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quelques-uns, d'un tailleur d'habits de Poitiers. Après AN. 1467. avoir affez bien faits fes études, il s'attacha à Jean Robert Gaguin. Juvenal des Urfins évêque de Poitiers, enfuite à Jean de Beauveau évêque d'Angers, qui le fit fon grandPapienf. com vicaire & chanoine de fa cathedrale. Cet Evêque enAubery, hift. Voié à Rome par Charles VII. y mena Baluë, & ce Monftrelet vol. fut alors que le cardinal de Pavie qui le voïoit tous les

Ludov. XI.

ment. lib. 7.

des cardin.

3.

jours, connut ce qu'il étoit dans les entretiens qu'il eut avec lui fur plufieurs affaires. A fon retour de Rome Jean de Melun favori de Louis XI. le presenta au roi, qui fe plaifant à élever des perfonnes d'une baffe naiffance, le fit d'abord fon aumônier, ensuite lui donna l'Abbaie du Bec en Normandie & d'autres. Ce prince lui confia auffi la charge d'intendant des finances, & le nomma à l'évêché d'Evreux qu'il quitta pour celui d'Angers après avoir fait dépofer Spond. contin. Jean de Beauveau qu'il accufa auprès du roi de plufieurs crimes d'état. Il fut fait cardinal dans la promotion des huit que fit Paul II. en 1464.

annal, ad ann. $467. n. 5.

C'étoit un homme dont le genie étoit fort femblable à celui de Louis XI. fon maître, artificieux, diffimulé, qui alloit toûjours à fes fins par des détours, la fourbe & la fupercherie ne lui coûtoient rien; Rome fur-tout éprouva ses artifices. Il inventoit des calomnies pour irriter le roi contre le pape, lorsqu'il avoit quelque chofe d'importance à demander à celui-là, & s'offroit fecretement au fouverain pontife pour travailler à fa réconciliation; de forte qu'on croioit qu'il fut le feul en France affectionné à l'églife Romaine. Comme il fçavoit que la pragmatique fanction n'étoit pas tout-à-fait abolie dans le roïaume, & que les parlemens & les univerfitez con

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fpiroient à la rétablir, dans la crainte que le roi & les ducs de Bretagne & de Bourgogne ne travaillasfen de concert pour cela, il ne penfa qu'à divifer ces trois princes.Il avoit tant d'inclination pour la guerre qu'il le trouvoit à la revûë des troupes, & païoit luimême les foldats qu'on avoit levez contre la ligue du bien public: ce qui fut caufe que dans une revûë que le roi fit au fauxbourg faint Antoine, Chaban-nes comte de Dammartin voiant ce cardinal faire l'office d'inspecteur,demanda au roi permiffion d'aller à Evreux faire l'examen des ecclefiaftiques de ce diocefe & leur donner les ordres. "Pourquoi? lui re- «partit Louis XI. Eh quoi ! fire, lui répondit Cha- “ bannes, eft-ce qu'il ne me convient pas autant " d'ordonner des Prêtres, qu'à l'évêque d'Evreux de " faire la revûë d'une armée ? "Cette plaifanterie fit rire le roi & la cour, mais elle ne diminua pas l'autorité du cardinal, qui dans la fuite ne devint pas moins fameux par fa chûte que par fon élevation.

66:

66.

Paul II. acheva dans cette année l'édifice du palais de faint Marc, & après avoir terminé quelques autres affaires, se voïant libre & dans le repos, il fit celebrer des jeux magnifiques. C'étoient des courses, où, fans avoir égard à l'âge ni à la religion, chacun y étoit admis. L'efpace depuis l'arc de Domitien dans le cours jufqu'au palais de faint Marc, fervoit de lice. On y vit courir indifferemment des enfans, des jeunes gens & des vieillards, des Chrétiens & des Juifs, montez fur des chevaux des ânes & des buffes; differens prix étoient propofez pour ceux qui arriveroient les premiers au but. Le cardinal de Pavie ne put fouffrir ce spectacle, il en reprit le pape en.

AN. 1465.

X.

Le pape aches

ve bâtiment

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le bâti

Platon. in

vita Paul. H.

lui reprefentant que ces jeux qui fentoient le paga-, AN. 1467. nifme, étoient tout-à-fait indignes d'un fouverain pontife, & qu'ils le deshonoroient.

XI. Commence

tut des Minimes

Paule.

Spond: annal.

n. 15.1482. n. z. 1500. n. 8.

chap 9.

des Saints au 2. Avril.

François né à Paule petite ville de Calabre, d'où ment de l'infti- il tira fon furnom, fonda cette année un nouvel par François de ordre. Il étoit né en 1418. de Jacques Martorille & de Vienne Fuscado fa femme. Son pere & fa mere aiant fait vœu de le confacrer à Dieu, le donnerent hoc anno 1473. aux religieux de faint François qui le reçurent dans leur monaftere de faint Marc, ville depuis épifcopale Comin liv. 6. de cette province. Il y paffa un an, après lequel Baillet, vies il fit quelques pelerinages, & se retira ensuite dans un licu folitaire proche la ville de Paule; mais cet endroit étant trop frequenté, il s'éloigna dans une folitude plus écartée, & s'alla cacher dans le coin d'un rocher fur le bord de la mer, où il trouva moïen de fe creufer une loge. Plufieurs perfonnes l'étant venu trouver, on fit d'abord au tour un hermitage de trois cellules, avec une chapelle. Mais le nombre de fes disciples s'étant augmenté, on bâtit dans ce lieu un monaftere qui fut le premier de cet ordre. On appella d'abord ces religieux les hermites de faint François.

XII.

Les Bohemiens

offrent la couronne de Bohe

me au roi de Po

logne.

Quand on eut appris en Boheme que le pape avoit excommunié Pogebrac, les catholiques qui compo-, foient la meilleure partie de ce roïaume, croïant n'être plus obligez à garder leur ferment de fidelité, députerent d'abord vers Cafimir roi de Pologne pour lui offrir leurs foumiffions comme celui qui aïant époufe la fœur de Ladiflas étoit par confequent en droit d'y prétendre, & devoit être préféré à tout autre. Pogebrac informé de cette démarche, envoia

dans

dans le même tems fes Ambassadeurs en Pologne pour
faire reffouvenir le roi de l'alliance qui étoit entre
eux, & de la parole qu'ils s'étoient donnée de ne
point fecourir leurs ennemis communs, à l'excep-
tion du pape. Cafimir lui répondit que s'il fouhai-
toit que cette alliance fubfiftât, il devoit auffi fatis-
faire à fes promeffes, & réparer ce qu'il avoit vio-
lé. Sur ces entrefaites les Ambaffadeurs des catholi-
ques Bohémiens arriverent, de même que les légats
du pape. Le roi de Pologne aprés plufieurs remises
les remercia de leurs offres, & leur fit entendre que,
quoique le roïaume lui appartînt à juste titre & à ses
enfans, il avoit des mefures à prendre pour se défaire
avec honneur d'un engagement qu'il avoit pris avec
le roi de Boheme. Il ajouta que cependant, puifqu'il
s'étoit attiré d'une maniere fi publique la haine du
faint fiege, il déclaroit hautement qu'il n'auroit à
l'avenir aucun commerce avec lui jufqu'à ce qu'il
fût reconcilié; mais qu'il falloit travailler à le remet-
tre dans le bon chemin & à lui inspirer plus de fou-
miffion au pape: au fond c'est qu'il craignoit d'en-
trer en guerre avec Pogebrac qui étoit foutenu par
quelques princes d'Allemagne. Il chargea enfuite
quelques perfonnes d'aller faire fçavoir fes inten-
tions à Pogebrac. Du nombre de ces envoiez étoit
Jean Dlugloff chanoine de Cracovie, hiftorien de
Pologne & précepteur des enfans de Cafimir. Poge-
brac leur répondit qu'il n'avoit rien fait contre le
pape, qu'il avoit reçu le concordat fait avec fon
prédeceffeur & le concile de Bafle ; que fi par hazard
ily avoit quelque chofe à réformer dans fa conduite,
il ne manqueroit pas de le faire, & qu'il prenoit
Tom, XXIII.
Mm

AN. 1467.

AN. 1467.

gne

Sur le refus

grie.

le pape of

Bonfin. 4 dec.

1. Thuros. cap.

I.

Cafimir pour arbitre. Cependant les catholiques ne voulurent point le reconnoitre fans l'avis du pape qui les avoit porté à fe foulever contre leur roi & à fe fouftraire de fon obéiffance. Il y eut une tréve pour cinq mois.

que

XIII. Le pape avoit réfolu en cas que Cafimir ne voulut du roi de Polo- point fe déclarer contre Pogebrac d'offrir fon roïaufre la Boheme me à Matthias roi de Hongrie. Ces offres réveilleau roi de Hon- rent l'ambition de ce prince qui crut y trouver un prétexte pour faire valoir fes prétentions avec bienfeance. Mais il y trouvoit de grands obstacles. D'un côté l'empereur ne jugeoit pas qu'il fut de fa politide fouffrir qu'une deuxième couronne rendît ce roi plus redoutable après des infractions affez confiderables qu'il avoit faites au dernier traité : d'un autre côté Mathias lui-même avoit à foutenir la guerre qu'il avoit declaré avec les Tranfilvains & les Moldaves qui s'étoient revoltez, & qu'il étoit allé attaquer jusques dans la Moldavie. Dans cet embarras il n'ofoit accepter les offres du pape. Il aima mieux pour lors continuer à attaquei fes ennemis. Mais il ne fortit pas de cette guerre avec honneur. Les Moldaves le furprirent de nuit dans Bavie ville épifcopale, & il fut bleffé d'une fleche dans l'épine du dos. Cependant il fe fauva, ayant été obligé de gagner les montagnes, guidé par un Capitaine Valaque.

66.

Michou, lib.

4. cap. 68.

28.

Cromer, lib.

XIV
L'empereur

convoque
diete à Nurem-

Le pape follicitoit auffi l'empereur Frederic de une faire la guerre à Pogebrac. Frederic qui aimoit la paix & qui n'avoit point d'argent, voulant pourtant fatisfaire le pape, au moins en apparence, convoWandal. 37• “qua une diette à Nuremberg, où l'on fit beaucoup de

berg.

Krantz 12.

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