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rendre réponse dans la fête de la Madeleine, c'est-à-dire le vingt-deux Juillet 1396. L'ab- AN.1396 bé de Oueft-minfter traverfa la France, & fe rendit à Avignon, où Benoît refufa de lui donner audience, à moins qu'il ne lui rendît les honneurs de Pape; fur quoi l'abbé ne jugea pas મે propos de paffer outre, & retourna en Angle

terre.

Le Pape Benoît de fon côté envoïa à Rome Rain.1396. quatre ambaffadeurs, favoir un Evêque nommé Barthelemi, Dominique Maschon docteur de loix, Pierre Garfia & Bartolin de Ruftiges qui étant arrivés à Fondi, dirent qu'ils avoient charge d'aller devant le Pape Boniface, & de conferer avec lui fur les moïens d'éteindre le

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fchifme. Le Pape ne jugea pas à propos de les laiffer vehir; & ils écrivirent à François Evêque de Segovie qu'ils connoiffoient, & qui étoit en cour de Rome, qu'il fit en forte de les venir trouver. Le Pape le lui permit, à la charge de lui rapporter fidélement ce qu'ils lui auroient dit.

XII.

Confpira

L'Evêque alla donc une fois les trouver, & revint vers le Pape: mais le Pape prétendit en- tions confuite que l'Evêque avoit fait de faux rapports de tre Bonifa part & d'autre ; & qu'il avoit traité avec les ce. quatre ambaffadeurs pour les faire venir à Rome, & y exciter du tumulte, qui auroit mis en peril même la perfonne du Pape. Enfuite l'Evêque de Segovie n'aïant pas la commodité de re-. tourner vers les ambaffadeurs, leur écrivit de fa main une lettre pleine d'infamies & d'injures contre Boniface, par laquelle il les exhortoit à executer leur complot.

Boniface l'aïant appris donna commission à Conrad Archevêque de Nicofie fon camerier d'informer de tous ces faits; & fi l'Evêque de Segovie s'en trouvoit coupable, le punir felon

les

les canons. La commiffion eft du huitième d'A AN.1396. vril 1396. Boniface avoit grand fujet de fe défier des Romains, qui deux ans auparavant, c'est-à-dire au mois de Mai 1394. excités par Rain.1395. Honorat comte de Fondi avoient formé contre n. 17. lui une violente fedition. C'étoit les banerets à

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S. Ant. P. la tête du peuple qui vouloit s'attribuer la fou

416.

veraineté de la ville. Ils étoient tellement animés contre le Pape, que l'on croïoit qu'ils le prendroient & n'épargneroient pas même fa vie. Mais Ladiflas roi de Naples fe trouvoit alors à Rome, où il étoit venu pour obtenir quelques graces du Pape. Il prit fa défenfe, & aïant fait armer fes gens, il reconcilia les banerets & le peuple avec le Pape, & laiffa la ville en paix. Pour prévenir Th. Niem de pareils défordres, Boniface répara & fortifia 17.. 14. le château faint-Ange que les François avoient en partie démoli au commencement du fchifme & que les Romains féditieux avoient achevé de

le.

XIII.

Sur. Indic. P.529.

ruïner.

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En Efpagne Jean roi d'Arragon mourut fubiMartin roi tement à la chaffe, le dix-neuviéme de Mai d'Arragon & de Sici- 1395. & Martin duc de Montblanc fon frere lui fucceda. Son fils aîné Martin comme lui avoit époufé Marie fille de Frederic d'Arragon dit le fimple, roi de Trinacrie ou Sicile, qui mourut en 1368. Le jeune Martin vint en Sicile avec fon pere, & la reine Marie fa femme en 1386. & y fut reconnu roi par une partie des Fazel. P、 Siciliens: car le roiaume étoit fort divifé, & plufieurs feigneurs s'étoient rendus maîtres chacun de leur canton. Ils reconnoiffoient le Pape de Rome, mais le roi d'Arragon reconnoifsoit Rain.1396. celui d'Avignon; & fon parti étoit foûtenu par plufieurs freres Mandians Francifcains & autres. Pour s'y oppofer & réunir les efprits, s'il étoit poffible, le Pape Boniface declara fon nonce en Sicile Gilfort Archevêque de Palerme par lettre

529. $30.

du

1

du dixiéme de Juin 1396. mais je ne vois pas que
cette commiffion ait eu d'effet.

l'univerfi

AN.1396.
A Paris l'univerfité voïant que le Pape Benoît XIV.
étoit inflexible; & que plus on s'efforçoit à lui Appels de
perfuader la ceffion, plus il s'opiniâtroit à la re- té contre
fufer, crut qu'il en falloit venir à la fouftraction Benoît.
d'obéiffance, & publia un écrit qui en faifoit voir Duboulas
les raifons. Il commençoit par le recit du fait, P. 799.
marquant les diligences qu'avoit fait l'univerfité
pour l'extinction du schisme dès le tems de Cle-
ment VII. Les lettres écrites aux Cardinaux pour
les prier de ne point élire de Pape à fa place;
comme aïant appris l'élection de Benoît XIII. plu-
fieurs s'en rejoüiffoient, perfuadés de fa bonne
volonté pour l'union par les difcours qu'il avoit
tenus en France étant cardinal, & par fon fer-
ment dans le conclave. L'univerfité marquoit en- Sup.n.
fuite le concile tenu à Paris l'année precedente,
l'ambaffade de trois princes vers Benoît, & fon
peu de fuccès.

Après le recit du fait l'univerfité expofoit fes
griefs, & difoit en fubftance: nonobftant tout cep 801.
que deffus, il a refolu de proceder contre l'univer
fité & quelques-uns de fes fupôts même par pri-
vation de benefices, & en a donné l'ordre; & il
publie que la conduite de l'univerfité ne vient que
de la haine qu'elle lui porte. Il rejette la voie de
ceffion comme injufte & deraifonnable, quoi
qu'en effet ce foit la meilleure & la feule pour finir
le fchifme; & toutefois il ne fe détermine à au-
cune autre voïe, mais il ufe de difcours confus &
de délais, ne cherchant qu'à demeurer perpetuelle-
ment dans fon état. Il a voulu détourner à un fens p. 80m
forcé & contraire à l'intention des Cardinaux le
ferment fait dans le conclave. Il envoïe des legats
de divers côtés pour prevenir tout le monde par
de faux rapports & par des prefens, & empêche
que l'on ne convienne de la voie de ceffion.

Sur

Sur ces griefs l'univerfité dreffa un acte d'appel AN.1396. fous le nom de Jean de Craon maître-ès-arts, & prêtre du diocefe de Laon, qu'elle avoit constitué fon procureur. L'acte d'appel eft très-long & contient toutes les raifons de part & d'autre ou plûtôt les prétextes fous lefquels on entretenoit le fchifme. La conclufion eft que l'université appelle au Pape futur, unique & veritable de toutes les cenfures faites ou à faire par le Pape Benoît; & l'acte lui fut auffi-tôt fignifié.

Spicil. 143 Duboulae p.803.

P. 820.

Il fut extrêmement irrité & publiaTM une bulle qui porte en fubftance: Nous avons appris même par la voie publique que Jean de Craon foidifant procureur de l'univerfité de Paris a eu la témérité d'interjetter appel au nom de cette compagnie contre nous & l'Eglife Romaine, fous prétexte de quelques prétendus griefs dont elle difoit que nous l'avions menacée

ou que

nous pourrions lui faire à l'avenir. Or les gens les plus mal-intentionnés n'ont jamais formé de telle appellation, contraire à la plenitude de la puiffance que faint Pierre & fes fucceffeurs ont reçûe de J. C. & aux facrés canons qui défendent d'appeller du faint Siege ou du Pape. C'eft pour quoi nous déclarons cette appellation nulle & de nul effet fans préjudice de proceder contre cet appellant & fes adherans, felon que meritera leur infolence. La date eft d'Avignon le trentiéme de Mai 1396.

L'univerfité aïant appris par la commune re nommée le contenu de cette bulle, écrivit aux cardinaux d'Avignon, pour s'en plaindre, & les prier de s'appliquer plus que jamais à l'extinction p. 826. du fchifme. La lettre eft du dixiéme de Juillet F.822. 1396. Enfuite ils publierent un fecond acte d'ap

pel contenant comme les autres pieces du tems beaucoup de paroles & peu de raifons. Ils alleguent les exemples des Papes dépofés, comme

Benoît

Benoît V. au concile de Rome en 964. à la pourfuite de l'Empereur Otton I. Benoît VI. ordonné AN.1396. en 972. mais peu après emprisonné & étranglé Sup. liv. par Centius. Et Benoît IX. chaffé par les Romains LVI. n. 10. n. 36. en 1044. mais ces deux derniers exemples furent Sup. liv. de violences. Ils citent auffi le fait du Pape LIX. n.47. pures Anaftafe II. abandonné par une partie de fon clergé mais c'eft une fable tirée de Gratien après V. Conc.to.4. Anaftafe bibliotecaire.

:

P. I. 77. D.

de C. P.

Sup. liv.

XCVIII. n.

42.

Cette année les Turcs remporterent en Hon- XV. grie une victoire fignalée fur les Chrétiens. Ba- Empereurs jazet ou Abou Jezid quatriéme des Sultans Ot- Biblioth. tomans avoit fuccedé à fon pere Amurat en Orient. p. 791. de l'Hégire 1388. de J.C. il fut furnommé 175. Ilderim, c'est-à-dire le Foudre, à caufe de la rapidité de fes conquêtes. Il affiegea C. P. en 1393. & obligea l'Empereur Manuel Paléolo- Rain. 1394. gue à lui païer un tribut de dix mille florins 23.6, d'or, & donner aux Turcs un quartier & une mofquée dans la ville; & comme les Grecs eurent recours au Pape Boniface pour avoir du secours des princes Latins, il fit prêcher la Croifade contre les Turcs dans les païs de fon obedience les plus voifins d'eux comme il paroît par trois bulles de l'année 1394. Mais pour bien entendre ceci il faut reprendre la fuite des Empe reurs Grecs de C. P.

La retraite de Jean Cantacuzene & le retabliffement de Jean Paléologue arriverent en 1355. Paléologue étoit alors âgé de vingt-trois ans. Il eut trois fils, Andronic, Manuel & Theodore, dont l'aîné furpaffoit tous les jeunes gens de fon âge par sa force, fa belle taille & fa beauté. Le fultan Amurat avoit auffi trois fils dont le fecond nommé Countouzes étoit de l'âge d'Andronic. Ces deux jeunes princes étant un jour en débauche conjurerent de faire mourir chacun fon pere, & vivre enfuite comme freres, Amurat en étant bien in

formé,

Sup. liv. xcv1 n. 17.

Ducas hift.

f. 12,

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