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nes. Dans les fix mois fuivans ils offriront dans AN.1339 la même Eglife une image d'argent de la fainte Vierge du poids de trente marcs, & dix lampes d'argent de trois marcs chacune, avec les revenus neceffaires pour les entretenir d'huile à pétuité. Dans l'année ils fonderont en la même Eglife fix chapellenies chacune de revenu de vingt florins d'or. Le jour que l'Evêque fut tué, chacun des deux penitens nourrira & vestira vingt-quatre pauvres, & tous deux leur vie durant jeûneront tous les vendredis. Quand on fera le paffage general à la Terre fainte, ils envoye. ront vingt cavaliers qu'ils entretiendront un an durant, & s'il n'y a point de paffage de leur vivant, ils chargeront leurs heritiers d'accomplir cette partie de leur penitence. La bulle qui la prefcrit eft du vingt-deuxième de Septembre 1339. & je n'y vois prefque rien que des hommes riches ne puffent exécuter fans converfion de

Ughel. P 864

cœur.

La même année & le premier jour d'Octobre, le Pape inftitua à Verone une univerfité : mais pour trois facultés feulement, le droit, la medecine & les arts. Or excepté le droit canonique, je ne vois pas comment l'autorité du Pape IN.. étoit neceffaire pour ces fortes d'études. La détournées guerre s'allumoit de plus en plus entre la France par le Roi & l'Angleterre, nonobftant les efforts que faide France. foit le Pape par fes lettres & par fes nonces, pour reconcilier les deux Rois Philippe & Edouard

Decimes

& pour détourner les Flamans de fe joindre à Rain. 1337 celui-ci : & lui-même de s'allier à Louis de BaB..7. &C. viere. Enfin Edouard en vint jufqu'à prendre le 1338.n.54. nom & les armes du Roi de France, & n'eut au1339.n.6. cun égard aux remontrances du Pape fur cette Id. 1340. entreprife, contenues dans fa lettre du feptiéme de Mars 1340.

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Pour fubvenir aux frais de cette guerre, le

Roi Philippe obtint du Pape les décimes de deux

ftinées pour

ans mais ne les trouvant pas fuffifantes, il ré- AN.1339. folut auffi d'y employer l'argent des décimes de- n. 18. la croifade, fur quoi il écrivit au n. 19. Pape en ces termes : Les Prélats & les autres qui compofent nôtre confeil, nous ont dit tout d'une voix que nous pourrions en feureté de confcience lever ces décimes pour les employer à la défense de nôtre royaume à laquelle tous nos fujets doivent contribuer , tant les Ecclefiaftiques que les féculiers, puifqu'il s'agit de leur interêt commun. Nous fupplions donc vôtre Sainteté de nous abfoudre de la levée des décimes deftinées au paffage de la Terre fainte, & du ferment fait en nôtre nom fur ce fujet, puifque tout vous eft poffible en ce cas. Que fi vous ne voulez pas nous Sup. lis remettre entierement cette fomme, donnez-nous 26. au moins pour la restitution fix ans de terme après la fin de nos guerres. La lettre eft du vingtiéme de Mars.

Le Pape répondit : Nous ne pouvons affez admirer que des Prélats & d'autres perfonnes fages, ofent vous dire que vous pouvez en conscience, tourner à d'autres ufages les décimes levées pour une fi pieufe fin. Nous nous fouvenons du ferment folemnel que vos envoyés prêterent au Pape Jean XXII. en prefence des Cardinaux du nom-bre defquels nous étions, & d'une grande multitude de clergé & de peuple; & nous entendons avec douleur les murmures & les plaintes qui fe font contre vous, à l'occafion de ce paffage d'Outremer dont vous fûtes alors declaré le chef. Le reproche s'étendroit contre nous-mêmes, fi ces deniers levés pour la délivrance de la Terre fainte, s'employoient de nôtre confente, ment, pour répandre le fang des Chrétiens. Le Roi d'Angleterre nous a déja marqué dans quelque lettre, que le peché dont vous êtes chargé

A 6

pour

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pour avoir manqué à la croifade, lui donne de la AN.1339. Confiance pour employer fes forces contre vous ; jugez par-là ce que diroient les autres, fi nous vous accordions vos demandes. Quant à la prorogation, confiderez quand & comment fe feroit cette reftitution, & jugeant de l'avenir par le paffé, voyez ce qu'ont fait en cas pareil vos prédeceffeurs, & ce qui leur en eft arrivé. La lettre eft du fecond d'Avril 1340.

IV.

Pierre IV.

Roi d'Ar

ragon.

184.

n. 56.

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Pierre IV. Roi d'Arragon, depuis furnommé Avis à le Ceremonieux, avoit fuccedé à fon pere Alfonfe en 1336. Au mois de Novembre 1339. il vint à Avignon & fit hommage au Pape Benoît Indic. p. pour le royaume de Sardaigne. Ce Prince étoit Baluz, vit. encore affez jeune, & fut accompagné en ce 10 1. p. 204. Voyage par Jaques Roi de Majorque, qui étoit Rain. 1340, comme fon gouverneur & par Jean Chimenés Archevêque de Tarragone. Pendant le féjour du Roi Pierre à Avignon, le Pape lui donna plufieurs avis fur fa conduite perfonnelle & fur le gouver nement de fon royaume, & en particulier fur le trop de liberté que l'on y.donnoit aux infidéles. Pour l'en faire fouvenir après qu'il fut retourné en Arragon, le Pape lui écrivit une lettre où il dit: Nous avons appris par le rapport de plufieurs fidéles habitans dans vos états, que les Juifs & les Sarafins qui y font en grand nombre, avoient dans les villes & les autres lieux de leur demeure, des habitations féparées & enfermées de murailles, pour être éloignés du trop grand commerce avec les Chrétiens & de leur familiarité dangereufe. Mais à prefent ces infidéles étendent leurs quartiers ou les quittent entierement, logent pêle-mêle avec les Chrétiens, & quelquefois dans les mêmes maifons. Ils cuifent aux mêmes fours, fe fervent des mêmes bains & ont une communication fcandaleufe & dangereufe. De plus les Juifs bâtiffent leurs fyna

gogues

gogues & les Sarafins leurs mofquées & les con-
fervent au milieu des Chrétiens. Dans ces lieux AN 1340,
les Juifs blafphêment contre JESUS-CHRIST,
& les Sarafins donnent publiquement des loüan-

ges
à Mahomet, contre la défenfe du concile de
Vienne. Pendant que les Chrétiens font le fervi-
ce divin dans les Eglifes, près defquels font en
quelques lieux des fynagogues ou des mosquées
ou quand on porte les Sacremens aux malades
les infidéles font des éclats de rire ou d'autres
dérifions. Nous vous avons prié inftamment de
faire ceffer tous ces défordres, & vous nous l'a-
vez promis agréablement, c'eft pourquoi nous
vous en prions encore; & afin que l'effet s'en-
fuive plus promptement, nous en écrivons aux
Archevêques de Tarragone & de Sarragoce & à
leurs fuffragans pour vous en folliciter. La lettre
eft du huitiéme de Janvier 1340. Je ne voi point
que l'on s'appliquât à la converfion de ces Muful-
mans foûmis à la domination des Chrétiens: tan-
dis que l'on préparoit la Croifade contre ceux
d'Afie & d'Afrique, & que l'on envoyoit fi loin
des miffionnaires prêcher la foi aux Tartares &
aux Indiens.

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Mariana

Lib. XVI.

c. 2.

Deux mois après le Pape fit publier la Croi Defcente fade en Espagne contre les Mores d'Afrique, qui des Mores l'année précedente étoient entrés en Espagne à en Espacette occafion. Mahomet Roi de Grenade de la gne. race des Alhamares fe fentant preffé par les armes des Chrétiens, & trop foible pour leur refifter, paffa en Afrique, & alla implorer le fecours d'Albohacem Roi de Maroc, de la race des Merins ou Benimerin. Ce Prince envoya quelques troupes en Efpagne fous la conduite de fon fils Aboumelie, qui paffa le détroit de Gibral tar vers la fin de l'an 1332. Après avoir remporté pendant fept ans quelques avantages fur les Chrétiens, il fut tué en une déroute l'an

1338. Son pere Albohacem plus animé par cette: AN.1340. perte, envoya par toute l'Afrique des hommes. eftimés, les plus dévots & les plus zelés entre les Mufulmans, exciter les peuples à prendre les armes pour la défense & l'accroiffement de la religion de leurs ancétres. C'étoit à peu près comme chez les Chrétiens prêcher la croifade. Ainfi Albohacem affembla foixante & dix mille chevaux › & quatre cens mille hommes d'infanterie, avec une flote de douze cens cinquante vaisseaux, & foixante & dix galeres.

Les trois Rois d'Efpagne, c'eft-à-dire de Caftille, d'Arragon & de Portugal, s'étoient réü-. nis pour s'oppofer aux infideles; & le Roi de Caftille Alfonfe, dont les états étoient les plus expofés, envoya au Pape deux chevaliers, pour Rain.1340. lui demander du fecours. Le Pape de l'avis des Cardinaux, lui accorda une croifade pour les royaumes de Caftille, d'Arragon, de Navarre & de Majorque, tant contre le Roi de Penimerin, c'est-à-dire Albohacem, que contre le Roi de Grenade.

B. 40.

,

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La croifade étoit accordée pour trois ans avec une levée de decimes fur les biens ecclefiaftiques; .41 & le Pape l'accorda à ces conditions. Dans les terres que vous aurez conquifes fur les Arabes nous voulons que l'on bâtiffe des Eglifes cathedrales felon que nous l'ordonnerons, eu égard à la qualité & la commodité des lieux, avec un clergé convenable, qui foit feculier. Les collegiales & les autres moindres Eglifes pourront être fondées par l'ordre des Prélats & des autres qui en auront le droit. Dans les lieux conquis fur les Mores, où ils font mêlés avec les Chrétiens, on ne leur permettra point d'aller à la Meque en pelerinage, ni de prononcer à haute voix le nom de Mahomet. J'entens ceci de la proclamation pour appeller à la priere. La bulle continue:

Nous

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