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Ferdinand.

nand, résolut de l'affaffiner ; & pour y réüssir, il lui fit proposer une entrevûë par Gregoire de Cariglia AN. 1459. qui avoit beaucoup de part dans fa confidence. On veut affalliner choisit pour se voir & conférer ensemble, une campagne écartée près d'une petite église à deux milles de Theano, qui étoit au pouvoir des François. Il fut arrêté que chacun de fon côté meneroit deux hommes: Ferdinand fe fit accompagner du même Cariglia & de Jean de Ventimille, tous deux plus propres pour le confeil que pour la défense; mais pour plus grande précaution il prit fes armes. Le duc mena avec lui Phœbus de l'Anguillara & Jacques de Montagnano, tous deux braves & bien armez. Lorf qu'ils furent arrivez au rendez-vous, le roi & le duc s'écarterent de leurs gens, pour être plus en liberté de s'entretenir ; & leurs gentilshommes fe retirerent auprès de l'églife. Après quelques paroles qui ne concluoient rien, Phoebus dit aux trois autres, le duc a fait fon accommodement, il eft jufte que j'aille faire le mien, & s'avança au petit galop vers Ferdinand, qui s'étant apperçu que ce traître avoit un poignard à la main, tira auffi-tôt fon épée, en vint aux mains, & se défendit avec beaucoup de courage & de valeur. Montagnano ferma le paffage à Cariglia & à Ventimille, qui ne fe mirent pas trop en ca fuite. devoir de le forcer : mais les gens du roi qui n'étoient pas loin, étant accourus au bruit, le duc de Seffa & fes deux compagnons s'enfuirent à toutes brides.

Ferdinand; pour fe vanger de cette trahison, entra dès le lendemain dans le territoire de Stellato, & fit le dégât depuis Bagni jusqu'à Seffa. Quelques jours Tome XXIII.

O

CXXXVI. Il fe défend & met fes affains

AN. 1459.

après aïant appris que l'armée du pape, commandée par Simonolto, le venoit joindre, il alla au-devant d'elle, & après l'avoir joint, il affiégea Sarno. Pendant le siége il fut averti que le pape avoit changé de fentiment, & avoit mandé à fon genéral` de s'en revenir. Ces ordres étoient trop précis pour ne pas obéir; mais Ferdinand aiant levé le fiége pour fuiFerdinand eft Vre Simonolto, tous deux furent attaquez dans leur battu auprès de retraite par l'armée du duc de Calabre, & battus à

CXXXVII.

Sarno.

ΈΧΧΧVΙΙΙ.

Raifons pour

pe protegeoit fi

platte couture auprès de Sarno. Le genéral de l'armée du pape y fut tué, & le duc de Calabre fit dans cette action un grand nombre de prisonniers qu'il envoïa à Marseille. Il y a beaucoup d'apparence qu'il fe feroit rendu maître de Naples où Ferdinand s'étoit refugié, s'il eût fuivi fon propre avis qui étoit d'en aller faire le fiége fans differer. Mais le prince de Tarente lui perfuada qu'il valoit mieux s'affurer des places des environs, que de fe hazarder à une fi grande entreprise; ce qui donna le tems à Ferdinand de rétablir fes affaires, & de recevoir les fecours que le pape & Sforce duc de Milan lui envoïerent : de forte qu'il obligea dans la fuite le duc de Calabre à abandonner entierement le deffein qu'il avoit d'aller affiéger Naples.

II eft furprenant que le pape qui prenoit un si lefquelles le pa- grand foin d'appaifer les troubles des autres princes Fort Ferdinand. d'Italie qu'il menaçoit même de la colere & de la En. Sylv. vengeance de Dieu, s'ils ne s'accordoient, ait touteMariana hift. fois fi opiniâtrement entretenu les divisions entre Hifp. lib. 23. c. Ferdinand & René d'Anjou, jusqu'à appeller en Italie au fecours du premier Scanderberg qui étoit la terreur des Turcs. L'amitié que le faint pere avoit

epift. 194.

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pour Ferdinand étoit fi grande, qu'étant cardinal il fe difoit fon ferviteur. On a touché ailleurs quelquesunes des raifons de cette forte inclination, ou plûtôt de la haine qu'il portoit aux François : nation, felon lui, trop fiere, & qui lui étoit un grand obstacle aux deffeins qu'il avoit de faire la guerre aux Turcs. Mais nos interêts particuliers d'ordinaire nous touchent beaucoup plus que ceux du public, à quelque dignité que nous foions élevez. René d'Anjou étoit le véritable & légitime héritier de la Sicile, & fon fils Jean avoit toutes les raifons du monde de poursuivre un droit que le faint fiége avoit confirmé tant de fois à fon pere contre le bâtard de Ferdinand qui en avoit été déclaré injuste ufurpateur par Callixte III. Pie II. lui-même regardoit le droit de ce dernier, comme douteux, puifque dans l'acte d'inveftiture qu'il lui en donna, il mit en termes exprès : Saufle droit d'autrui. Preuve qu'il reconnoiffoit que d'autres y avoient droit auffi-bien que Ferdinand.

Pendant que Jean duc de Calabre étoit appliqué à la conquête du roiaume de Naples, les factions qu'il croïoit avoir diffipées à Genes avant fon départ, s'y renouvellerent. Quelques feigneurs peu fatisfaits du gouvernement des François, réfolurent de les en chaffer. Pierre Fregofe, qui lui-même avoit traité avec le roi Charles VII. pour lui foumettre cette république, avoit quitté la ville, & s'étoit retiré dans une de fes terres, pour méditer plus à loifir fur les moïens de faire réüffir fon entreprise. Il traita fecretement avec Ferdinand d'Arragon & avec le duc de Milan, & fe réunit avec les Fiefques. Quand

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AN. 1459.

CXL.

Le roi de Fez

battu.

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il y

la partie fut liée, il fe mit en campagne avec des
troupes, & parut devant Genes, dans l'efpérance d'y
exciter quelque révolte. Mais aiant cette premiere
fois manqué fon coup, il revint à la charge dans le
tems que
le duc de Calabre avoit envoïé fà flotte
attaquer celle de Ferdinand; il furprit la ville,
fit entrer par le moïen des échelles une grande par-
tie de fes foldats. Par bonheur le duc de Calabre
y
étoit encore, car ceci arriva avant la bataille de Sar-
no. A la premiere allarme il fe faifit des avenuës
repouffa les ennemis; & Fregose périt dans cette oc-
cafion. Mais les révoltes recommencerent l'année
fuivante.

Le roi de Portugal étoit toûjours en guerre avec affiége Alcacer- le roi de Fez. Celui-ci tenta encore une fois AlcacerSeguer, & eft Seguer; mais le gouverneur averti de fon deffein, fit venir du fecours de Portugal, & se défendit si courageufement, que les Maures furent contraints de fe retirer avec beaucoup de perte après cinquantetrois jours de fiege. Le gouverneur Edouard de Menezès alla enfuite à Lifbonne rendre compte au roi du fuccès de cette campagne. Il en fut très-bien reçu, & fa majefté Portugaife le fit comte de Viana pour récompenfer fes fervices..

Le roi de Caftille ne fut pas fi heureux dans la guerre contre les infidéles, que le roi de Portugal le fut dans fon entreprise. Le marquis de Caftagneda à qui il avoit donné le commandement des armées du côté du roïaume de Grenade, donna dans une ambufcade, & y demeura prifonnier. Henri envoïa une autre perfonne en fa place, & païa fa rançon. Enfuite voulant fe précautionner contre les fourdes

CXLE

Affaires du

Mariana bif

pratiques des grands de fon roïaume, il diftribua les AN. 1459. principales charges de l'état à fes créatures. Il donna celle de connétable de Caftille vacante par la mort d'Alvarez de Lune à D. Miguel Doranzo, la maîtrise d'Alcantara à D. Gomez de Cacerès fon majordome; & la charge de majordome à D. Bertrand de la Cueva. Après toutes ces précautions il alla à Madrid, & de là à Segovie, pour prendre le plaifir de la chaffe. Aiant appris que D. Juan de Lune étoit en poffeffion de Soria, des trois villes d'Infantafgo, & du comté roïaume de Cade San-Eftevan, comme tuteur de la fille de D. Al- fille. varez, il eut peur qu'il n'entreprît quelque chofe contre fon fervice. Il alla donc à Agallon où D. Juan Hifp. lib. 2.30le reçut très-bien : Mais le lendemain le roi le fit arrêter, & lui fit dire que s'il ne lui rendoit toutes les places fortes dont il s'étoit emparé, il lui feroit trancher la tête. D. Juan, pour fauver fa vie, les rendit, & le roi en même tems les donna à Pacheco dont le fils époufa la fille de D. Alvarez. Henri recouvra aufli les villes de Carthagene, de Laurea, & plufieurs autres dépendantes tant de la maîtrise de Saint Jacques, que du marquifat de Villene, ou de la Corogne, dont Alphonfe Fachardo gentilhomme de Murcie s'étoit emparé pendant les dernieres guerres civiles.

CXLII.

Decret du pa

Le pape Pie II. étoit toûjours à Mantouë; & comme il s'étoit imaginé que les appels des jugemens pe contre les du faint fiége au concile, qui étoient en ufage de- négeau concile. puis long-tems, & dont la justice & en bien des

cas la néceffité étoient incontestables, he tendoient Collect. concil.. qu'à ruiner fon autorité ; la premiere chofe qu'il fit 13.p.1801, au.commencement de cette année 1460. fut de con

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