglé la quantité du pain à une livre Romaine par jour, c'est-à-dire douze onces, qu'ils mangeoient en deux petits repas, l'un à none, l'autre au foir. La difference des jours qui n'étoient pas jeûnes, n'étoit que d'avancer le premier repas jufques à midi, fans rien ajoûter à leur pain: mais ils vouloient que l'on prît chaque jour de la nourriture.

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C'étoit-là toute leur aufterité : ils ne portoient ni cilices, ni chaînes ou carcans de fer, comme faifoient quelques Moines Syriens ; car pour les difciplines ou flagellations il n'en étoit pas encore fait mention. L'aufterité des Egyptiens confiftoit dans la perfeverance conftante en une vie parfaitement uniforme ; ce qui eft plus dur à la nature que l'alternative des penitences les plus rudes, avec quelque relâchement, à proportion comme à la guerre, le foldat fouffre toutes fortes de fatigues dans l'efperance d'un jour de repos & de plaifir.

La priere des Moines Egyptiens étoit reglée avec la même fageffe. Ils ne s'affembloient pour prier en commun que deux fois en vingtquatre heures, le foir & la nuit : la nuit à chaque fois ils recitoient douze pfeaumes inférant une oraison après chacun ; & ajoûtant à la fin deux leçons de l'Ecriture. Douze Freres tour à tour chantoient chacun un pfeaume étant debout

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ce

Matth. v.8.

au milieu de l'affemblée ; & tous les autres écoutoient affis gardant un profond filence fans fe fatiguer la poitrine ni le refte du corps, que ne permettoit pas leur jeûne ni leur travail continuel; pour appeller à la priere, uhe corne de bœuf leur tenoit lieu de cloche & fuffifoit dans le filence de leurs vaftes folitudes; & les étoiles que l'on voit toûjours en Egypte leur fervoient d'orloge: le tout conformément à leur pauvreté. Le refte du jour ils prioient Lib.116.14. daus leurs cellules en travaillant : aïant reconnu que rien n'eft plus propre à fixer les pensées & empêcher les diftractions que d'être toûjours occupés: c'eft ainfi qu'ils tendoient à la pureté de coeur dont la récompenfe fera de voir Dieu. Leur devotion étoit de même goût, fi je l'ofe dire que les pyramides & les autres ouvrages des anciens Egyptiens, c'eft-à-dire, grande, fimple & folide, Tels étoient ces Moines fi eftimez des plus grands Saints: de faint Bafile qui entreprit de fi longs voïages pour les connoî- XIV. n. I. tre par lui-même; & qui dit, que vivant comme dans une chair étrangere, ils montroient par les effets ce que c'eft que d'être voïageurs ici bas, & citoïens du ciel. Vous avez vû combien Hift liv. faint Jean Chryfoftome les mettoit au-deffus des x1x. n. 4. Philofophes païens ; & comme il prit leur dé- n.8. fenfe contre ceux qui blâmoient leur inftitut, par les trois livres qu'il compofa fur ce fujet. Saint Auguftin fait leur éloge en divers endroits n. 17. de fes ouvrages, particulierement dans le traité des Moeurs de l'Eglife Catholique, où il défie les De mor. ecManichéens de lui contefter les merveilles qu'il clef.6.3%. en dit.

Hift. liv.

Ep.79.

II.

S. Benoît.

La vie monaftique s'étendit bien-tât par toute la chrétienté; & le nombre des Moines étoit Regle de fi grand, que dans l'Egypte feule, où ils étoient Chanoines. fi parfaits, on en comptoit dês la fin du qua

*

triéme

14.

triéme fiecle plus de foixante-feize mille; fans ceux dont nous n'avons pas le denombrement. Hift. Io. La regle de faint Benoît écrite vers l'an 530.XXXII. 7. nous fait voir diftinctement l'état de la vie monaftique en occident; & il eft remarquable que ce grand Saint ne la donne pas comme un modele de perfection: mais feulement comme un petit commencement bien éloigné de la Reg. S. B. perfection des fiecles precedens. Ce qui montre Prolog. c. combien la ferveur s'eft ralentie depuis, quand

mis.

Dial.

on a regardé cette regle comme trop fevere; & combien ceux qui y ont apporté tant de mitigations étoient éloignés de l'efprit de leur

vocation.

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Saint Benoît croïoit avoir ufé d'une grande condefcendance en accordant aux Moines un peu de vin & deux mets outre le pain fans les obliger à jeûner toute l'année; & faint Gregoire Pape, qui vivoit dans le même fiecle, & qui pratiquoit cette regle en loue particulierement la difcretion: mais la nature corrompue, trouve toûjours de mauvaises raifons pour fe flatter, & autoriser le relâchement. Nous les examinerons enfuite : j'ajoûte feulement ici, qu'il vaut mieux demeurer dans l'état d'une vie commune, que de tendre à la perfection par une voïe imparfaite.

nes,

Cependant s'étoient formées en plufieurs Eglifes des communautez de clercs, qui menoient une vie approchante de celle des Moiautant que leurs fonctions le pouvoient permettre. Saint Eufebe de Verceil eft le premier Evêque que l'on trouve avoir fait vivre ainfi Hift. liv. fon clergé ; & faint Auguftin fuivit fon exemx111.2. 14. ple comme on voit par fes deux fermons de Hift. liv. la vie commune. On nomma ces clercs chaHift. liv. noines & vers le milieu du feptiéme fiecle, XLIII.2.37 faint Chrodegang Evêque de Mets, leur donna

XXIV.n.40

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une regle, qui fut depuis reçue par tous les Chanoines comme celle de faint Benoît par tous les Moines. Ainfi voila deux fortes de religieux, les uns clercs, les autres laïques; car les Moines l'étoient pour la plûpart. L'objet de leur inftitut étoit de travailler à leur falut particulier, foit en confervant l'innocence foit en reparant les defordres de leur vie paffée par une pénitence ferieufe: les clercs vivant en commun imitoient la vie monaftique, pour fe précautionner contre les tentations de la vie active & de la frequentation avec les feculiers.

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Au commencement du neuviéme fiecle & près de trois cens ans après faint Benoît, les Moines fe trouverent très-éloignés de l'obfer vance exacte de la regle : parce que les Monafteres répandus par tout l'occident, étant independans les uns des autres, reçûrent infenfiblement divers ufages fur ce qui n'eft point écrit dans la regle comme la couleur & la figure de l'habit, & la qualité de la nourriture; & ces divers ufages furent des prétextes de relâchement. Pour y remedier fut fait le reglement d'Aix-la-Chapelle en 817. au commencement du regne de to. cont. po` Louis le Debonaire, par les foins de faint Be- 1505. noît abbé d'Aniane, avec le confeil de plufieurs

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autres abbés de tout l'empire François. On y Hift. liv. recommande le travail des mains dont l'abbé XLVI.n.18. même n'étoit pas exempt ; & il paroît qu'il y avoit encore peu de prêtres entre les Moines. L'année precedente 816. plufieurs Evêques affem- Ibid. n.22; blez au même lieu, donnerent aux chanoines une regle qui eft comme une extenfion de celle de faint Chrodegang: elle fut envolée par tout l'empire & obfervée pendant plufieurs fiecles.

Mais dans le refte de celui-ci & le com

mence

111. mencement du dixième, les ravages des Nor

LIV. n. 44 to. 9. cone. P. SLO.

Ordre de mans & les hoftilitez univerfelles entre les ChréClugni. tiens ruinerent plufieurs Eglifes & la plûpart des Hift. liv. monafteres, comme on voit par les plaintes du concile de Troflé tenu en 909. L'obfervance monaftique étoit prefque éteinte en occident, quand Dieu fufcita de faints personnages, dont le zele ardent lui donna comme un nouveau comIbid. p. 565. mencement. Dès l'année fuivante 910. GuilHift. liv. laume duc d'Aquitaine fonda le Monaftere de LIV. .45 Clugni, & en donna la conduite à l'Abbé Berqui avec le fecours du moine Hugues, tiré de faint Martin d'Autun recuillit la tradition de l'observance la plus pure de la regle de faint Benoît, qui s'étoit confervée en quelques Monafteres.

Hift. liv.

LV. n. 24.

non,

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Saint Odon fucceffeur de Bernon perfectionna l'établiffement de Clugni, & y joignit plufieurs autres Monafteres dont il avoit la conduite faifant garder le même Ordre, y c'eftà-dire, la même obfervance: d'où vint enfuite le nom d'ordre appliqué aux differentes communautez, pratiquant la même regle, comme l'Ordre de faint Benoît, de faint Auguftin, de faint François & les autres. Celui de Clugni fut très-celebre par la vertu & la doctrine de fes premiers Abbés faint Maieul, faint Odilon, & faint Hugues mais au bout de deux cens ans il tomba dans une grande obfcurité ; & je n'y voi plus d'homme diftingué depuis Pierre le Venerable.

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Or je trouve deux caufes de cette chûte, les richeffes & la multiplication des prieres vocales. Le merite fingulier des premiers Abbés de Clugni leur attira l'eftime & l'affection des Princes, des Rois & des Empereurs qui les Hift. liv. comblerent de bienfaits dès le tems de faint LV.B.24 Odon le nombre en fut fi grand qu'il en refte

:

juf

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