Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1457.

XXVIII.

fecours aux

Hongrois.

epift. 263. 266. 278. 182.

Æneas Sylvius écrivit à Alphonfe pour l'exhorter à fecourir les Hongrois; mais c'étoit parler à un fourd Le roi d'Arra- qui n'étoit occupé que de la chaffe où il avoit penfé gon refufe du périr depuis peu en pourfuivant un fanglier. Il lui étoit toutefois facile d'accorder le fecours qu'on lui demandoit, aïant une flotte toute équipée de plus Eneas Sylvius, de trente galeres, & de fept grands navires, avec beaucoup d'autres petits bâtimens. Il publioit qu'il partoit avec cette flotte pour la Catalogne, afin d'en revenir plus fort, & agir enfuite plus efficacement contre les Turcs. Mais les Genois, les Florentins, lės Siennois appréhendoient qu'il ne voulût agir contr'eux, & la crainte des premiers étoit bien fondée, puifque cette flotte s'empara d'abord d'un navire de Genes richement chargé, qui venoit de Chio. La république pour s'en venger, envoïa Jean-Philippe de Fiefque avec quatre vaiffeaux pour brûler ceux du roi d'Arragon dans le port de Naples ; mais ce deffein fut fans fuccès.

Τ

X XIX. Guerre entre

Genois,

L'armée navale d'Alphonfe aïant remis à la voile, Alphonfe & les prit fix navires Genois à la hauteur de Monte-Crecelli. Ces commencemens étoient les préludes d'une plus grande guerre. Les confederez, pour en prévenir les fuites, effaierent d'accommoder le prince: avec la république, mais ils n'y trouverent aucune difpofition, Alphonfe follicité par les bannis de Genes, réfolut d'affieger la capitale de cet état;& quelques propofitions que lui pût faire Perrin Fregofe qui en étoit alors Doge, il ne voulut écouter aucune voie d'accommodement, qu'auparavant Fregofe ne fe démît de l'autorité fouveraine, & ne la remît aux Adornes. Le Doge ne fe voiant pas en état

de réfifter, fit réfoudre la république à fe mettre fous la protection de Charles VII. roi de France, auquel elle remit le château & les autres places importantes. Ce qui caufa dans la fuite une guerre qui dura très-long-tems.

Le pape de fon côté ne négligeoit rien pour la défenfe de la religion contre les Turcs, quoiqu'il ne manquât pas d'affaires en Italie, aïant à s'oppofer aux vexations de Pifcinin & de quelques autres; il ne laiffa pas d'envoier en Orient au cardinal d'Aquilée de l'argent & deux galerés, pour se joindre aux feize autres que ce cardinal y avoit déja conduites. Il invita tous les princes Chrétiens, & principalement ceux d'Efpagne à fe croifer contre les infideles. Les rois de Caftille & de Portugal firent publier la croifade dans leurs états. Alphonfe roi d'Arragon, pour montrer à tout le monde qu'il s'y disposoit, emploia l'or qui lui venoit de la Guinée nouvellement découverte par fon oncle D. Henrique, à frapper des pieces de monnoye qu'il fit nommer Loz cruzados, comme qui diroit les croifez. Mais voïant dans la fuite que le roi de Caftille & les autres princes Chrétiens ne fe difpofoient pas beaucoup à fatisfaire le pape, il fuivit leur exemple, y étant affez naturellement porté, & tourna fes armes contre les Maures d'Afrique.

AN. 1457.

XXX. Zele du pape

engager les guerre contre

princes à la

les Turcs:

XXXI,

[ocr errors]

plaintes des Al

En. Sylvius

Pendant que le fouverain pontife s'emploïoit avec Juftification du tant de zele, & toutefois fi peu efficacement à arrê- pape fur les ter les progrez des Turcs; les Allemands continuoient femands. à fe plaindre avec beaucoup d'amertume. 1.Qu'il les epift. 371. opprimoit en exigeant beaucoup plus d'argent qu'il ne devoit, fous pretexte de pourvoir aux frais de la.

guerre fainte. 2. Que le concordat étoit violé dans AN. 1457. Les élections des évêques & des abbez, & dans les réferves des bénéfices. Le pape chargea Æneas Sylvius

XXXII.

de répondre à l'empereur fur ces plaintes, ce qu'il fit. Sa lettre eft du trente-uniéme Août.

Sur le premier article il dit, que le fouverain ponEneas Sylvius tife n'a rien exigé ni demandé en fon nom, que les plaintes des Al- annates font dues d'un droit fort ancien, qu'il étoit

répond aux

lemands.

vrai que le pape n'avoit pas refufé l'argent qui lui avoit été donné pour les frais de la guerre contre les Turcs, mais qu'il ne l'avoit point mis dans fes coffres, qu'il ne l'avoit pas emploïé à ses plaifirs, que l'ufage qu'il en avoit fait, étoit pour la défense de la foi contre ceux qui la vouloient ruiner: ce qui demandoit des dépenfes exceffives, foit pour fournir à Scanderberg les fecours néceffaires, foit pour l'entretien des nonces & des légats en differens païs, foit pour aider les Grecs & ceux d'Afie à fe défendre contre les invasions de Mahomet; enfin il reprefente que cette dépenfe n'a point été inutile; que le faint pere peut fe glorifier en Jesus-Chrift d'avoir beaucoup affoibli la puiffance du Turc, malgré la lâcheté de prefque tous les princes Chrétiens, & rendu fes efforts inutiles dans la Hongrie, lorsque la religion Chrétienne étoit menacée d'une ruine entiere; que fans les vaiffeaux qu'il avoit envoïez à Rhodes, à Cypre, à Mitylene & dans d'autres ifles, les Chrétiens n'auroient pû refifter aux infideles; & ce qui eft à remarquer, que fon légat par fa bonne conduite, & par la force de fes armes, les avoit non-feulement défendues, mais encore avoit converti un grand nombre d'habitans qui faifoient auparavant

epift. 371.

pofeffion du Mahometifme; que l'Albanie eût été AN. 1457. perdue fans l'argent qu'on avoit envoïé à Scanderberg. Voilà, dit Enée, l'ufage que le pape a fait de En. Sylvius, ces grandes fommes qui font le fujet des plaintes des s. Antonin. tit. Allemands. Convenoit-il, de laiffer le Turc foulerne. aux pieds le nom Chrétien ; & le faint pere n'y pou- Bofius, tom. 2 vant fuffire feul, tous les autres n'étoient-ils pas lib. 7. obligez d'y contribuer & de fournir à la défense de

de la caufe commune ?

le

22. cap. 14. in

Quant au fecond chef de plaintes, que pape violoit le concordat dans les élections des évêques, Enée répond aux Allemands; que le fouverain pontife n'étoit pas obligé par ce concordat de confirmer toutes fortes d'élections, mais celles-là feules qui avoient été faites canoniquement; qu'il n'en avoit refufé aucune qui fût canonique; & que s'il y avoit eu quelques évêques de recufez, c'étoit, ou parce qu'ils n'avoient pas été élûs dans les formes, ou parce qu'ils n'étoient pas des fujets qui convinffent aux églifes aufquelles on les avoit nommez. Que pour ce qui regarde les réserves & les provisions des autres benefices, le pape ne fçait pas qu'il s'y foit rien paffé contre le concordat; que quoique son autorité fût très-libre, toutefois à caufe de fon amour pour la paix, de l'amitié qu'il porte à l'empereur & à la nation Allemande, il ne fouffriroit jamais qu'on violât aucun article du concordat; que quand même il il y auroit quelque chofe à reprendre en la maniere dont s'étoit conduit le faint fiege, il ne convenoit ni aux évêques, ni à toute autre perfonne de vouloir ufer d'autorité préferablement au chef de l'églife, ou de mépriser ses ordres à la destruction de

AN. 1457.

XXXIII. Ecrits d'Encas

Sylvius pour la

défense des

Liége.

la hierarchie ecclesiastique, à la confusion du corps mystique de Jesus-Christ, & à la perte des ames ; qu'il falloit plûtôt avoir recours au faint fiége, lui expofer fes griefs, le prier d'appliquer le remede au mal, s'il y en avoit, & que l'églife Romaine n'auroit pas manqué de déferer aux defirs de fes enfans pour ce qui regarde leur falut.

L'on trouve plufieurs lettres du même pape & d'Æneas Sylvius à differentes perfonnes fur le même droits du faint fujet ; & particulierement de ce dernier à Martin Meyer jurifconfulte & chancelier de l'archevêque de Maience. Ces lettres rapportant en termes exprès les conditions du concordat, font voir qu'on accufoit fans raison le pape de l'avoir violé: ce qu'Enée expofe encore plus amplement dans un traité qu'il adreffa l'année suivante au même Meyer, touchant les mœurs de la nation Allemande, & l'autorité du faint fiége, de fes bienfaits envers les princes tant ecclefiaftiques que feculiers, & de fa puiffance. Il câche d'y réfuter les objections que les Allemands tiroient des conciles de Conftance & de Bafle. Il y parle d'une pragmatique - fanction établie par quelques princes prélats d'Allemagne contre l'intention de l'empereur, à ce qu'il dit, afin d'abaisser l'autorité Reproches qu'il du faint fiége. Il reproche à la nation d'avoir refolu fait aux Alle de ne point porter d'argent à Rome, d'en exclure les appellations, d'avoir décidé qu'il falloit renvoier les élections des prélats aux métropolitains, de réserver les collations des bénéfices aux ordinaires, & de défendre l'éxaction des annates, Il s'applique à montrer que c'est une ingratitude énorme de la fille envers la mere, ce qui cause beaucoup de dommage,

XXXIV.

mands.

non

« AnteriorContinuar »