502. Le vingt-neuviéme de Mai l'univerfité affemblée aux Maturins écrivit auffi aux cardinaux AN.1408. Romains une lettre où elle dit: C'est à vous Libert. p. maintenant que revient toute l'affaire, afin que Duboulai les deux colleges étant affemblés & les deux p.163. contendans abandonnés vous donniez au monde un feul Pape. Nous avons écrit fur ce fujet aux cardinaux de nôtre parti, c'eft-à-dire d'Avignon. Ils rapportent la lettre qui est très-forte contre les deux Papes, & concluënt en conjurant les cardinaux Romains de fe joindre avec les autres. noit XII. Cependant à la pourfuite de l'univerfité ou plûtôt de quelques docteurs particuliers le roi fit Fuite du écrire plufieurs autres lettres. La première au maPape Be rêchal de Boucicaut gouverneur de Genes, por- Lib p.4895 tant ordre d'arrêter Pierre de Lune, s'il étoit poffìble. Car quand il fut mis en liberté à Avi- Sup. liv. gnon en 1402. le marêchal fut chargé de le me- xc, n. 40. ner & le ramener jufqu'à ce qu'il eût traité de la paix avec fon competiteur. Le marêchal avoit Labour. p. donné ordre de l'arrêter & le garder, afin qu'il ne fortît pas des terres de l'obéiffance du roi, P.218. Mais Pierre de Lune l'aïant appris, s'embarqua fur fes galeres qu'il tenoit toûjours armées, & après s'être promené deux mois le long de la côte de Genes, il paffa en Catalogne qui étoit fon païs, & fe jetta dans Perpignan ville frontiere de France & d'Arragon, pour y attendre en fûreté la fin de l'orage. 645. Ms. Ange Corrario étoit toûjours à Luques, où XIII. il s'efforçoit de juftifier fa conduite par un long Défenfe de écrit Gregoire. fervir de réponse à l'acte d'appel des Rain. n. 9. pour cardinaux Romains. Il y nie les faits les plus 10.. odieux, comme d'avoir voulu les faire mourir : mais il les accufe de revolte & d'intelligence avec fes ennemis entr'autres avec le roi Ladiflas, qui vouloit fe rendre maître de Rome, & qui Tome XX. Y en en effet y entra le huitiéme Mai de cette année A1408.& y fut reçu par les Romains comme l'auroit été un Empereur. Ange Corrario prétend que fa nouvelle promotion de Cardinaux étoit neceffaire Rain. n. 5. 332. XIV. concile in pour Le vingt-uniéme du même mois il publia une lettre adreffée à tous les fidéles où il foûtient que l'union qui étoit en bon chemin a été troublée par les intrigues de quelques mauvais efprits, qui ne cherchoient qu'à le faire dépofer. Que Pierre de Lune tendoit à s'emparer de Rome par le fecours du maréchal de Boucicaut. Il fe plaint des calomnies que l'on répand contre lui par tout le monde, & finit en proteftant toûjours qu'il ne defire que l'union. Les cardinaux de Pierre de Lune au nombre Lettre des de huit ou neuf s'étoient retirés en divers lieux Cardinaux, fous prétexte de prendre l'air pendant les chadiqué, leurs de l'été mais voïant que leur Pape les avoit abandonnés, ils fe joignirent aux cardinaux. Rain. 1408. Romains; & tous enfemble ils écrivirent une let.22.. tre circulaire tant en leur nom que des cardinaux To. xi. cene, abfens & de ceux qui voudroient leur adhérer, P.2146. adreffée à tous les Evêques & les Abbés, où ils racontent ce qui s'étoit paffé depuis la mort du Pape Innocent VII. & ajoûtent: N'efperant plus que la Chrétienté pût recevoir la paix des mains de P. 1148. E. Gregoire & de Benoît, vû même qu'ils étoient fufpects de collufion: nous nous fommes retirés de Luques où nous n'étions pas en fûreté, ce font les cardinaux Romains qui parlent, & fommes venus à Pife, puis à Livourne, pour traiter avec les cardinaux de l'autre parti des moïens de donner la paix à l'Eglife. Nous avons reçu fur ce fujet & confideré les avis des univerfités de Paris & de Boulognes & y 1. & nous avons trouvé qu'elles inclinoient fort aux fept conclufions fuivantes. Les deux pré- AN.1408, tendus Papes font obligés de droit commun par leur devoir paftoral de ceder dans les circonftances prefentes, puifque l'union ne fe peut faire autrement: finon on croira qu'ils aiment plus leur dignité temporelle que le falut du peuple, l'union de l'Eglife & la vie éternelle. Ils font 2 encore plus obligés par leur promeffe, leur vœu & leur ferment. Un Pape qui durant un tel fchif- 3. me réfifte opiniâtrement à accomplir ce qu'il a juré, & à quoi il étoit obligé même fans ferment, ce Pape commet un crime notoire, pour lequel il eft foûmis à la jurifdiction du concile. Et de 4 plus on en conclut qu'il eft fauteur du fchifme, dont la longueur fait tomber dans l'herefie; & dans le doute c'eft encore au concile à juger de ces questions. Il eft auffi juge de ce doute fur le vrai Pape f fi difficile à refoudre, à caufe des difficultés infurmontables de fait & de droit dont il faut toutefois fortir, afin que l'Eglife ne demeure pas ainfi perpetuellement divifée avec un tel fcandale & une telle perte des ames. Or tant que les 6 chofes font en ces termes, & que tous deux refufent d'accomplir leur ferment: les peuples qui leur font foûmis peuvent & doivent fe retirer de leur obedience, & pechent s'ils ne le font, comme entretenant le schifme. Enfin le fait eft notoire que P'un & l'autre manque à fon devoir & à fon ferment puifqu'ils pouvoient ceder au moins par procureur ou entre les mains de leurs cardinaux. Car leur ferment les engage à ne rien omettre de ce qui fera neceffaire, utile ou convenable pour P'union de l'Eglife. Tout celà confideré, nous nous fommes déterminés à venir à Livourne avec les cardinaux de l'autre college; & nous étant affemblés en nombre fuffifant, nous avons confideré que les AN.1408. deux contendans n'affembleroient jamais contre eux-mêmes un concile entier. Aucun d'eux ne Concil, f. 2145. Spicileg. p. voudra le convoquer, ou differera trop long- C'est pourquoi bien que de nôtre part & en nôtre obedience le concile foit convoqué en un certain lieu & à un certain terme; & que les cardinaux de l'autre obedience en faffent de même nous vous declarons donc cette deliberation, & nous vous prions de vous trouver à Pife au jour de l'Annonciation de la fainte Vierge au mois de mars prochain, auquel terme les cardinaux de l'autre parti convoquent auffi les prelats & les autres perfonnes de leur obedience & dans la même ville de Pife. Ceux qui ne pourront y affifter en perfonne font priés d'y envoïer des députés fuffifans; il fera procedé à l'union de l'Eglife avec les prefens nonobftant l'abfence des autres, Donné à Livourne le vingt-quatrième de Juin 1408. Les cardinaux de l'obedience d'Avignon publierent une lettre femblable pour la convoca tion du concile de Pife au même terme du vingtcinquiéme de Mars 1409. Elle eft auffi dattée de Livourne, mais feulement du quatorziéme de Juillet; & j'y remarque entr'autres ces paroles: Nous avons confeillé au feigneur Benoît qu'il offrit à fon adverfaire de renoncer par profur quoi nous n'avons pu avoir de cureur > ré réponse au contraire nous avons vû qu'il n'inclinoit point à cette voie d'union, en ce que AN.1408. quatre de nous étant allés à Livourne de fon confentement pour traiter avec les Cardinaux de l'autre parti, le feigneur Benoît s'eft retiré de Porto-Venere & s'en est allé en Catalogne, fans donner d'autre ordre pour la paix de l'Eglife finon qu'il vouloit tenir un concile à la Touffaints dans Perpignan. Le refte de cette lettre eft prefque repeté mot pour mot de la précedente. Le même jour quatorziéme de Juillet les mê- Conc.p.2114. mes Cardinaux écrivirent à Benoît le reconnoif fant encore pour Pape. La lettre tend principa- Spicil.p.200, lement à lui fignifier la convocation du concile de Pife, & l'inviter à s'y trouver. J'y remar-p. 2115. D. que ces paroles: Et nous avons pris d'un commun accord cette maniere de convocation à cau fe des neutres & de ceux qui étant de l'obedience de Corrario ne viendroient point à vôtre convocation, où qui ne viendroient point à la fienne, étant de vôtre obedience. Et enfuite : Les deux partis ne peuvent s'affembler fi commodément ni fi utilement hors de l'Italie parce que des conciles particuliers & en des lieux fort éloignés l'un de Pautre ne pourroient terminer le fchifme. Et encore: Nous vous prions de nous déclarer prefentement vôtre intention fur ce que deffus, afin que nous puiffions pourvoir à vôtre fûreté, vôtre liberté & aux autres chofes neceffaires. Cependant les officiers de la cour de Rome qui étoient à Pife tenoient plufieurs difcours injurieux contre le Pape Gregoire & fes nouveaux cardinaux. Ils répandoient des contenant ces reproches afficher dans Luques où XV. Concile in diqué par Gregoire. écrits The Niem. & les faifoient même lib. III. 6 étoit Gregoire. Pour 35. του donc s'en juftifier & faire croire qu'il défiroit Y 3 |