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Si les Turcs venoient vous prier de vous joindre à eux pour détruire les Tartares & les Sara, AN.13.39. fins, vous les écouteriez parce qu'il vous fe roit plus avantageux de faire la guerre avec les Turcs, les Tartares & les Sarafins, que de les attaquer tous trois vous feuls. Il en eft de même de vous joindre aux Grecs, plûtôt que d'attaquer feuls les Grecs & les Turcs. Sachez encore & certainement, que ce n'eft pas tant la difference des dogmes qui aliene les Grecs de vous, que la haine qu'ils ont conceue, à caufe des grands maux que les Latins leur ont faits en divers tems & leur font encore tous les jours; & l'union ne fe peut faire, fi on ne commence par faire ceffer cette haine par quelque grand bienfait de vôtre part: fans quoi ils ne voudront pas même vous écouter. Sachez enfin que ce n'est pas le peuple des Grecs qui m'a envoyé vers vous, mais l'Empereur feul & fecretement: enførte fi on ne lui que auparavant du fecours, il n'ofera déclarer qu'il defire l'union avec vous.

envoye

Le Pape & les Cardinaux aiant vû & foigneufement examiné cette propofition de Barlaam répondirent: Il n'eft pas à propos de paroître maintenant révoquer en doute ce qui a été décidé folemnellement au concile d'Ephefe, en ceux de Tolede & de Lion & en plufieurs autres, que le Saint-Efprit procede du Pere & du Fils comme d'un feul principe. Ce que les Grecs ont profeffé expreffément du tems du Pape Hormifda, de Jean patriarche de C. P. & de l'Empereur Juftin; & long-tems après un autre patriarche Jean & l'Empereur Michel Paleologue, par la lettre fynodique envoyée au Pape Jean XXI.

Il faut expliquer ces citations. Le concile d'Ephefe ne traita directement que du myftere de l'Incarnation contre l'herefie de Neftorius;, & çe ne fut qu'incidemment qu'on y parla de la

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A 3

ceffion

Damale.

ceffion du Saint-Efprit à l'occafion du neuviéme AN.1339. anathême de S. Cyrille & du faux fymbole dé Sup. lib. noncé par le prêtre Charifius. On Y voit toutexxv. n. 22. fois affez clairement que faint Cyrille & tout le 56. concile croioient que le S. Efprit procede du Fils.. Lequien differt. I. Le concile de Tolede, dont il eft ici parlé, est le troifiéme tenu l'an 589. où fe trouve pour la premiere fois l'addition filioque. Quant au Pape Hormifda nous avons une lettre de lui écrite à Sup. liv. l'Empereur Juftin en 521. où ildit expreffément : xxxiv. n. Il eft propre du S. Efprit de proceder du Pere & 5.6. liv. du Fils. Sans que les Grecs fe foient plaints alors de cette expreffion. Le concile de Lion eft celui to. 4. con de l'an 1274. où fe fit la réunion procurée par 15:53. B. Michel Paleologue.

10. 5. cont.

P. 1000.

XLV. n. 18.

44.

Rain. n. 26.

Sup. liv. Les envoyés de l'Empereur Andronic ayant vû LXXXVI. *. la réponse du Pape dirent: Si on ne peut perfuader aux Grecs de profeffer l'article du fymbole comme les Latins, que chacun demeure dans fa créance, fans préjudice de l'union. On leur répondit: Cela ne fe peut fouffrir. L'Eglife catho lique n'a qu'une feule créance; & ne résistant pás à l'erreur elle fembleroit l'approuver. Toutefois le Pape voulant toûjours faciliter l'union dit aux envoyés : Que vôtre Patriarche & vôtre Empereur affemblent en concile les prétendus patriarches d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem avec leurs Evêques, leur clergé & les principaux laïques ; & que l'on choififfe quelques favans pour les envoyer ici en Occident avec des pouvoirs fuffifants: afin qu'ils conferent avec des commiffaires députés par le S. Siege, non par maniere de difpute, mais pour l'inftruction des Grecs. Car la convocation d'un concile general ne paroît pas convenable, principalement en ce tems de trouble & de guerre à caufe du long-tems, des dépenfes & des trayaux que cette convocation exigeroit. Barlaam

:

don

donna encore un autre memoire où il difoit:

Loin que l'examen puiffe nuire à une verité que AN.1339 l'on croit manifefte, il ne fert qu'à la rendre plus n. 18. évidente, comme en maniant les parfums on en fait mieux sentir la bonne odeur. Les peres de Nicée voyoient clairement que le Fils eft confubftantiel au Pere: mais parce que les Ariens en doutoient, ils voulurent l'examiner pour procurer leur falut. Il vous fera glorieux d'en ufer de même à l'égard des Grecs; & ne leur pas donner prétexte de dire que vous craignez l'examen, parce que vous vous défiez de votre caufe. Quant à " 31. ce que vôtre Sainteté a propofé de faire venir d'Orient des députez avec plein pouvoir de l'Empereur & des Patriarches, il me paroît impoffible à moins d'un miracle. L'Empereur n'ofe déclarer fon deffein de fe réunir avec vous, parce que plufieurs des grands & même du peuple, craignant qu'il ne les voulût traiter comme fit Michel Paleologue, chercheroient une occation de le faire mourir. De plus l'Eglife de C. P. n'envoyeroit pas des nonces pour cette affaire fans le confentement des trois autres patriarches, qu'il feroit difficile d'affembler à caufe des guerres. Il eft incertain s'ils voudroient venir: s'ils conviendroient d'envoyer leurs nonces ; & quand ils en feroient d'accord, ils ne leur donneroient plein pouvoir qu'à des conditions que vous n'admettriez pas. Barlaam ajouta de vive voix, que nonobftant toutes ces difficultez, il travailleroit fidélement à procurer l'union. C'eft ainfi qu'il prit congé du Pape pour retourner en Grece.

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Le Pape Benoît le chargea de deux lettres, en ap. Allst. réponse de celles qu'il avoit apportées du Roi de de Conf. p. Naples & du Roi de France; la lettre au Roi Ro- Rain. n. 32. bert en date du trentiéme d'Août 1339. n'eft 37. qu'une promeffe de lui écrire plus amplement. La lettre au Roi Philippe eft du quatriéme de Septem

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Septembre, & contient le recit de tout ce qui AN1339 s'étoit paffé en cette negociation; & le Pape en envoya depuis copie au Roi Robert. En cette lettre & dans tous les actes concernant cette affaire, le Pape ne donne jamais à Andronic le titre d'Empereur, mais feulement de moderateur des Grecs, pour ne pas préjudicier aux droits de Catherine de Courtenai, qui fe difoit Imperatrice de C. P. & par la même raifon en parlant des quatre patriarches d'Orient il dit: Ceux qui fe nomment Evêques de C, P. d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem; à caufe des Latins aufquels il avoit donné ces titres.

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Maftin de

Quelques-uns des tyrans de Lombardie pour Albert & donner un titre coloré à leur domination, fe foula Scale, mirent au Pape à certaines conditions, entr'aufeigneurs tres d'un tribut annuel, & receurent de lui la de Verone qualité de vicaires de l'empire dont le Pape pré3. Vill. XI. tendoit avoir l'administration pendant l'interre

f. 100.

gne, car il tenoit l'empire pour vacant. Ainfi il confirma dans la feigneurie de Verone, Albert & Maftin de la Scale freres. La bulle en leur faveur eft du premier Septembre 1339. & porte entr'autres conditions, qu'ils payeront à l'Eglife Romaine un tribut annuel de cinq mille florins d'or.

Le fiege de Verone étoit vacant depuis le meurtre de l'Evêque Barthelemi de la Scale, qui après deux ans de pontificat, fût tué par Maftin fon coufin germain le jeudi vingt-feptiéme d'Août 1338. On avoit rapporté à Maftin que l'Evêque traittoit avec les Venitiens & les Florentins fes ennemis capitaux, de lui ôter la ville de Verone, & le tuer lui même en trahison. Il avoit preuve de cette confpiration, tant par des lettres qui avoient été trouvées, que par le rapport de perfonnes dignes de foi, & les difcours de l'Evêque qui s'en étoit vanté, & s'étoit efforcé d'y attirer

des

des Veronois & des étrangers. Maftin donc trouvant l'Evêque qui ne fe doutoit de rien devant la AN.1339, porte de l'évêché, fe jetta fur lui transporté de colere & accompagné d'Alboüin de la Scale fon parent: ils le percerent de plufieurs coups d'épée & le tuerent.

Le Pape ayant apris ce meurtre, écrivit au patriarche d'Aquilée metropolitain de Verone, d'informer contre les coupables, pour déclarer qu'ils avoient encouru les peines portées par les canons; & peu de jours après il fe réferva la provifion de l'évêché de Verone, defendant au chapitre d'y pourvoir.

Ces lettres font du vingt-quatre & du vingthuitiéme de Septembre 1338. mais le chapitre dès le premier du même mois, avoit élû un Evêque qui ne put obtenir fa confirmation, & le fiege de Verone vaqua environ cinq ans.

Cependant Albert de la Scale & Maftin fon Rain. 1339. frere, ayant fait leur traité avec le Pape, Mastin n. 67. Ughel. p. voulut encore avoir l'abfolution de fon crime, 861. & pour cet effet il envoya à Avignon tant en fon nom, que d'Alboüin fon complice, un procureur chargé de pouvoir fpecial: attendu que les coupables ne pouvoient y aller en perfonne, fans mettre leur vie en danger. Le Pape ayant oui ce procureur, & ayant égard au repentir que témoignoient les deux coupables: donna commiffion à l'Evêque de Mantouë de les abfondre

charge de faire la penitence fuivante. Huit jours après leur abfolution, ils iront à pied en chemise & nue tête, depuis l'entrée de la ville de Verone jufqu'à l'Eglife cathédrale, portant chacun à la main une torche allumée du poids de fix livres, & en faifant porter devant eux cent autres femblables. Etant arrivez à l'Eglife un dimanche à l'heu re de la grande meffe, ils offriront les torches & demanderont pardon de leur crime aux chanoiAs

nes.

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