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foient de jour en jour, il s'accommo- C.R. Du, da avec ceux qui lui payoient cette FRENY. rente, & en reçut le rembourfement. Le Roy ayant appris ce dernier trait de la conduite de Dufreny, ne put s'empêcher de dire qu'il ne fe croyoit pas affez puiffant pour l'enrichir.

Dufreny fentit bien qu'après cela il ne devoit plus s'attendre aux bienfaits de ce Prince, qui aimoit à donner, mais feulement à propos. Ainfi il réfolut de quitter la Cour, & demanda la permiffion de vendre fa Charge & de fe retirer: le Roy le lui permit, & eut la bonté de lui faire paroître qu'il en étoit fâché,

Dufreny ayant fixé fa demeure à Paris, lia focieté avec Renard, célebre Auteur Comique. C'étoit un Philofophe, dont la volupté étoit le principal emploi, & qui ne travaillo que pour fe délaffer du plaifir,

La conformité des inclinations ferra les nœuds de leur amitié ; & cette liaifon développa dans Dufreny les talens qu'il avoit pour le Theâtre.

La Comédie Italienne floriffoit alors, & les Acteurs qui la compofoient, ayant furmonté les difficultez

C.R. Du-d'une Langue qui leur étoit étrangeFRENY, re, reprefentoient des Pieces prefque entierement Françoises; c'étoit la mode de fréquenter ce Theâtre, & par conféquent les Auteurs y portoient leurs Ouvrages par préference.

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Des Pieces fans regle & fans conduite, mais lucratives, convenoient parfaitement à Dufreny; car fon genie étoit plus propre à produire des Scenes détachées, qu'à bien conduire une Comédie. C'eft le feul défaut qu'on puiffe lui reprocher, puifqu'on y trouve d'ailleurs des Caracteres bien peints & bien foûtenus; un Dialogue jufte & concis; un Comique près dans la pensée, & rarement joüant fur les mots; des Portraits critiques fans être fatyriques; & dans tout, une vivacité de genie qui lui eft propre : Ce qui doit s'entendre principalement des Pieces qu'il a données au Theâtre François, car il régnoit fur celui des Italiens un goût de fatyre & d'équivoque, auquel il étoit obligé de fe conformer pour réüffir.

Après la fuppreffion de leur Theâtre, il travailla pour

celui des Co

médiens François ; mais les Pieces

qu'il y donna n'eurent pas toute la C.R. Dvréüffite qu'il en efperoit; plufieurs y FRENY. échoüerent entierement, & d'autres eurent bien de la peine à y prendre faveur.

Les liaifons d'amitié qu'il avoit avec Renard l'engageoient à lui faire part de fes idées, il compofa avec lui quelques Pieces pour le Theâtre Italien ; & depuis qu'il eut commencé à travailler pour les Comédiens François, il lui communiqua plufieurs fujets de Comédies prefque finies, & entre autres ceux du Joueur & de l'Attendez-moi fous l'Orme, dans le deffein de les acheyer ensemble; mais Renard, qui fentoit la valeur de la premiere de ces Pieces, amufa fon ami, fit quelques changemens à ce qu'avoit fait Dufreny, la mit en Vers, & la donna aux Comédiens fous fon nom. Ce qui donna occasion à Dufreny de rompre avec lui.

Il fe maria deux fois, & il eft à préfumer qu'il s'en repentit autant de fois. Du Caractere dont on l'a dé peint, il étoit homme à ne fe marier que par caprice, ou par interêt; & bien des gens prétendent que fon

FRENY.

C.R. Du-fecond Mariage fe fit par ce dernier motif. Diftrait par l'application involontaire de fon efprit à fes compofitions, qui le fuivoit par tout, il lui auroit été fort difficile de fe livrer aux foins d'une famille; il le fentoit bien, & peut-être étoit-ce pour s'en difpenfer entierement, qu'il avoit imaginé d'avoir en même temps trois ou quatre logemens dans differens quartiers de Paris; & qu'il les quittoit dès qu'il foupçonnoit que ceux avec lefquels il ne vouloit point avoir de commerce, fçavoient qu'il y demeu

roit.

Le Privilege du Mercure Galant étant venu à vaquer en 1710. par la mort de M. de Vizé; Dufreny, fuivant le confeil de quelques-uns de fes amis, le demanda au Roy, & ce Prince, qui fe fouvint de l'avoir aimé, le lui accorda. Il compofa donc les premiers Volumes de ce Livre avec tout l'efprit & l'enjoüement dont il étoit capable; mais il étoit trop ennemi de la contrainte pour qu'un travail périodique, tel que celui du Mercure, pût lui plaire fong-temps; auffi le négligea-t-il

bien

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bien-tôt, & l'abandonna enfin au C.R. DuSieur le Fevre dans le mois de De- FRENY. cembre 1713. en fe réfervant une penfion dont il a joüi jusqu'à sa mort.

Il mourut le 6. Octobre 1724. dans la 76°. année de fon âge. Les fentimens de pieté & de réfignation, qu'il témoigna dans fa derniere maladie, furent fi finceres, qu'il confentit à la follicitation de deux enfans, qu'il avoit eu de fon premier Mariage, que l'on brûlat tous fes Ouvrages, le feul bien qui lui reftât alors. C'étoit une feconde Partie des Amusemens ferieux & comiques. Les Vapeurs, Comédie en une Acte; la Jouenfe, qu'il avoit mife en vers; le Superftitieux, & le Valet Maître, Comédies en cinq Actes, prefque finies, de même que l'Epreuve en trois Actes, avec des Intermedes, qu'il comptoit. donner inceffamment au public.

Ses Oeuvres, dont la plupart ont paru féparément, ont été imprimées enfemble à Paris, en 173 1. en fix Volumes in-12. Chez Briaffon. Voici le contenu de ce Recuëil.

Tome I.

Le Négligent, Comédie en Profe,
Tome XVII.

M

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