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ces nouvelles troupes, ils lâcherent le pied, ne penAN.1460. fant qu'à gagner les galeres pour le fauver, après avoir laiffé fur la place un grand nombre des leurs. René d'Anjou alla aborder à Savone, & abandonna le gouvernement au commandant de Genes: ce fut pour la troifiéme fois que les François furent honteufement chaffez de Genes.

V.

Le duc de Bourgogne

craint qu'on ne

guerre.

Cet échec ne changea rien à la fituation des affaires du roiaume de France. Le duc de Bourgogne étoit lui déclare la toûjours dans de continuelles allarmes; craignant que Charles VII. ne lui déclarât la guerre. En effet la plus grande partie du confeil du roi étoit de cet avis; mais sa majesté toûjours portée à la paix n'y déferoit point. Le duc envoïa au roi Jean de Croy & Lannoy gouverneur de Hollande, pour lui expofer les inquietudes & les fujets de plaintes qu'il croïoit avoir encore des deffeins qu'on formoit contre lui.Ils repréfenterent au roi l'attachement de leur maître, qui avoit abandonné le parti des Anglois à la paix d'Arras, où il avoit facrifié tous les juftes reffentimens qu'il devoit avoir pour l'indigne mort du duc fon pere; qu'il avoit fecouru fa majefté pour la conquê te de la Normandie; que le bruit s'étoit répandu qu'elle vouloit faire une tréve avec les Anglois pour venir enfuite fondre fur fes états; que la France avoit violé beaucoup d'articles du traité d'Arras, fans qu'il s'en fût plaint: qu'on lui avoit fait entendre que le roi étoit mécontent de lui pour avoir reçu le dauphin en Brabant ; mais que n'aïant eu de fa majefté aucun ordre là-deffus, il n'avoit pû moins faire que d'accorder une retraite à celui qui feroit un jour son seigneur, comme heritier préfomptif de la couronne.

Enfin les ambaffadeurs demanderent au roi fes bonnes graces pour leur maître, & l'affurerent qu'il le trouveroit toûjours bon parent & fidele ferviteur. Le roi répondit avec affez de hauteur à toutes ces plaintes; il juftifia fon procedé à l'égard du duc de Bourgogne, & réfuta à fon avantage tout ce que ce duc avoit fait dire par fes ambaffadeurs. Cette réponfe leur fut donnée en préfence du roi même, des ducs d'Orleans & de Bretagne, du comte du Maine, d'autres feigneurs & de tout le confeil. Mais le lendemain ils préfenterent un nouveau memoire qu'ils reduifoient à deux chefs. Le premier regardoit les difpofitions préfentes & paffées du duc envers le roi. Par le fecond on prioit le roi d'expofer les fujets de mécontentement qu'il pouvoit avoir du duc, & de les marquer en détail. On leur répliqua que le roi s'étoit fuffifamment expliqué dans fa réponse, & que s'il étoit befoin, il feroit fçavoir dans la fuite ses intentions plus en détail. Tout cela paroissoit tendre à une prochaine rupture, d'autant qu'il y avoit treize ans que le dauphin étoit éloigné de la cour, que le roi l'avoit mandé fouvent fans qu'il eût voulu obéir, qu'il avoit plufieurs fois fommé le duc de Bourgogne de le lui renvoier, l'avertiffant qu'il nourriffoit un ferpent qui lui feroit quelque jour reffentir fes piquûres mortelles, qu'il en étoit venu aux menaces en fufcitant divers affaires au duc, & que le roi avoit deffein d'avancer Charles fon fecond fils dans les droits d'aîneffe, pour punir l'aîné de fa défobéiffance. Mais la mort du jeune prince renverfa tous ces projets, & fit revenir le dauphin pour jouir d'un roïaume qui lui appartenoit de droit.

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VII. La reine d'Angleterre leve

une armée contre le duc

En Angleterre la reine ne pouvant fouffrir que le AN. 1460. duc d'Yorck eût toute l'autorité, & qu'Henri fon époux ne portât que le nom de roi, affembla une armée de dix-huit mille hommes, & fut jointe par les ducs de Sommerfet & d'Exceftre, les comtes de Wild'Yorck. chire & de Devonshire, le baron de Clifford, & une Polydor. Vir partie de la nobleffe du Nord d'Angleterre. Le duc gil. hift. Anglic. d'Yorck informé de ces préparatifs fe mit en campagne, & vint avec le comte de Salifbery jufqu'à Wakfeid à quinze milles d'Yorck. Avant que de partir il laiffa la garde du roi au comte de Varvick & au duc de Norfolc, & donna ordre au comte de la Marche de lui lever de nouvelles troupes pour le venir joindre au plûtôt. La reine ne lui en donna pas le tems, elle parut à la tête de fon armée qu'elle commandoit en perfonne. Le duc contre l'avis du comte de Salisberi, voulut hazarder la bataille, afin qu'on ne lui reprochât pas d'avoir évité de se battre contre une femme; mais il eut lieu de s'en repentir : il voulut commander fes troupes, & que le comte de Rothland fon fecond fils combattit à fes côtez, pendant que le comte de la Marche fon aîné étoit avec d'autres troupes du côté d'Herford. La bataille fe donna près d'Yorck, & fut fort fanglante, quoique de peu de durée. En moins de demi-heure la reine mit en défordre l'armée du duc qui demeura fur la place avec près de trois mille des fiens. Le comte de Rothland fon fils, jeune prince d'environ douze ans, y fut tué par le baron de Clifford d'une maniere brutale & barbare. La tête du duc fut exposée à une des portes de la ville d'Yorck avec celle du comte de Salisbery, qui aïant été fait prisonnier, fut con

VIII.

Elle attaque

le duc d'York, taille & y eft tué.

qui perd la ba

damné comme rebelle à perdre la vie fur un échaffaut.

La reine fans perdre le tems à goûter les douceurs de fa victoire, ne penfa qu'à délivrer le roi, & à faire caffer dans un nouveau parlement le mauvais traité conclu dans le dernier, entre Henri & les princes de la maifon d'Yorck. Dans ce deffein elle prit le chemin de Londres, & y conduifit fon armée pendant que Gafpard Teuders comte de. Pembrok arrêtoit le comte de la Marche. En chemin elle apprit que le comte de Warvick & le duc de Norfolc, marchoient contre elle avec une armée levée dans Londres, & menoient le roi avec eux. La reine ne les attendit pas, elle alla les chercher, les atteignit à faint Albans, leur livra une feconde bataille, & les défit entierement. Warvick auquel on avoit confié la garde du roi, trouva fon falut dans la fuite, & fe fauva de cette grande défaite; mais le roi fut délivré, & eut la confolation de recouvrer tout-àla fois la liberté, fa femme, fon fils unique & fa couronne. La reine enfuite marcha droit à Londres avec fon armée victorieufe, & y entra en triomphe: elle y reçut les foumiffions des habitans, & rétablit l'autorité roïale. La maison d'Yorck effrayée de tant de fuccès, ne penfa plus qu'à fe bannir elle-même de l'Angleterre; mais quelques démarches à contretems de la part du roi rétablirent bien-tôt après fes efperances.

: AN. 1460.

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X.. Le roi de Nas varre pense à

Peus'en fallut qu'il n'y eut auffi guerre dans cette année, entre le roi de Caftille & celui de Navarre. Ce dernier fe voiant puiffant & maître de plufieurs déclarer la roïaumes, crut qu'il lui feroit honteux de laiffer en- Caftille.

guerre au roi de

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AN. 1460.

tre les mains du premier les places qu'il lui avoit ufurpées. Mais afin d'être plus en état de foûtenir la guerre qu'il lui vouloit déclarer, il réfolur de faire une alliance avec le roi de Portugal, que ses nouvelles conquêtes rendoient redoutable, en faifant époufer à Charles fon fils, Catherine fille duroi de Portugal. Henri roi de Caftille aiant découvert cette negociation, refolut de la traverfer, & fit proposer fous main à Charles de lui donner en mariage fa. foeur Ifabelle. Le prince en fut d'autant plus joïeux, qu'il comptoit avec le fecours d'Henri, fe mettre en poffeffion du roiaume de Navarre, que fon pere Jean lui retenoit avec quelque injuftice, parce que c'étoit le bien de fa mere, & que fon pere avoit affez d'autres états. Flatté de l'esperance de s'ouvrir un chemin au trône, il réveilla les factions des maifons de Beaumont & de Gramont, afin que fous prétexte d'appaifer ces troubles il pût entrer avec une armée dans la Navarre. D. Juan averti de ses desseins, Il fait empri- le fit arrêter : mais les Navarrois & les Catalans de& le relache. manderent fa liberté avec tant d'empreffement, qu'il fut obligé de le relacher pour prévenir une guerre civile. Enfin ennuié de la conduite turbulente de ce fils, & pour s'en délivrer une bonne fois, il le fit empoifonner à la follicitation de la reine Jeanne fon époufe, fille de l'Amirante de Caftille.

XI.

fonner fon fils,

Enfuite le fait empoisonner.

Dans ce même tems D. Henrique de Portugal: grand maître de l'ordre de Chrift, demanda permiffion au roifon neveu de peupler les illes du Cap verd ou Canaries, que l'on appelloit Fortunées, découvertes depuis peu par Antoine de Nole Genois. Auffitôt qu'on le lui cut permis, il fit bâtir un fort dans

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