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AN. 1456.

In collect. con

Labbe, tom. 1 Zw

ME. 15 fons, Antoine de Laon, Jean d'Amiens, Jean de Senlis, & les procureurs des autres fuffragans qui étoient abfens, & des églites cathédrales. Ces évêques y recurent, publierent & ordonnerent l'execution il general. P. des decrets du concile de Bafle confirmez dans l'af- p.1396. femblée de Bourges. Les principaux ftatuts qu'ils y firent, regardent en premier lieu la celébration de l'office divin, le chant, la décence dans les habits, & autres chofes qui regardent le culte exterieur. 2. On y regla la maniere dont on doit tenir les chapitres. 3. On défendit aux clercs les jeux de hazard, les cabarets & l'yvrognerie. 4. On y regla l'habillement des évêques. On y renouvella le decret de Bourges de Concubinariis. 6. On y réforma les abus qui s'étoient glissez dans les quêtes & dans la prédication des indulgences. 7. On y exhorta les prélats à user de beaucoup de difcrétion dans l'approbation des confeffeurs, & à ne leur pas accorder,fans de grandes raisons, l'abfolution des cas refervez.

XXI.
Le dauphin

fauve en Bra

La mauvaise conduite du dauphin, & les exactions infupportables qu'il faifoit dans le Dauphiné, prin- de France fe cipalement fur les ecclefiaftiques, irriterent telle- bant. ment le roi Charles VII. fon pere, qu'il fit filer des troupes vers cette province fous la conduite deLouisAntoine de Chabannes feigneur de Dammartin,avec ordre d'arrêter le dauphin. Mais ce prince en aïant été averti, le prévint, & fe fauva à toutes brides accompagné de quelques gentils - hommes, d'abord dans la principauté d'Orange, & de-là dans la Franche-comté, d'où il fut conduit en Brabant. Le duc de Bourgogne étoit alors dans l'évêché d'Utrecht avec des troupes, pour forcer les habitans à recevoir

en qualité d'évêque David de Bourgone fon fils na AN. 1456. turel, que le pape avoit pourvû de cet évêché au préjudice du feigneur de Brederode élû par le chapitre. L'arrivée du dauphin l'embarraffa fort, il en écrivit au roi, & manda à la ducheffe fon épouse & au comte de Charolois fon fils, de recevoir le dauphin comme il convenoit à fa qualité; & que pour lui, il étoit réfolu de ne le point voir, qu'il n'eût auparavant reçu réponse de la cour de France.

XXIL

Il est bien re

Bourgogne.

La réponse fut favorable au dauphin: sa majesté çu du duc de prioit le duc de le traiter avec bonté, comme lui-même fouhaiteroit d'être traité en France, fi quelque accident l'y avoit attiré. Sur cette lettre le duc fe rendit à Bruxelles, & falua le dauphin, auquel il fit beaucoup de careffes, lui affigna douze mille écus de penfion pour fon entretien, avec le château de Genep fur les frontieres du Haynaut à quatre lieuës de Bruxelles pour fa demeure. Quelques bons traitemens que le dauphin reçût en ce païs-là, il n'y fut pas long-tems fans mettre la divifion parmi les feigneurs; il demanda des troupes au duc de Bourgogne, dans le deffein frivole & ridicule d'aller attaquer le roi fon pere, & de l'obliger, disoit-il, à chasser de fon conseil des perfonnes qui abusoient de fa confiance. Le duc lui répondit fagement que tout étoit à son service, dès qu'il ne faudroit pas agir contre les interêts du roi de France, que ce n'étoit ni au dauphin, ni à lui à vouloir réformer fon confeil, & qu'ils ne pouvoient mieux faire l'un & l'autre que des'en rapporter à sa majesté. fa

X XIII.
Le duc d'Alen-

Cette même année le jour de la fête du Saint-SaSon eft arrêté. crement, le comte de Dunois arrêta à Loches par or

dre

dre du roi, le comte d'Alençon pair de France cou

fon.

Jean Chartier,

VII.

fin germain dudit roi. Le prifonnier fut conduit à AN. 1456. Melun où le connétable alla l'interroger: on l'accu- & mis en prifoit d'avoir invité les Anglois à revenir en France, & d'avoir même fait un traité avec le roi d'Angle-bist. de Charles terre, par lequel il lui promettoit de lui donner en- v. p. 287. trée en Normandie par les places qu'il tenoit fur la mer. Le comte ne voulut point répondre au connétable, & demanda à paroître devant le roi de France. On l'amena en effet devant lui, & ils eurent enfemble une longue conference, d'où le comte ne fortit que pour être réconduit en prison: il y demeura deux ans, pendant lefquels on instruifit fon procès. Après ce tems Charles VII. le fit condamner par arrêt des ducs & pairs à avoir la tête tranchée. La peine de mort toutefois fut changée en une prifon perpetuelle dans le château de Loches.

XXIV.

la mort d'Hu

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La mort de Jean Huniade caufa quelques révolu- Révolutions en tions en Hongrie, & les inimitiez de fes deux fils Hongrie après contre Ulric comte de Cilley, oncle du jeune Ladif- niade.. Ca las roi de Hongrie, fe renouvellerent très-vivement. L'aîné des enfans d'Huniade, qui avoit l'affection des peuples, entreprit de se défaire d'Ulric. Celui-ci étoit allé à Belgrade avec Ladiflas fon neveu, bien réfolu de fe rendre maître du gouvernement, puifa ma qu'Huniade fon plus grand ennemi étoit mort; mais il en falloit chaffer les deux fils d'Huniade, qui étoient demeurez dans cette ville avec une forte garnison. Ulric qui les regardoit comme un grand obftacle à fes deffeins, eut recours à la calomnie, & chercha à les décrier dans l'efprit du roi Ladiflas. Les Hongrois indignez d'une conduite fi honteufe, conTome XXIII. C

En. Sylvius. ep. 253. & hift.

Bohem. cap. 66.

jeg.

& feq.

XXV.

comte de Cilley..

jurerent contre fon calomniateur fans être arrêtez par AN. 1457. la qualité d'oncle de leur prince. Le jour de S. MarThuros cap. 58. tin onzième de Novembre, Ulric étant avec le roi dans l'églife, ils l'appellerent dans un lieu écarté, & après quelques paroles fâcheufes entre lui & le fils Mort d'Ultic aîné d'Huniade, ils le tuerent à coups d'épée. Le roi de Hongrie fut fort irrité de cette attentât commis en fa préfence; mais la crainte de quelque fédition lui fit diffimuler fa colere, & l'obligea même de promettre aux meurtriers de leur pardonner, & de leur accorder fa bienveillance: mais fa promeffe ne fut pas fincere, & il cherchoit fecretement quelque occafion favorable dans laquelle il pût les punir avec fûreté.

& feq.

9. Sec.. 3.

XXVI.

Elle se présenta bien-tôt après. Le roi étant à Bude dans le milieu du Carême de 1457. fit arrêter Ladiflas meurtrier d'Ulric, fon frere Matthias, & quelEn. Sylvius, ques autres dans le palais; & trois jours après il fit Babem. cap. 66. condamner le premier à perdre la tête publiquement Bonfin. lib.8.& fur un échaffaut. Ce jeune seigneur qui n'avoit tout au plus que vingt-quatre ans, alla au fupplice avec une contenance hardie, & vêtu d'un habit de drap On tranche la d'or dont le roi lui avoit fait présent. Etant arrivé au lieu de l'éxecution, il jetta la vûë de tous côtez fur le peuple, retrouffa fes cheveux qui étoient fort longs, & après avoir parlé en peu de mots pour fa justification, il se mit à genoux avec beaucoup de fe fermeté, fans faire paroître la moindre émotion, & préfenta fon col au boureau, qui faifi de peur, ou par un fentiment de compaffion de voir expirer fur un échaffaut un jeune feigneur fi bien fait, lui donna jusqu'à trois coups, fans l'avoir blessé à mort.

tête au fils aîné d'Huniade.

Bonfin. ibid.

Les historiens rapportent qu'après le dernier coup il fe leva avec beaucoup de courage, prit Dieu & la ju- AN. 1457• ftice à témoin de fon innocence, & dit tout haut qu'il ne devoit plus être frappé, que le quatriéme coup étoit défendu par la loi, & que Dieu avoit permis ce miracle pour marquer à tout le monde qu'il n'étoit point coupable. Mais quelques feigneurs préfens à ce fpectacle avec le roi, firent de grands reproches au boureau, & lui commanderent d'achever le criminel, & de lui couper la tête, qui ne tomba qu'au cinquième coup. Son corps qu'on couvrit auflì-tôt d'un drap noir, fut porté à l'église de la Magdelaine, & de là au lieu où les traîtres au roi avoient coûtume d'être inhumez. Mais fon oncle le fit ôter de cet endroit après la mort du roi, pour être enterré honorablement dans Albe en Tranfylvanie, & mis au tombeau de fes ancêtres. Matthias fon frere fut épargné à cause de fon bas âge, & envoié prifonnier à Prague, où il fut confié à la garde de Pogebrac gouverneur de Bohême. On lit toutefois dans Sponde que le roi de Hongrie l'amena avec lui à Vienne en Autriche, & le fit ferrer très-étroitement.

Le pape Callixte reçut dans le même tems des lettres de Hongrie, qui lui aprenoient que Mahomet II. avoit fait alliance avec le foldan d'Egypte, le caraman de Cilicie & les Tartares; qu'ils affembloient tous une nombreuse armée pour venir une feconde fois affiéger Belgrade, bien réfolus de ne point fe défifter de leur entreprise, qu'ils n'euffent pris la place; dût-on leur enlever pendant le tems qu'ils en feroient le fiége, la plus grande partie des états qu'ils poffedoient en Afie. Sur ces nouvelles

XXVII.

Matthias autre eft mis en priSpond. contine annal. hoe ane

fils d'Huniade

fon.

1457. n. I.

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