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Vita PP.

p. 526. 527

Mariana XVIll. .. 13. 15.

querent pas d'attribuer à fa declaration en faveur AN.1393 du Pape d'Avignon. Son fucceffeur fut Henri III. fon fils aîné qui avoit à peine dix ans, & que fa mauvaife fanté fit furnommer le Dolent ou le Valetudinaire. Pendant fa minorité les grands du roïaume, tant les prélats que les feigneurs, fe diviferent touchant le gouvernement. Entre les prélats les plus diftingués étoient Pierre Tenorio Portugais Archevêque de Tolede, & d'autre part Jean Mauriquès Archevêque de Compoftele & chancelier du roïaume. La divifion alla fi loin que l'Archevêque de Tolede fut emprisonné avec Pierre Evêque d'Ofma. Ce qui fut caufe que l'on mît en interdit la ville de Zamora où ils avoient été arrêtés, & celles de Palencia & de Salamanque.

..18.

Le Pape Clement informé de l'affaire fut trèsaffligé de la détention des prélats, & envoïa en Gall. Chri. Caftille en qualité de nonce Dominique de Floto. 1. edit. rence de l'Ordre des freres Prêcheurs alors Evê1715.8.29. que d'Albi & auparavant de faint Pons. Le Pa30. pe en confideration de la jeuneffe du roi, & de ce que les prifonniers étoient déja delivrés, donna pouvoir au nonce de l'abfoudre des cenfures qu'il avoit encouruës. La commission eft du vingt-neuviéme de Mai 1392. & le nonce négotia fi bien, qu'il pacifia les affaires : après quoi le jeune roi reçut l'abfolution à genoux dans l'Eglife cathédrale de Burgos en presence de trois Evêques le vendredi quatriéme de Juillet 1393.

401

AN 1394

LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

'UNIVERSITE' de Paris, toûjours atten

I.

Live à la réunion de l'Eglife, follicitoit puif- Lettre de

N. de Cle

famment le roi & fes oncles de s'y appliquer, mangis fouparticulierement depuis qu'il y eut une tréve de chant l'u

nion.

quatre ans conclue entre la France & l'Angle- J. Juven.

F. 104.

terre, qui fut en 1394. En même tems vint à Paris le cardinal Pierre de Lune comme legat, Hift. Univ. fous prétexte de l'union, mais en effet pour s'y to 4. p. 685. oppofer fecretement. Il agiffoit de concert avec le duc de Berri livré au Pape Clement, qui ne lui refufoit rien, foit benefices pour ceux qu'il vouloit gratifier, foit décimes impofées fur le clergé. L'univerfité ne fe rebutoit pas pour cela, étant foûtenue par le duc de Bourgogne bien intentionné pour P'union.

Nicolas de Clemangis aïant achevé le difcours touchant l'union qu'il avoit été chargé de compofer en forme de lettre au roi : il fut lû & approuvé dans une affemblée generale de l'univerfité tenue aux Bernardins le fixiéme de Juin 1394. veille de la Pentecôte, & la lettre fut prefentée au roi le trentiéme du même mois. En voici la fubftance Vous nous avez ordonné, fire, de p. 687. nous affembler par deputés pour chercher les Spici', to. 6. voïes & les moïens de réunir l'Eglife le plus promtement; & nous avons trouvé trois voïes que nous jugeons les plus convenables, la ceffion, le compromis & le concile. La ceffion eft la renonciation pleine & entiere des deux parties qui fe difent Papes à tout le droit qu'ils ont ou prétendent avoir au pontificat: foit que cette démiffion fe fit en prefence des deux colleges

des

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81.

des cardinaux affemblés, ou que chacun des deux AN1394 Papes la fît entre les mains de fon college, ou de quelque autre maniere. Et cette ceffion étant declarée, les deux colleges réunis éliroient un Pape.

:

C'eft cette voie, fire, que nous preferons aux autres, comme la plus promte & la plus convenable pour terminer le fchifme. C'eft la plus facile pour éviter la peine, la dépenfe & les autres difficultés. C'eft la plus füre pour calmer les confciences de tous les fidéles de l'une & l'autre obédience enfin c'eft la plus propre pour fauver l'honneur des princes & des états qui ont adheré à l'un ou à l'autre, & éviter le fcandale. Les deux contendans doivent eux-mêmes prendre ce parti pour leur honneur de peur que fi l'on en vient à la difcuffion, elle ne tourne à la honte de l'un ou de tous les deux. Ils doivent confiderer la trifte diffipation du troupeau de JESUSCHRIST dont ils fe difent les pasteurs & dont ils lui rendront un terrible compte; enfin cette action leur attirera une gloire immortelle dans toute la fuite des fiecles.

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La feconde voïe pour finir le fchifme eft celle Spi. p. 86. du concile particulier ou du compromis que les deux contendans feroient entre les mains de quelques hommes notables qu'ils choifiroient eux-mêmes, & leur donneroient plein pouvoir de terminer le differend. Par cette voie on éviteroit la difficulté d'un concile general, & on préviendroit la chicane de ceux qui difent que le Pape Clement hafarderoit fon droit, parce que ceux de l'autre parti, c'est-à-dire les Evêques Italiens feroient en plus grand nombre. Par cette voie l'affaire feroit plûtôt terminée; & celui qui veut l'éviter, fe rend fufpect de connoître l'injuftice de fon titre. Et qu'on ne dife pas que le Pape ne peut fe foûmettre à perfonne : ce feroit lui attribuer ce qui ne

con

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convient qu'à Dieu feul, de n'étre obligé de ren-
dre raifon à perfonne de fa conduite.

AN.1394.

La troifiéme voie eft celle du concile gene-
ral: qui felon la forme du droit, ne devroit être
compofé que de prelats: mais puifque à nôtre
honte plufieurs aujourd'hui font ignorans, & plu-
fieurs paffionnés pour l'un ou l'autre parti, on
y pourroit mêler un pareil nombre de docteurs
en theologie & en droit des univerfités fameu-
fes de l'un & de l'autre parti, ou même joindre
des députés des chapitres de cathedrales & des
principaux Ordres religieux. Il montre enfuite
que le concile ne fera pas feulement utile pour
l'extinction du fchifme, mais encore pour le re-
tablissement de la difcipline & des mœurs. Enfuite?. 92.
il ajoûte Nous difons hardiment, que fi un des
contendans refuse opiniâtrement ces trois voïes
fans en propofer une autre fuffifante, il doit être
jugé fchifmatique obftiné & par confequent he-
retique. Loin d'être le pasteur du troupeau de
J. C. c'eft un trompeur & un tyran : il ne faut
plus lui obéir, ni lui laiffer aucun gouvernement
ni aucun ufage du patrimoine de l'Eglife. Il
doit être chaffé du troupeau comme un loup
dangereux, & puni des plus rigoureufes pei-
nes des fchifmatiques puifqu'il ne fe met point
en peine de la diffipation & de la perte du trou-
peau, & ne fonge qu'à fatisfaire fon avidité
infatiable.

Voici la peinture que fait l'auteur du trifte p. 95.
état de l'Eglife pendant le fchifine. Elle eft tom-
bée dans la fervitude, la pauvreté, le mépris:
elle eft expofée au pillage: on éleve aux préla-
tures des hommes indignes & corrompus, qui
n'ont aucun fentiment de juftice ni d'honnêteté,
& ne fongent qu'à affouvir leurs paffions bruta-
les. Ils dépouillent les Eglifes & les monafteres:
le facré & le profane tout leur eft indifferent,

pour

pourvû qu'ils en tirent de l'argent : ils chargent AN.1394. les pauvres miniftres de l'Eglife d'exactions intolerables, & les font lever par des hommes inhumains, qui n'épargnent perfonne, & ne laiffent pas de quoi vivre: on voit par tout des prêtres mandians & réduits aux fervices les plus bas. On vend en plufieurs lieux les reliques, les croix, les calices & tous les vafes facrés pourvû qu'ils foient d'or ou d'argent on voit les Eglifes tomber en ruine.

gens

Que dirons-nous de la fimonie qui domine tellement dans l'Eglife que prefque tout lui est soûmis? Sans argent peu de obtiennent des graces & très-difficilement celui qui en a, peut dormir en repos, il n'a rien à craindre. C'est la fimonie qui diftribue aux plus corrompus, pourvû qu'ils foient riches, les benefices qui font de quelque profit, principalement les cures elle méprife les pauvres quelques doctes qu'ils foient; au contraire plus les clercs font favans, plus elle les hait, parce qu'ils la condamnent plus librement, & ne veulent point emploier fon fecours pour obtenir des benefices. Ce qui eft de plus déplorable, c'eft qu'on vend jufqu'aux facremens, principalement l'ordination & la penitence; l'on éleve ainfi aux dignités ecclefiaftiques des perfonnes très-incapables & très-viles.

Que dirons-nous du fervice divin diminué par tout, & en quelques lieux entierement abandonné? Que dirons-nous des mœurs & des vertus de l'ancienne Eglife tellement oubliées, que fi les peres revenoient à peine pourroient-ils croire que ce fût la même Eglife qu'ils ont autrefois gouvernée? Enfin ce malheureux fchifme expofe nôtre fainte religion à la rifée des Egyptiens & des autres infidéles qui croïent avoir trouvé l'occafion favorable de nous infulter: ce fchifme enhardit les heretiques, qui commencent à lever la tête

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