Imágenes de páginas
PDF
EPUB

non-feulement au faint fiége, mais à toute la réli-
gion chrétienne, & ce qui ôte la plenitude de puis-
fance au fouverain pontife qu'on veut rendre pau-
vre & fans nulle autorité. Les Allemands ne manque-
rent pas de repliquer. On trouve une réponse d'un
certain Jacques de Wimphile pour la défenfe de la na-
tion. Jean évêque de Wirtzbourg fut un des plus
oppofez au pape, il contraignit même les nonces
fe fauver & à prendre la fuite, comme le souverain
pontife s'en plaignit en écrivant à Thierry archevê-
que de Maïence qui s'interreffoit beaucoup pour cet
évêque.

à

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Quelque zele qu'eût Æneas Sylvius à faire l'apologie du faint pere, on ne peut nier cependant qu'il ne fe gliffât de grands abus dans l'emploi de l'argent destiné à la guerre contre les Turcs. Le roi de Caftille en réserva la moitié dont il fe fervit dans la guerre contre ceux de Grenade, qu'il contraignit dans cette annéee à lui payer un Tribut à des conditions honteufes.Chriftiern roi deDannemark en fit autant, & leurra le nonce Marin, fous prétexte d'emploier les levées contre les fchifmatiques qui étoient aux confins de ses roïaumes. S. Antonin reproche auffi à S. Antonin. tit. la France d'avoir fait la même chofe dans le befoin où se trouvoit Charles VII. de continuer la guerre contre les Anglois: ce qui n'est pas vraisemblable, puifque ni Meyer qui n'étoit point du tout favorable à la nation Françoise, ni Æneas Sylvius lui-même qui ne lui vouloit pas beaucoup de bien à cause des affaires de Naples, n'ont rien dit de cette accufation. Tout ce qu'on trouve dans ce dernier auteur est, que le cardinal d'Avignon équipa vingt - quaTome XXIII.

22. cap. 18. §.1.

AN. 1457.

Comment. Pii

11. lib. 4 in

princip.

autre galeres de l'argent levé fur la France; mais que Jean fils de René roi de Sicile emploïa ces galeres contre Ferdinand roi de Naples. Un autre auteur ajoûte que ce cardinal voulant exiger en France les apud Meyer. lib. décimes pour la guerre fainte, fuivant l'ancienne valeur des bénefices, & non felon la taxe du tems, le roi ne le lui voulut jamais permettre.

Aut. anonym.

16.

XXXV.
Le pape tra-

grie.

epift. 282.

2390

Cependant on continuoit toûjours les levées de vaille à réconci- ces décimes; & parce qu'il étoit de la derniere imlier l'empereur portance, pour défendre la Hongrie contre les Turcs, d'appaider les anciennes querelles qui fembloient fe renouveller entre l'empereur Frederic & Ladiflas roi Eneas Sylvius, de Hongrie & de Bohême; le pape fe flattant qu'on pourroit aifément vaincre les Turcs, fi ces deux princes étoient unis & joignoient leurs armées, en Id. ep. 229.& écrivit exprès au cardinal de faint Ange fon légat en Allemagne, afin de s'unir avec Louis de Bavierre, & de l'engager à être le médiateur de cette réconciliation; & le chargea en même tems de donner de la part de fa fainteté la bénediction au mariage que le même Ladiflas devoit contracter à Prague avec Magdelaine fille de France, & pour lequel ce roi avoit déja envoié une célébre ambaffade en France, afin d'y aller prendre la princeffe fon épouse. Le roi Charles VII. reçut les ambassadeurs de Ladiflas à Tours, & leur fit des honneurs extraordinaires. Le jeune prince de fon côté, âgé feulement de dix-huit ans, & l'un des plus accomplis, qu'il y eut alors en Europe, partit, de Vienne & arriva à Prague pour y faire les préparatifs de fes nôces, qui toutefois ne furent pas accomplies.

XXXVI.

1

Le roi de Hon-- Il étoit fur le point de faire fon entrée dans cette

[ocr errors]

pour épouler

Eneas Sylu.

bift. Bohem. cap.

69.

Monftrilet vol. Bonfin, l. 3. deco

3.

8.

capitale, lorfque Rocquefane qui faifoit les fonctions AN. 1457 d'archevêque fans en avoir obtenu les bulles, vint au-devant de lui avec un grand nombre de Huffites grie va à Prague qui l'efcortoient, pour féliciter fa majefté fur fon Magdelaine de heureux retour dans fon roïaume. Ladiflas qui haïf France. foit les héretiques, reçut l'archevêque avec un air très-froid, & qui lui fit affez connoître qu'il lui étoit défagréable. Peut-être même que fans Pogebrac qui gouvernoit ce roïaume en fouverain, & avec lequel Ladislas avoit interêt de fe menager, ce jeune prince n'eût pas feulement regardé l'archevêque : au lieu qu'il reçut avec bonté & d'un air affable les prêtres catholiques, & qu'il ne put s'empêcher de dire en les voïant: Voici les miniftres du Dieu que je fers, je les reconnois pour être à lui. Roquefane témoin de cette réception avec ses Huffites, diffimuloit à peine le chagrin qu'il en concevoit, & il en auguroit dèslors qu'on ne feroit aimé du prince qu'autant qu'on feroit attaché à la religion orthodoxe, & à la créançe de fes ayeuls.

y

XXXVII.

Mort du jeune
Ladillas roi de
Boheme.
Bonfin. l. 3. dec.
En. Sylv. hift.
Bohem. cap. 69.

Hongrie & de

8.

70. 71.

C'étoit en effet le deffein de Ladiflas, & pour réüffir il prit avec le même légat les mefures & les plus prudentes & les plus chrétiennes qu'on avoit lieu d'attendre de leur fageffe & de leur religion. Mais la mort du jeune roi interrompit ces grands projets. Ce prince fut empoisonné & mourut fur la fin de Novembre, n'étant âgé que de dix-huit ans. On l'enterra dans le choeur de l'églife métropolitaine de Prague dans le tombeau de l'empereur Charles IV. fon bifayeul. Cette mort fut imputée aux rib. & cond. deux chefs de la faction des Huffites, ou à chacun en particulier à Rocquefane dans la vue d'affermir sa

Michou. l. 4.

cap. 67.

Æneas de mo

German.

AN. 1457.

fecte, à Pogebrac dans le deffein d'établir fa puiffance. Ils prévoïoient l'un & l'autre qu'ils ne pour roient en venir à bout pendant le regne d'un prince qui avoit toutes les qualitez néceffaires pour devenir un grand roi, & qui faifoit déja paroître des difpofitions fi peu favorables à leurs fentimens. Cette fâcheuse nouvelle arriva en France lorfque la princeffe fe difpofoit à partir pour la Bohême. Les ambaffadeurs confternez de même que toute la cour, prirent congé du roi de France, & pafferent par Paris, où ils furent reçus le huit Janvier de l'année suivante par les comtes d'Eu & d'Armagnac. Ils y affifterent à un fervice folemnel que le roi fit faire dans l'églife de Notre-Dame pour le prince défunt, & continuerent leur chemin. Les autres ambaffadeurs qu'on avoit envoiez en Allemagne pour difpofer l'empereur à recevoir les propofitions de paix, & pour concerter le projet d'une croifade avec le pape Callixte, furent obligez d'attendre de nouveaux ordres pour prendre d'autres mesures. Sponde qui croit que Ladiflas avoit ad hunc ann. emmené à Vienne Matthias fils d'Huniade, ajoûte que le même jour que le roi d'Hongrie mourut, ce même Matthias fut conduit de Vienne à Prague, & confié à la garde de Pogebrac gouverneur du roïaume de Boheme, qui le retint toujours en prifon jufqu'au tems de fon élection, qui arriva bien-tôt après.

Spond: contin.

1457. n. 10..

XXXVIII.

coufin du rcide Portugal.

Jean, coufin germain duroi de Portugal, & neMort de Jean, veu du cardinal Jacques, mourut auffi cette année. On prétend qu'il fut empoisonné par la nourrice d'Hélene reine de Chypre. Cette princeffe, après la mort de fon mari, avoit époufé Loüis fils du duc de Savoye. Quelques auteurs ont écrit que le pape avoit

deffein de marier avec elle Pierre de Borgia fon neveu, qui étoit gouverneur du patrimoine de faint AN. 1457. Pierre, emploi dont il s'acquita fort mal, & que dans le deffein de le voir un jour roi de Chypre, il avoit envoyé dans cette Ifle un religieux Augustin pour négocier cette alliance; en quoi il ne réuffit pas. L'ambition du faint pere pour l'avancement de fes parens, étoit fi peu convenable à fon âge & à fa dignité, qu'elle lui fit perdre l'eftime d'un chacun.

ne

XXXIX. Mort de Fran

cien doge de

La république de Venife fit auffi dans le même tems une perte confiderable dans la perfonne de Fran- çois Fofcaro ançois Fofcaro qui avoit été élû doge en 1423. après Venife. Thomas Mocenigo. Pendant fon gouvernement qui En. Sylvius, fut de trente-cinq ans, & qui lui fit beaucoup d'hon- Europ. cap. so neur, il battit plufieurs fois Philippe duc de Milan, prit fur lui les villes de Breffe & de Bergame, & fit beaucoup d'augmentation au domaine de la république, tant fur mer, que fur terre. Ce vénerable vieillard âgé de près de quatre-vingt dix ans, laiffoit pas de jouir d'une fanté affez forte pour gouverner l'état avec application. Cependant la république, par une ingratitude fans exemple, le dépofa fous pretexte que fon grand âge le rendoit inutile à la république. François ne put fupporter une vie privée, le chagrin le faifit, & il mourut peu de tems après plein d'indignation contre fa patrie. Son fils aîné fut auffi perfecuté: on l'accufa d'avoir tramé contre l'état, & il fut exilé; mais foit qu'on reconmût fon innocence, foit à force de follicitations, il fut bien-tôt rappellé. A peine fut-il de retour qu'on l'accufa de nouveau, il fut mis à la question; mais n'aïant rien avoué, on le bannit dans le Peloponnéfe..

« AnteriorContinuar »