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AN. 1456.

XIV.

pes fans un accommodement avec les Siennois, & ceux qui les fecouroient. Pour les appaiser & les dédommager des frais qu'il les avoit obligé de faire, il leur donna déux cens mille livres. Il auroit bien voulu les engager auffi à défarmer, mais ils ne le voulurent pas, ce qui l'obligea à donner fes ordres à Pifcinin, pour rendre aux Siennois toutes les places qu'il leur avoit prises.

La difpute touchant les droits des curez au fujet Contestation de la confession pascale, fut renouvellée dans cette confeflion paf- année avec beaucoup de chaleur, à l'occafion d'une

au fujet de la

cale.

X V.
Le papeCallixte

bulle du défunt pape Nicolas V. en faveur des religieux mendians, aufquels fa fainteté accordoit le pouvoir de confeffer dans le tems de Pâque, au préjudice du droit des curez établi par le canon Omnis utriufque fexûs, & même de la difpofition de la clementine Dudum. L'univerfité de Paris informée que cette bulle avoit été présentée à l'official de Paris par quelques religieux carmes, en interjetta appel, & cita les mendians à comparoître le lundi vingt-quatriéme de Mai, pour leur déclarer qu'ils feroient exclus de l'univerfité, s'ils ne renonçoient à l'obtention de cette bulle, & ne promettoient d'en obtenir la révocation dans un certain tems qu'on leur limitoit. Les mendians aïant comparu, refuferent de fe foûmettre, & fur leur refus, l'univerfité les déclara parjures & exclus de fon corps.

Les religieux mendians, au lieu de procurer la réconfirme la bul- Vocation de cette bulle, s'adrefferent au pape Callixle de Nicolas V. te, fe plaignirent du traitement qu'ils avoient reçu religieux men- de l'univerfité, & obtinrent de fa fainteté une bulle qui confirmoit celle de Nicolas V. & caffoit tout ce

en faveur des

dians.

que l'université avoit fait contre eux. Cette conduite du pape irrita l'univerfité, & ne la fit point changer de fentimens; ce qui obligea les religieux à chercher quelque voie d'accommodement. L'archevêque de Reims, évêque de Paris & le parlement s'en mêlerent: on propofa d'abord que les mendians déclareroient qu'ils ne prétendoient point acquerir un nouveau droit par cette bulle:mais cette proposition parut captieuse, & ne fut point acceptée. Après plufieurs autres moïens qui furent encore tous rejettez, on propofa que les mendians remettroient l'examen de cette bulle au futur concile, & que cependant ils adhereroient à la définition du concile de Latran, & au fentiment de l'églife Gallicane. Mais les mendians peu contens de cette condition, refuferent abfolument de s'y foûmettre, ce qui redoubla les conteftations.

Le pape, pour les appaiser, ne trouva point d'autre voie,que de rendre une autre bulle qui révoquoit pour le bien de la paix, tous les privileges accordez au préjudice de la clementine Dudum, à laquelle il ordonna qu'on s'en tiendroit. Cette bulle renduë dans le mois de Septembre de cette année, fut envoiée à l'univerfité, & lûe dans l'affemblée du troifiéme de Février de l'année fuivante : ce qui fit prendre aux mendians la réfolution de fe foûmettre pour être rétablis; & pour cet effet ils interpoferent l'autorité du prince Artus de Bretagne comte de Richemont, connétable de France, qui vint avec l'archevêque de Reims & l'évêque de Paris à l'affemblée de l'univerfité tenue le dix-huitiéme du même mois, & y propofa que pour rétablir la paix, la bulle en que

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XVII. Les religieux mendians fe foûmettent.

ftion demeureroit entre les mains de l'évêque de Pa AN. 1456. ris, & que les religieux mendians rentreroient dans l'univerfité, comme ils y étoient avant ces difputes,. à condition qu'ils obéiroient à la derniere bulle de Calixte III. qui avoit révoqué celle de Nicolas V. Le prieur des Dominiquains le demanda au nom de tous les autres; mais ne l'aïant pas fait avec affez de foûmiffion, le connétable fut obligé de conduire une feconde fois les religieux dans l'affemblée, où ils fe foûmirent plus humblement, le prieur des Auguftins portant la parole. On les reçut donc à ces conditions, qu'ils ne feroient aucun ufage de la bulle de Nicolas V. ni celle de Callixte qui la confirmoit;. que la premiere demeureroit entre les mains de l'évêque de Paris; qu'ils obéiroient à la bulle revocatoire, & la feroient approuver dans un an par leurs genéraux, & qu'ils n'obtiendroient plus à l'avenir de femblables bulles fur peine de la même exclufion.

Mais le deuxième de Juillet fuivant un religieux Dominiquain vint trouver le recteur de l'univerfité de la part de fon general, pour lui déclarer qu'il avoit ordre de défendre aux freres de fon ordre de rentrer dans l'univerfité aux conditions qu'on avoit propo fées. Le recteur ne lui fit point de réponse; mais dès le lendemain, il fit fommer les religieux Dominiquains de ratifier l'accord dont on étoit convenu, & d'accepter les conditions propofées. Sur le refus qu'ils en firent, causé par la défense de leur general, l'université les exclut de fon corps pour la feconde fois, jufqu'à ce qu'enfin ils la firent supplier dans une affemblée tenue le huitiéme d'Octobre, de les vouloir admettre, avec promeffe d'une entiere soû

miffion de leur part, & d'obferver le traité fait en présence du connétable. Ainfi finirent ces contefta- AN. 1456. tions, qui toutefois fe renouvellerent fouvent dans la fuite.

XVIII. Furieux trem→

S. Antonin.

tit. 22. cap. 14.

Eneas.Syl.epift.

Il y eut dans le mois de Decembre de cette année de fi furieux tremblemens de terre dans le roiaume blemens de ter de Naples, dans la terre de Labour, dans l'Abruzze re en Italie. & dans la Poüille, & avec tant de violence, qu'un grand nombre de maisons & mêmes d'églises en furent renversées. S. Antonin affure qu'il mourut en cette occafion plus de foixante mille perfonnes, §. 3. parmi lesquelles il y en eut près de trente mille dans la feule ville de Naples, fuivant le rapport d'Æneas 207. & Europ Sylvius. La terre s'ouvrit auprès de Royano, & il cap. 54. fortit un lac de ce goufre. Jean Gobelin qui fut fecretaire d'Æneas Sylvius, lorfque celui-ci fut créé pape, ajoûte qu'il parut dans la mer Egée une petite ifle qu'on n'avoit jamais vûë, qu'elle étoit élevée de quarante coudées au-deffus de l'eau, & qu'elle parut tout en feu durant quelques jours. Le roi Alphonfe Platina in vita fut tellement étonné de ces phénomenes, qu'à chaque inftant il renouvelloit fon vou de faire la guerre aux Turcs, & promit de l'accomplir au plûtôt: mais dès que le danger fut paffé, il ne se ressouvint plus de fes promeffes. L'on vit entre Florence & Sienne des nuées élevées à la hauteur de vingt coudées de terre, agitées par des vents furieux qui emportoient les couvertures des maifons & les rochers, renverfoient les murailles, déracinoient les plus gros arbres, & tranfportoient affez loin dans l'air & les hommes & les animaux.

Il y avoit déja quelque tems que Chriftien II. roi

Callixti II.

XIX.
Révolutionss

arrivées dans le

de.

Joan. Magn.
Krantz cap.

lib. 23.

7.& 8.

AN. 1456. de Dannemark avoit un parti formé pour le mettre fur le trône de la Suede, en la place de Charles VIII. roiaume deSue- que l'envie perfecutoit depuis quelques années. Jean Benoît archevêque de Pfalla conduifit cette intrigue. fort fecretement, & Charles n'en eut des avis certains, que lorsqu'il ne fut plus en état de diffiper ce. parti. La conjuration éclata cette année. Christiern fut couronné fans presque aucune oppofition, & Charles fe vit contraint de fe retirer en Pologne. Il avoit donné lieu à cette confpiration par fon ambition exceffive qui le broüilla avec le clergé & la nobleffe. C'étoit d'ailleurs un prince recommandable par fa prudence & fon amour pour la juftice, & il joignoit à ces vertus de l'érudition,& une connoiffance affez étenduë de la philofophie & des mathématiques. Son expulfion eft un grand exemple de l'inconftance des chofes humaines, & en particulier de la legereté des hommes: car ce prince avoit été choisi par le peuple même d'un confentement presque unanime, & on peut dire que le choix étoit très-loüable, & avoit été fait même avec connoiffance, puifque Charles avoit déja adminiftré le roiaume après Erric III. & que fi on l'avoit déposé pour mettre en fa place Chriftophle de Bavierre, le peuple avoit fenti lui-même l'injustice de fon procedé, & n'avoit confulté que fes propres interêts en le rétabliffant fur le trône en 1448. Nous verrons qu'il y remonta une seconde fois en 1464.

XX. Concile de Soillons.

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Le vendredi onziéme de Juillet on tint un concile à Soiffons, où Jean Juvenal des Urfins archevêque de Reims prefida comme métropolitain. Avee ce prélat s'y trouverent auffi Jean évêque de Soif

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