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Eglife; & que perfonne ne puiffe être fauvé hors l'obedience du Pape? Croïez-vous que faint Pier- AN.1351. re ait reçu de JESUS-CHRIST la pleine puiffance de jurifdiction fur tous les fidéles; que toute la puiffance que les autres Apôtres ont eue en certaines provinces ait été foûmise à la fienne; & que tous les Papes fucceffeurs de faint Pierre aient la même puiffance que lui? Croïez-vous qn'en vertu de cette puiffance le Pape puiffe juger immédiatement tous les fidéles & déle置 guer pour cet effet tels juges. ecclefiaftiques qu'il voudra? Croïez-vous que le Pape ne peut être jugé de perfonne que de Dieu feul, & qu'on ne peut appeller de fes jugemens à aucun juge? Croiez-vous qu'il puiffe transferer les Evêques, les abbés & les autres ecclefiaftiques d'une dignité à l'autre, ou les dégrader & les dépofer s'ils le meritent? Croiez-vous que le Pape ne doive être foûmis à aucune puiffance feculiere, même roiale ou imperiale, quant à l'institution, la correction ou la deftitution? que le Pape feul puiffe faire des canons generaux, & donner indulgence pleniere, & décider les doutes en matiere de foi? Ces queftions font voir quelle idée la Cour de Rome avoit alors de l'autorité du Pape.

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n. II. 17%

Le refte de la lettre qui eft très-longue contient des queftions fur les erreurs des Armeniens, foit particulieres foit communes avec les ". 6. Grecs ou les Orientaux fur l'état des ames après la mort, fur les Sacremens & l'Eucharistie en particulier. Enfin le Pape se plaint qu'ils n'ont point obfervé ce qu'ils avoient promis, & qu'ils DA ont méprifé les avis & les inftructions de fes nonces & de fes legats. La lettre eft du vingtneuviéme de Septembre 1351. En même tems le Pape écrivit à Conftantin roi d'Armenie le 7. 18. priant de tenir la main à l'acceptation & l'exe

cution de cette lettre, & lui donnant avis qu'il lui AN.1351. envoie fix mille florins des deniers de la chambre apoftolique, à prendre dans le roïaume de Chypre.

IV.

6.53.

A Damas l'Emir qui gouvernoit la ville pour le Martyrs à fultan d'Egypte, voulant tirer de l'argent des Damas. Chrétiens, fit mettre le feu en deux endroits de M. Vill. II. la ville; & après qu'il fut éteint, il fuppofa que les Chrétiens l'avoient fait exprès, s'en prit aux plus riches d'entr'eux, qui étoient en grand nombre, & les fit mettre à la queftion. Quelques-uns par la violence des tourmens confefferent qu'ils P'avoient fait, afin de chaffer les Sarrafins; & ceux qui voulurent fe garantir de ce peril, donnerent à l'Emir quantité d'argent; ils furent en fi grand nombre qu'il en tira de grandes richeffes; & quant aux autres il leur donna le choix de renier la foi de JESUS-CHRIST ou de mourir en croix. Plufieurs renierent, mais il y en eut vingt-deux qui demeurerent fermes dans la foi; & l'Emir les fit attacher à des croix, & mener par la ville fur des chamcaux; & ils vêcurent trois jours en ce tourment. On menoit le pere crucifié devant fon fils renegat, & le fils devant fon pere: les renegats prioient avec larmes les crucifiés de fe délivrer de cette cruelle mort, & d'embrasser la religion de Mahomet mais les Martyrs demeuroient fermes, & défavoüoient les apoftats, ne les reconnoiffant plus pour leurs parens. Vous voulez, difoient-ils, nous ôter les biens de la vie éternelle, à laquelle vous avez renoncé lâchement par la crainte des peines temporelles pour nous ce nous eft un plaifir & une grace finguliere de pouvoir fuivre nôtre Sauveur JESUS-CHRIST. Ils moururent ainfi conftamment dans les tourmens à la vûë des infidéles: mais le fultan aïant appris cette action de fon Emir, le manda auffitôt, & le fit le milieu du corps. couper par

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Le Pape Clement étoit très-mécontent de Pier

n. 45.

V.

t re roi d'Arragon, comme il paroît dans une let- AN.13511 tre qu'il lui avoit écrite l'année precedente, où il Concordat difoit. Dans vos états les Eglifes & le clergé font du Pape opprimés, & la liberté ecclefiaftique violée. Si avec le roi quelqu'un porte des refcrits du faint Siege adref d'Arragon. fés à des juges ecclefiaftiques contre des laïques Rain. 1350. vos fujets, vos officiers ne lui permettent pas de s'en fervir, ni aux juges de proceder en execution. Il y a quelque tems que Bernard Alagnan chanoine de Valence, & nôtre nonce, prononça une fentence d'excommunication, & fit quelques autres pourfuites contre des laïques yos fujets, qui refufoient opiniâtrement de lui païer ce qu'ils devoient à la chambre apoftolique. Sur quoi vous fiftes venir devant vous le nonce Bernard; & après lui avoir dit plufieurs injures indignes de vôtre rang, vous le voulûtes contraindre par de terribles menaces à revoquer fes procedures; & comme il le refufoit conftamment, vous tirâtes l'épée contre lui: puis les affiftans aïant retenu ce mouvement de colere, vous fole fiftes mettre dans une obfcure prison, dont vous ne le tirates que pour le traiter plus cruellement. Il fut mené fur le haut d'une tour, où vos gens le tenant par les piés le fufpendirent en dehors la tête en-bas menaçant de le précipiter à la vûë de fon pere qui étoit au pié de la tour: c'eft ainfi que le nonce fut forcé à revoquer fes procedures. Enfin vous avez méprifé les cenfu res que vous aviez encourues pour ne nous avoir pas païé le cens que vous nous devez à de caufe du roiaume de Sardaigne & de Corfe, La lettre eft du vingt-fixiéme de Novembre 1350,

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T.

Pour faire ceffer ces plaintes, quelques Car- Rain. 1351. dinaux & quelques commiffaires tirés du confeil n. 26. d'Arragon, firent un traité qui porte en fub

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ftance:

ftance Le roi promettra que dans les terres de AN1351, fon obéïffance, il n'empêchera point le libre exer cice de la jurifdiction ecclefiaftique, ni les fonEtions des collecteurs & des autres officiers du Pape. Le roi declare que ce qui a été fait à Perpignan contre Bertrand d'Alayan collecteur du Pape n'a point été au mépris du Pape, il en de mande abfolution, & quant à celle de fes officiers, le Pape en ordonnera ce qui lui plaira. Le Pape accordera au roi pour les befoins du roïaume la levée d'un fubfide volontaire fur les Prélats & les autres ecclefiaftiques. Le roi observera le concordat fait par l'Evêque de Tufculum touchant les arrerages du cens dû pour le roïaume de Sardaigne. Le roi fupplic le Pape pour l'utilité des Eglifes & le falut des ames, de renvoïer les Prélats qui font en cour de Rome, & les obliger à la réfidence en leurs Eglifes. Il le prie auffi de pourvoir aux prélatures & aux benefices de perfonnes du païs. Le roi nomma fes procureurs pour l'execution de ce traité, qui fut paffé à Girone le vingt-quatriéme de Septembre 1357.

Indic. Ar

Ce même roi d'Arragon Pierre le Ceremonieux rag. p.202. étant à Perpignan le feiziéme de Decembre 1350. fit une ordonnance portant que deformais dans les actes publics on ne compteroit plus les années fuivant l'ére Espagnole ufitée depuis le regne des Gots, qui remontoit à l'empire de Jules Cefar, trente-huit ans avant la naiffance de JESUS-CHRIST, en forte qu'en 1350. on comptoit 1388. mais il voulut que l'on comptât les années de JESUSCHRIST en commençant à Noël.

VI.

Depuis près de cent ans l'inquifition subsistoit Inquifition en France où le Pape Alexandre IV. l'avoit en France. établie l'an 1255. à la priere de faint Louis: Sup. liv.. mais depuis, le Pape Nicolas IV. en faveur de LXXXIV, 7. Charles roi de Sicile, en excepta les comtés

15.

d'An

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n. 37.

d'Anjou & du Maine qui appartenoient à ce prince. Après que lui & fes heretiers au roïaume AN1351. de Sicile eurent ceffé de poffeder ces deux comRain. 1351 tés réunis à la couronne de France, les inquifiteurs qui étoient de l'Ordre des Freres Prê cheurs douterent s'ils devoient aufli ceffer d'exercer leurs fonctions en ces provinces d'Anjou & du Maine, & s'adrefferent au Pape Clement qui répondit: Il feroit très-dangereux que les heretiques trouvaffent un lieu de refuge; c'est pourquoi nous donnons plein pouvoir à Guillaume Chevalier frere Prêcheur docteur en théologie, & aux autres Freres du même Ordre Inquifiteurs dans le roïaume de France, d'exercer librement leurs charges en ces comtés, comme dans les provinces de Touraine & de Poitou. La bulle eft du vingt-fixiéme de Septembre 1351.

Beziers.

Cette année Pierre de la Jugie, archevêque vII. de Narbonne tint à Beziers un concile provin- Concile de cial. Ce Prélat étoit noble Limoufin, & neveu Baluz, vite du Pape Clement par fa mere: il fut premiere-to. 1.p.8549 ment moine Benedictin, puis prieur de fainte Li-1130. vrade au diocefe d'Agen après quoi le Pape fon oncle le fit abbé de S. Jean d'Angeli & de la Graffe au commencement de fon pontificat. Il alla enfuite à Orleans, où il étudia en droit& fut paffé docteur en 1344. le Pape le fit venir à Avignon, & lui donna l'archevêché de Saragoce par bulle du fecond de Mars 1345. Tom. 2. & le dixiéme Janvier 1347. il le transfera à Ñar- 697.

canon

bonne.

to. XI.com

Baluz.cone.

Voulant donc tenir fon concile provincial, il y appella fes fuffragans, & premierement il en P. 1918. avertit Hugues élu Evêque de Beziers par une lettre du vingt-neuviéme de Septembre 1351. où il dit: Nous avons refolu de tenir un concile provincial le feptiéme jour de Novembre

Narb.p 9x.

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