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que de pourvoir ces Cardinaux de benefices déja AN.1343. vacans, ou qui viendront à vaquer en divers païs, jufqu'à une certaine fomme. C'est ainfi que nous avons pourvû les deux Cardinaux Aimard & Geraud natifs de vôtre duché d'Aquitaine, de benefices fitués dans vôtre royaume.

Valling. P

191.
Rain. n. 9o.

&

Le Pape raconte ensuite la maniere dont les agens des deux Cardinaux ont été traités, ajoûte: Il eft certain que nous avons accordé des graces femblables aux autres nouveaux Cardinaux dans prefque tous les païs catholiques, fans avoir oui parler d'aucune rebellion; & nous croïons qu'il eft de vôtre honneur & de vôtre interêt que les Cardinaux naturellement affectionnés à vôtre fervice, poffedent des benefices dans vos états & Dieu veuille que ceux qui font élevés par les bienfaits de l'Eglife Romaine ne foient pas les auteurs de ces violences, comme on le croit vraifemblablement. Il finit en priant le Roi de faire reparer ce qui a été fait contre les agens des Cardinaux, & de leur accorder fa protection pour les affaires dont ils font chargés. La lettre eft datée du vingt-huitiéme d'Août 1343.

Le Roi répondit un mois après par une lettre où il dit: Il est notoire que dès la naiffance de l'Eglife les Rois nos prédeceffeurs, & les feigneurs. d'Angleterre ont fondé les Eglifes, & leur ont donné des biens & des privileges, y établiffant des dignes miniftres pour l'inftruction des peuples & la propagation de la foi. Mais il eft trifte que par les provifions qui viennent de Rome, ces biens tombent aux mains de perfonnes indignes principalement d'étrangers qui ne réfident point dans leurs benefices, ne connoiffent point leurs troupeaux, & n'en entendent pas la langue : ne cherchant uniquement que le profit temporel. Ainfi le fervice divin eft diminué, le foin des ames negligé, l'hofpitalité ceffe, les droits des Eglifes fe

pers

:

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Berdent, les bâtimens tombent en ruïne. Cependant les hommes doctes & vertueux du roiau- AN-1343. me qui pourroient utilement conduire les ames & fervir dans nos confeils, abandonnent les étu des, defefperant d'obtenir des benefices. D'ailleurs le droit de patronage que nous & nos fujets avons fur les benefices, eft diminué, nôtre jurifdiction eft fruftrée, & les droits de nôtre couronne déperiffent honteufement les richeffes de nôtre roiaume paffent à des étrangers, pour ne pas dire à nos ennemis peut-être par un deffein fecret d'affoiblir notre roïaume, en abaiffant fon clergé, & épuifant fes richeffes. Tous ces inconvéniens ont été depuis peu expofés en nôtre prefence dans nôtre parlement, auquel ils ont paru intolerables, & il nous a prié inftamment, & tout d'une voix d'y apporter remede. Nous vous prions donc de permettre que les élections libres aïent lieu dans les Eglifes cathédrales & dans les autres: d'autant plus qu'autrefois nos ancêtres conferoient ces Eglifes par le droit de leur couronne & depuis à la priere du faint Siege ils accordérent les élections aux chapitres fous certaines conditions, & cette conceffion fut confirmée par le faint Siege. La lettre eft du vingt-fixiéme de Septembre.

Elle contient deux faits importans contraires à la verité, ce qui étoit l'effet de l'ignorance du tems. Le premier, que les Rois d'Angleterre fuffent les fondateurs de toutes les Eglifes de leurs roïaumes; puifqu'il eft certain que fous l'empire Romain la religion étoit établie dans la grande-Bretagne, & les évêchés fondés, pour la plûpart avant l'entrée des Anglois-Saxons & des au

tres Barbares. Vous l'avez vû dans le cours de Sup. liv. cette hiftoire. L'autre fait faux, eft que les Rois XLVI. *, euffent originairement le droit de conférer les évê- 47. chés, & que les élections fe fuffent introduites

par

par leur permiffion. Vous avez vû que fous l'emAN.1343. pire Romain les Evêques étoient choifis & ordonnés par le concile de la province, fans que l'Empereur ni fes officiers s'en mêlaffent. Après l'établiffement des peuples Barbares, leurs Rois fe rendoient quelquefois maîtres des élections, mais quant à celles des chapitres, elles s'introduifirent infenfiblement, & je les trouve établies dès le douziéme fiecle, fans en avoir pû remarquer le

Cardinaux.

commencement.

XX. Le vingt-feptiéme de Février 1344. le Pape Nouveaux Clement fit deux Cardinaux, c'étoit le famedi des Bal, vir. p. quatre-tems de carême. Le premier cardinal fut 349. 870. Pierre Bertrandi le jeune, neveu de celui qui s'étoit fignalé en la difpute avec Pierre de Cunieres, & Sup. liv. qui vivoit encore. Sa foeur Marguerite Bertrandi XCIV. 2. 4. époufa Barthelemi de Colombiere au diocefe de Vienne, & de leur mariage, naquit le jeune Pierre, que le Pape Benoît XII. fit chanoine d'Autun : puis il fut Evêque de Nevers, & enfuite d'Arras en 1339. Le Pape Clement le fit cardinal prêtre du titre de fainte Sufanne; il accorda fa promotion aux prieres de la Reine de France Jeanne de Bourgogne. Le Pape l'avoua lui-même dans le difcours qu'il fit aux Cardinaux en ce confiBa'.p.869. ftoire. Dieu m'eft témoin, dit-il, que jeudi je fongeois auffi peu à donner les ordres, qu'à la chofe du monde la moins vraisemblable mais le foir fort tard il me vint des lettres de la reine de France, qui dès le commencement de ma création, m'écrivit que je lui devois accorder un cardinal, & depuis elle m'en a follicité plufieurs fois ardemment pour ce prélat par fes lettres & fes ambaffadeurs. Si j'avois prévû que je fiffe une ordination, je l'aurois faite plus nombreuse, & j'aurois pris un ou plufieurs Italiens. Le Pape voulut que ce prélat fût nommé le cardinal d'Ar

ras.

Le

Le fecond de cette promotion fut Nicolas de

Beffe neveu du Pape, fils de fa fœur Delfine Ro- AN 1344 ger, & de Jaques de Beffe. Le Pape prit foin de P. 874. fon éducation, & le fit étudier à Paris : enfuite il étudia à Orleans, & il y étoit profeffeur quand le Pape le fit venir à fa cour. Il l'avoit fait Evêque de Limoges dès l'année précedente 1343. mais il ne fut jamais facré ; & ce fut à la priere unanime de tous les Cardinaux que fon oncle le fit cardinal diacre, lui donnant le titre de fainte Marie in via lata.

XXI.

Negotia

tion avec

Le roi Philippe de Valois aïant obtenu du Pape qu'il fursît aux pourfuites contre Louis de Baviere: ce prince envoya au Pape & au roi, pour fçavoit ce qui empêchoit fa reconciliation, puif- Louis de qu'il étoit prêt à faire tout ce qui lui feroit en- Alb. Arjoint par le Pape. Le roi Philippe lui répondit: gent p. 133. Le Pape dit que vous ne demandez pas grace de de la maniere dont vous le devriez. Les envoïés de Loüis demanderent un modéle de procuration dont le Pape fut content, & on leur en donna un fi honteux & fi dur, qu'ils ne croyoient pas que Loüis dût s'en fervir, quand même il eût été prifonnier. Car il donnoit pouvoir à fon oncle Humbert Dauphin de Viennois, aux prévôts des églifes d'Ausbourg & de Bamberg, & au docteur Ulric d'Ausbourg, d'avouer toutes les erreurs & les herefies qui lui étoient attribuées, de renoncer à l'empire, & ne le reprendre que par grace du Pape; & fe mettre lui, fes enfans, fes biens & fon état à la difpofition du Pape.

Louis de Baviere ne féella pas feulement cette procuration, mais encore il jura en prefence d'un notaire envoïé par le Pape, qu'il l'obferveroit, & Rain. 1340. ne la revoqueroit point; de quoi le Pape & les " 62. Cardinaux s'étonnoient, jugeant qu'il étoit fort embaraffé. Les quatre ambaffadeurs fe prefenterent devant le Pape en confiftoire public le

feizié

feiziéme de Janvier 1344. & firent le ferment AN.1344 conformément à la procuration, puis ils prefferent le Pape de leur donner les articles de la penitence qu'il enjoignoit à Louis: mais le Pape leur donna des articles qui touchoient l'état de l'empire, & non la perfonne du prince. Louis les ayant reçus, en envoia copie à tous les princes P. 134 d'Allemagne, particulierement aux Electeurs & aux grandes villes : les convoquant à Francfort pour tenir une diete fur ce fujet. Leurs deputés s'y affemblerent au mois de Septembre 1344. & le docteur Viguer protonotaire de l'Archevêque de Tréves parla ainfi par l'ordre de Louis; Seigneur, les Electeurs & les autres vaffaux de l'empire ci-devant affemblés à Cologne aïant examiné les articles que le Pape demande pour vôtre reconciliation, ont jugé tout d'une voix qu'ils tendent à la deftruction de l'empire, & que ni vous ni eux, après le ferment que vous avez fait à l'empire, ne pouvez les accepter. Ils ont refolu d'envoïer au Pape le prier de s'en defifter s'il ne veut pas, ils ont pris terme pour s'affembler avec vous à Rens fur le Rein, & deliberer comment on doit refifter à de telles entreprises.

:

les

L'Archevêque de Maïence qui étoit present & les deputés des autres Princes confirmerent le rapport du protonotaire; & les deputés des villes aiant deliberé entr'eux; celui de Maïence dit à Louis, au nom de tous: Seigneur villes ne peuvent fubfifter fans l'empire; & fi le Pape vouloit perfifter dans ce deffein, nous ferons toûjours prêts à obéir & à maintenir les droits, l'honneur & la confervation de l'empire par toutes les voies qu'ont trouvé les princes. L'Empereur Louis les remercia, & dit: Dans huit jours nous nous affemblerons à Rens les princes & moi avec mon oncle Charles marquis

de

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