Imágenes de páginas
PDF
EPUB

H. C. Les heureufes difpofitions qu'il AGRIPPA eut pour les fciences, l'y firent avancer avec beaucoup de rapidité; il voulut les parcourir toutes, & il fit dans chacune de grands progrès, malgré les diftractions que lui cauferent les differens emplois dont il fut chargé.

Voulant marcher fur les traces de fes ancêtres, qui depuis plufieurs génerations avoient rempli des Charges auprès des Princes de la maison d'Autriche, il entra de fort bonne heure au fervice de l'Empereur Maximilien I. Il eut d'abord un emploi de Secretaire; mais il le quitta au bout de quelque-temps, pour prendre le parti des Armes, & fervit fept ans dans l'Armée de ce Prince en Italie, apparemment à differentes reprifes. Car il feroit difficile d'accorder autrement ce fait, avec les autres dates de fa Vie.

[ocr errors]

chior Adam a rapporté fur ce fujet, lorfqu'il a dit dans fes Additions aux Eloges de M. de Thou, qu'Agrippa étoit natif de Nettesheim, dans le Païs de Cologne; faute qu'il a retranchée depuis. Thevet elt tombé dans une plus lourde, en le faifant naître le 13. Septembre dans la Ville de Neftre.

Il fe fignala en plufieurs occafions, C. H. & obtint en récompenfe de fes belles AGRIPPA actions, le titre de Chevalier. Mais non content de ces honneurs Militaires, il voulut y joindre les honneurs Academiques, & fe fit recevoir Docteur en Droit & en Médecine.

[ocr errors]

On ne peut nier que ce ne fût un grand efprit, & qu'il n'eût acquis un grand nombre de connoiffances mais fa trop grande curiofité, fa plume trop libre, & fon humeur inconftante, le rendirent malheureux. Il changeoit continuellement de lien, & fe faifoit par tout des affaires.

Il fit un voyage en France avant l'année 1507. comme il paroît par fes Lettres; il paffa en Efpagne en 1508. & en 1509. il étoit à Dole, où il fit des leçons publiques, & expliqua, à la priere de quelques perfonnes de qualité, le Livre de Reuchlin, de Verbo Mirifico. Il le fit avec tant de fuccès qu'il fut affocié aux Profeffeurs de Theologie de cette Ville. Mais la matiere qu'il avoit traitée déplut aux Moines qui haiffoient Reuchlin, & il fut attaqué fur ce fujet par

H. C. un Cordelier nommé Catilinet, comAGRIPPA me je le dirai plus bas.

Pour mieux s'infinuer dans les bonnes graces de Marguerite d'Autriche, Gouvernante des Païs-Bas, il compofa alors fon Traité de l'excellence du fexe feminin; mais les traverfes que les Moines lui fufciterent, l'empêcherent de le publier. Il fut même obligé de quitter la partie, & fe retira en Angleterre, où il travailla fur les Epîtres de S. Paul, quoiqu'il eût à y négocier une affaire très-fecréte, comme il nous l'apprend luimême.

Etant retourné à Cologne, il y fit des leçons publiques de Theologie fur les queftions qu'on nomme Quadlibetales.

Laffé de ces emplois, il reprit les armes, & alla joindre en Italie l'Armée de l'Empereur Maximilien, où il demeura jufqu'à ce que le Cardinal de Sainte-Croix l'appella à Pife, pour être Theologien du Concile qui s'y tenoit ; mais la ceffation de ce Concile ne lui permit point de remplir les fonctions de cette Charge.

Il enfeigna depuis publiquement

la Theologie à Turin, & à Pavie, où H. C. il fit des leçons fur Mercure Trifme- AGRIPPA gifte l'an 1515. Sa fortie de cette Ville, arrivée la même année, ou la fuivante, tint plus de la fuite que de la

retraite.

Il paroît par fes Lettres que fes amis travaillerent alors en divers lieux à lui procurer quelque établiffement honorable, ou à Grenoble, ou à Geneve, ou à Avignon, ou à Mets. Il préfera le parti qui lui fut offert dans cette derniere Ville, & il y exerçoit en 1518. l'emploi de Syndic, d'Avocat, & d'Orateur de la Ville. Mais les perfecutions que les Moines lui fufciterent, tant par ce qu'il avoit réfuté l'opinion, commune en ce temps-là, des trois Maris de Sainte Anne, que parce qu'il avoir protegé une Païfane accufée de forcellerie, lui firent abandonner Mets l'an 1520. pour fe retirer dans fa

Patrie.

Il y a de l'apparence qu'il n'y fut pas mieux traité, puifqu'il en fortit dès l'an 1521. pour aller à Geneve. II efperoit avoir une penfion du Duc de Savoye, & il paroît par les plaintes

de

[ocr errors]

H. C.qu'il fait de n'avoir pas le pas le moyen AGRIPPAfaire un voyage à Chamberi, pour la folliciter lui-même, qu'il en avoit un grand befoin. Mais voyant que cette efperance n'aboutiffoit à rien il fortit de Geneve où il avoit été reçu Bourgeois Gratis le 11. Juillet 1522. comme il paroît par les Regiftres du Confeil de cette Ville, citez par M. le Clerc dans fon Hiftoire de la Medecine, p. 818. & il alla en 1523. à Fribourg en Suiffe, pour y pratiquer la Médecine, comme il avoit fait à Geneve.

L'année fuivante il paffa à Lyon, & obtint une pension de François 1. Il entra chez la mere de ce Prince en qualité de Médecin ; mais il n'y fit point fortune, & ne fuivit pas même cette Princeffe, lorfqu'elle partit de Lyon au inois d'Août 1525. pour aller mener fa fille fur les Frontieres d'Espagne. On le laiffa fe morfondre à Lyon, & implorer vainement le crédit de fes amis, pour le payement de fes gages.

Avant que de les toucher, il eut le chagrin d'être averti, qu'on l'avoit Tayé de deffus l'Etat de la maifon de

« AnteriorContinuar »