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droient corriger, feindroient de vouloir paffer à AN.1340. ce nouvel ordre, & prendroient occafion d'être vagabonds.

VIII.

de Milan.

conti.

Rain. 1341.7.10.

Enfin la perfonne de Philippe eft odieuse: il eft notoirement promoteur & défenfeur de la feête des Beguins: il a tenu publiquement plufieurs difcours fcandaleux contre le Pape Jean & le faint Siege, qui le rendent violemment fufpect d'herefie; & nous n'apprenons pas qu'il ait encore donné aucun figne de repentir. Par toutes ces raifons nous ne pouvons en confcience lui accorder fa demande; & vous terniriez vôtre gloire, fi vous fouffriez un tel homme dans vôtre royaume. La lettre eft du feptiéme d'Août 1 340.

L'année fuivante les deux freres Jean & LuRéduction quin Visconti, fils de Matthieu, fe reconcilie& des Vif. rent avec le Pape Benoît. Luquin étoit en poffesfion de Milan après la mort de Galeas fon frere aîné, & Jean étoit Evêque de Novarre depuis l'an 1329. auquel le Pape Jean lui donna cet évêUghell. to. ché, après qu'il eut renoncé au fchifme & au 4. P. 978. titre de Cardinal que lui avoit donné l'antipape. Ces deux freres envoyerent donc au Pape Guidole de Calice, citoyen de Milan, le même qui avoit negocié l'accommodement de Bologne & des autres villes de Lombardie. Il étoit chargé de la procuration de Jean, & Luquin Visconti, & fit en leur nom les mêmes declarations & les mêmes promeffes: foûmiffion & obéïffance au Pape, reconnoiffant qu'il ne peut être depofé par l'Empereur, promeffe de ne jamais adherer à Louis de Baviere, ni à aucun Empereur qui ne foit approuvé par le Pape de payer au Pape & aux Cardinaux cinquante mille florins d'or en dédommagement de tous les torts faits par eux & leur famille aux legats & aux nonces du Pape. Enfin ils reconnurent que pendant la vacance de F'empire, comme il vaquoit alors, le Pape en

Ughell. p. 3.co.

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voit l'administration; & en confequence qu'ils vouloient tenir du Pape & de l'Eglife Romaine le AN1343, gouvernement de Milan & de fes dépendances. Au fond il importoit peu aux Visconti & aux autres petits feigneurs de Lombardie de fe foûmettre de paroles au Pape ou à l'Empereur : pourvû qu'en effet ils demeuraffent maîtres des villes dont ils étoient en poffeffion.

Après ces declarations & ces promeffes faites en confiftoire, le Pape accorda aux deux freres, leur vie durant, le gouvernement de la ville de Ughell. p. Milan & de fon territoire avec toute jurifdi- 305.

:

ท.

ction & toute puiffance temporelle, comme vi- Rain.n.33 • caires de l'Eglife Romaine pendant la vacance de l'empire; & pour réparation des fautes paffées, il impofa à la ville de Milan la penitence fuivante: n. 26. Vous ferez bâtir deux chapelles en l'honneur de faint Benoît, l'une en la grande Eglife, l'autre en l'Eglife de faint Ambroife, en chacune defquelles un prêtre celebrera tous les jours la Meffe, recevant pour revenu trente florins d'or ; & le jour de S. Benoît vous ferez l'aumône à deux mille pauvres, en donnant à chacun un pain de douze onces. A ces conditions fut levé l'interdit & toutes les autres cenfures. La bulle est du quinze de Mai 1341.

IX.

du mont

Athos.

Sup. n. I.

L'abbé Barlaam à fon retour d'Avignon revint à Theffalonique, où il avoit déja paffé quel- Quietiftes ques années; & il y eut de grandes difputes avec des moines du mont Athos, qui prétendoient avoir pouflé la perfection de l'oraison jufques à voir des yeux corporels une lumiere qui étoit Dieu même, & être arrivés à l'état de la fublime quietude. Barlaam les accufoit de renouveller l'herefie des Maffaliens condamnés à Antioche Sup. liv. vers la fin du quatriéme fiecle; & les nommoit XIX, 7. 25% Omphalopfyques, c'est-à-dire ,, ayant l'ame au nombril. Or le fondement de ce reproche

26.

étoit la pofture où ces prétendus Quietiftes fe AN.1341. mettoient pour prier, & qui eft décrite dans un P. traité fpirituel de Simon abbé du monaftere de

Cave. 425.

lieu

de

Xerocerque à C. P. vers le milieu de l'onziéme fiecle. Voici fes paroles: Etant feul dans ta cellu Allar. de le, ferme ta porte, & t'affis en un coin. Eleve Conf. p. 829. ton efprit au-deffus de toutes les chofes vaines & paffageres enfuite appuye ta barbe fur ta poitrihe tourne les yeux avec toute ta penfée au miton ventre, c'est-à-dire au nombril. Retiens encore ta refpiration, même par le nés cherches dans tes entrailles la place du cœur, où habitent pour l'ordinaire toutes les puiflances de l'ame. D'abord tu y trouveras des tenebres épaiffes & difficiles à diffiper; mais fi tu perfeveres continuant cette pratique nuit & jour, tu trouveras, merveille furprenante, une joye fans interruption. Car fi-tôt que l'efprit a trouvé la place du cœur, il voit ce qu'il n'avoit jamais fû; il voit l'air qui eft dans le coeur, & fe void luimême lumineux & plein de difcernement. Telle étoit la methode d'oraifon de ces Quietistes ou Hefycaftes, car on les nommoit encore ainfi.

XIX. hift.

s. I.

Le chef de ceux que combattoit Barlaam, étoit Nic. Greg. Gregoire Palamas, à qui Nicephore Gregoras avoit oui dire qu'il voyoit de fes l'effence yeux divine. Nicephore difoit l'avoir oui dire à Palamas & à Drimyr fon compagnon, en prefence de plufieurs perfonnes, avant que Barlaam vînt en Grece, c'est-à-dire avant l'an 1328. Il les avoit dés lors vivement repris, & en avoit averti le Bov. vita grand Logothete & quelques favans Prélats, qui dirent que c'étoit l'herefie des Maffaliens, & lui ordonnerent de fuir la compagnie de ces gens-là. Palamas fe trouvant donc à Theffalonique, lorfque Barlaam y revint, foûtint que cette lumiere 11.6.39.P. divine dont il s'agiffoit, avoit apparu à plufieurs 332. faints comme aux martyrs pendant les perfe

Ni. G.

Lantas, lib.

cutions,

cutions, & au grand faint Antoine. Et pour remonter plus haut, ajoûtoit-il, & jufques au pre- AN. 1344 mier exemple c'eft cette lumiere que les Apôtres virent fur le Thabor à la Transfiguration; & dont ils ne purent foûtenir l'éclat. Si donc étant encore des hommes imparfaits, ils ne laifferent pas de voir cette lumiere divine & incréée, faut-il s'étonner que les Saints éclairés d'en haut la voient encore à prefent.

1.Jo.iv.12

A ces mots Barlaam s'écria: Quelle abfurdité !P-333i La lumiere du Thabor incréée. Elle est donc Dieu, felon vous car rien n'eft incréé, fi ce n'eft Dieu. Si donc cette lumiere n'eft ni une créature ni l'effence de Dieu, car perfonne n'a jamais vû Dieu, que refte-t-il, finon d'adorer deux dieux, l'un Créateur de tout, & invisible, l'autre visible selon vous, c'eft-à-dire cette lumiere incréée ? Pour moi je ne fouffrirai jamais que l'on nomme incréé rien qui foit diftingué de l'effence de Dieu.

Enfuite Barlaam paffa à C. P. & mit entre les mains du patriarche Jean d'Apri, ce qu'il avoit écrit contre les moines Quietiftes; & le pria d'affembler un concile, prétendant les y convaincre d'erreurs contre la foi. Le Patriarche manda les moines qui étoient à Theffalonique; & l'Empereur revenant de la guerre arriva en même tems à C. P. Il voulut d'abord impofer filence aux deux partis, & les reconcilier; mais n'y pouvant réüffir, il permit de tenir le concile. On le tint à fainte Sophie le onziéme de Juin 1341. & l'Em pereur Andronic y préfidá avec le patriarche Jean, les Evêques, les fenateurs & plufieurs perfonnes conftituées en dignité. On fit parler Barlaam le premier comme étant l'accufateur, & on ne traita que deux articles: celui de la lumiere du Tabor, & celui de la priere. Ce fut fur ces deux articles que Barlaam fut condamné ; de quoi

n'étant

n'étant pas content, il fe retira & retourna AN.1341 Italie.

d'Andro

X. L'Empereur qui étoit déja malade, fit un ef. Mort fort pour affifter à ce concile, & y harangua nic Jean avec tant de vehemence, que fon mal en étant Paleologue augmenté, il mourut quatre jours après, faEmpereur. voir le vendredi quinziéme de Juin 6849. felon

les Grecs, 1341. felon nous: il étoit âgé de quarante-cinq ans, & en avoit regné douze, & N. Greg. telle fut la fin d'Andronic Paleologue le jeune. Il lib. x11. c. laiffa deux fils, Jean âgé de neuf ans & Michel de quatre, fous la conduite de l'imperatrice Anne

2.

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leur mere.

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Niceph.lib. Alors le patriarche Jean d'Apri prétendit à la XII. c. 2. conduite des affaires en vertu d'un écrit de la main de l'Empereur Andronic, par lequel allant Cantat. lib. autrefois à la guerre, il l'avoit chargé avec les Evêques qui étoient auprès de lui, de prendre foin de l'Imperatrice fa femme & de fes enfans. Car il eft jufte & neceffaire, difoit ce Patriarche, que l'Eglife foit unie à l'empire comme l'ame au corps.

111. C.

Mais le grand domeftique Jean Cantacuzene Nit. c. 3. foûtenoit que la tutele des jeunes Princes, & la regence. de l'empire lui appartenoit. Tout le monde fait, difoit-il, la part que le défunt Empereur me donnoit au gouvernement des affaires, & l'entiere confiance qu'il avoit en moi : jusqu'à me donner les ornemens imperiaux, & me faire regner avec lui, fi j'euffe voulu l'accepter. L'imperatrice Anne eft témoin qu'il m'a recommandé plufieurs fois de prendre après fa mort le foin des affaires de fa famille & de l'empire. Quant à l'écrit que le Patriarche rapporte à present, c'étoit une précaution prife pour un tems, afin qu'il reftat quelqu'un à C. P. avec autorité, pendant que j'étois à la guerre avec l'Empereur. *.4 Nonobftant cette remontrance, le Patriarche

l'em

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